La Jeune Captive : Ode d'André Chénier (publication posthume, 1795).
La plus célèbre des odes d'André Chénier fut composée à la prison de Saint-Lazare pendant la Révolution française ; l'héroïne est une jeune femme, Aimée Franquetôt de Coigny. La légende en a fait une adolescente de dix-huit ans : elle avait en réalité vingt-cinq ans et venait de divorcer du duc de Fleury. Plus heureuse que le poète, qui mourra sur l'échafaud, elle réussit à échapper à toutes les charrettes en soudoyant ses gardiens et sortit de prison après le 9 Thermidor. Nullement découragée par l'échec de sa première expérience conjugale, Aimée se remaria avec un ancien compagnon de captivité, M. de Montrond, dont elle divorça également. Elle mourut en 1820.
Touché du triste sort d'Aimée, Chénier composa cette ode émouvante et pleine de retenue, dans laquelle le lancinant : « Je ne veux point mourir encore » sonne comme un sanglot plus que comme un cri. Poème délicat et sensible, la Jeune Captive évoque avec des accents mélancoliques proches du romantisme le désir de vivre pour aimer encore.