Guillotine : instrument de supplice servant à trancher la tête des condamnés à mort.
Dès le XVIe s., pour opérer la décapitation des condamnés à mort, les Italiens se servaient d'une machine composée de deux poteaux plantés verticalement et joints par une traverse à leur partie supérieure. Une lourde hache suspendue à cette traverse, que l'on faisait tomber au moment du supplice, tranchait le cou du condamné posé sur un bloc de bois placé au-dessous. Cette machine s'appelait mannaja. Un appareil du même genre était utilisé en Écosse sous le nom de maiden. La guillotine ne date donc pas de la Révolution. On ne fit alors que perfectionner et généraliser une invention déjà vieille de deux siècles.
Le docteur Guillotin : En 1789, lorsque la Constituante s'occupait de refondre notre législation pénale, un des représentants, le docteur Joseph Guillotin, proposa (28 novembre) d'appliquer la peine de mort suivant un mode uniforme, quelle que fût la condition des condamnés, et il indiqua la décapitation comme le procédé à la fois le plus sûr, le plus rapide et le moins barbare . Le principe fut adopté, mais on ne songea à son application qu'en 1791, et c'est à la Législative qu'appartint cette tâche. Chargée par cette assemblée de donner son avis sur le meilleur mode de décollation, l'Académie de médecine présenta, le 7 mars 1792, un rapport signé de son secrétaire perpétuel, le docteur Louis, dans lequel elle proposait l'emploi de la mannaja italienne modifiée. Le 20 décembre suivant, un décret sanctionna les conclusions de ce rapport.
La première exécution fut, à Paris, le 25 avril 1792, celle d'un voleur de grand chemin, et le 21 août suivant la guillotine servit, pour la première fois en matière politique, lors du supplice de Collenot d'Angremont, l'un des condamnés à mort de la journée du 10 août . Le nombre total des personnes exécutées, à Paris, du 21 août 1792 au 28 juillet 1794 (10 thermidor, an II) a été de 2625. La machine fut d'abord appelée Louison ou Petite Louisette, du nom du secrétaire de l'Académie de médecine, mais elle reçut presque aussitôt d'un des journaux du temps, la dénomination de guillotine, qui lui est restée (l'argot populaire l'a surnommée la Veuve).
La guillotine se compose essentiellement de deux montants verticaux munis d'une rainure dans laquelle glisse le couperet. Ces deux montants sont encastrés dans un bâti horizontal en forme de croix. Le corps du condamné est amené sous le couteau à l'aide d'une planche basculante, et son cou est maintenu en bonne position dans l'évidement circulaire (lunette) de deux planches verticales dont la supérieure se rabat sur lui au dernier moment. Un déclic provoque alors la chute du couperet.
L'abolition de la peine de mort, le 18 septembre 1981, rendit l'objet monstrueux, inutile et choquant. Dès la promulgation de la loi, le Garde des Sceaux ordonna l'enlèvement des deux machines existant en France, l'une à Fresnes, l'autre à Vernon. On aurait souhaité la détruire, mais personne ne voulait de cette machine terrifiante si lourdement chargée d'histoire. Mais qu'en faire? Aucun musée ne voulut l'accepter, le personnel menaça même de faire grève si on la faisait entrer dans les locaux. Finalement, les machines échouèrent dans un fort militaire désaffecté.