LA CULTURE ET LES LOISIRS DANS LA GRÈCE ANTIQUE

 

 

Xénophon raconte ainsi dans les Mémorables une soirée chez le politicien Callias , en - 421 :

 

« Quand on eut emporté les tables, fait les libations et chanté le péan , on fit entrer pour le divertissement un Syracusain suivi d'une excellente joueuse de flûte, d'une danseuse acrobate et d'un jeune garçon d'une beauté parfaite qui jouait de la cithare et dansait en perfection. Ce Syracusain en donnant leur adresse en spectacle y gagnait de l'argent. Lorsque la flûtiste et le garçon eurent joué, l'une de la flûte, l'autre de la cithare, on trouva qu'ils avaient tous deux fort bien amusé leur monde et Socrate dit :

- Par Zeus, Callias, tu nous traites magnifiquement. Après nous avoir servi un dîner irréprochable, tu nous donnes encore un spectacle et une musique délicieuse.

- Eh bien, dit Callias, on pourrait encore nous apporter des parfums, pour que nous nous régalions aussi de leur senteur.

- Pas du tout, répond Socrate.

Commence alors une discussion philosophique sur les parfums, l'éducation des femmes, l'enseignement du courage, la danse et l'usage du vin... »

 

 

PLAN DU COURS   :

 

I - La parole

II - L'écriture

III - Peinture et sculpture

IV - Le théâtre

V - Musique, chant et danse

VI - Les jeux

VII - Les activités sportives

VIII - Les Jeux olympiques

 

 

 

 

 

I - LA PAROLE

 

En Grèce, toutes les activités publiques sont dominées par la maîtrise de la parole. Aussi une importance particulière est-elle accordée aux techniques du langage pour faire de la politique ou pour réfléchir au monde.

1°) La force de l'expression orale

 

Les Grecs ont toujours été doués pour la parole, le logos  : leur goût de la discussion et de la chicane les pousse à utiliser toutes les ressources du langage.

 

La démocratie antique est particulièrement propice à l'épanouissement de l'éloquence, qu'el­le soit politique ou judiciaire. Les citoyens sont tout prêts à accorder leur confiance à un homme politique qui, par son discours, est capable d'imposer son point de vue . Aussi n'est-il pas étonnant de constater qu'en Grèce se soit développé un art spécifique de la parole, la rhétorique , dont les bases sont enseignées à l'école. La rhétorique est une technique complexe permet­tant de défendre n'importe quel point de vue, juste ou injuste . Aussi le rhéteur enseigne-t-il à ses élèves à construire un discours selon des règles précises, à présenter leurs arguments de façon convaincante, à utiliser des manuels contenant des développements passe-partout et des lieux com­muns. À son école, on apprend à développer n'importe quel sujet : un bon élève doit pouvoir faire aussi bien le panégyrique des soldats morts au champ d'honneur que l'éloge parodique d'une souris ou d'un oiseau... Savoir s'exprimer en public demande des aptitudes physiques et les auditeurs sont souvent plus sensibles à la façon de prononcer un discours qu'à son contenu.

 

Le plus grand orateur grec, Démosthène , possédait dans sa jeu­nesse une voix faible, une élocution embrouillée et une prononciation désa­gréable. Pour remédier à ces défauts rédhibitoires pour sa carrière d'homme politique, le jeune homme s'astreint à déclamer tout en courant, corrige sa diction en mettant des cailloux dans sa bouche avant de parler et s'exerce à prononcer des discours devant un miroir pour corriger ses attitudes .

 

À celui qui sait manier l'art oratoire, de nombreuses carrières s'offrent à lui. Outre celle de pédagogue ou d'orateur, il y a aussi celle de logographe , juriste professionnel qui compose des discours pour un client impliqué dans un procès.

 

Une controverse de philosophe

 

Platon ayant défini l'homme comme « un animal à deux pieds et sans plumes » et l'auditoire l'ayant approuvé, Diogène (le Cynique) apporta dans son école un coq déplumé et dit : « Voici l'homme selon Platon ! » Aussi Platon ajouta-t-il à sa définition cette précision « qui a des ongles plats et larges. »

 

Diogène Laërce (écrivain grec, IIIe s. ap. J.-C.), Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres .

 

2°) Des manières de philosopher

 

L'art de la parole et celui de la sagesse sont étroitement liés en Grèce : le mot grec logos (?????) signifiant à la fois « parole » et « raison » . Les sophistes fondent leur notoriété sur une maîtrise absolue du langage qui leur permet d'engager une réflexion sur le raisonnement et les fondements de la mo­rale. Ils donnent de brillantes conférences au cours desquelles on peut les interroger sur les sujets les plus divers et dispen­sent aussi leur savoir dans des cours particuliers qui se payent fort cher...

 

Présentés comme des virtuoses du discours, on les dit indifférents à la justesse de la cause qu'ils défendent. Il y a pourtant parmi eux des hommes de valeur, comme Protagoras , ami de Périclès, Gorgias ou Prodicos . Selon la coutume des sophistes, les plus grands philosophes grecs aiment dialoguer en public avec leurs disciples. Platon ren­contre ses élèves dans le jardin du riche Académos , d'où le nom d'Académie donné à son école . Aristote donne son enseignement sur la promenade du gymnase du Lycée , ce qui fait qu'on donne à ses élèves le surnom de « Péripatéticiens », c'est-à-dire les « Promeneurs » . Les fidèles de Zénon de Citium (ou Cition ) prennent le nom de « Stoïciens », car ils se réunis­sent auprès du Portique ou Stoa situé sur l'Agora . On a l'ha­bitude de voir, sur les places publiques ou aux carrefours, des philosophes prédicateurs ou des conférenciers qui engagent la conversation avec les passants et tentent de les convaincre de se rallier à leurs thèses. Les philosophes cyniques se font une spécialité de ce genre d'enseignement auquel ils donnent un ton volontairement polémique et provocant. Ils inventent à cet effet un genre littéraire populaire, la diatribê (en français diatribe ) , texte de propagande mêlé de satire agressive . Le plus célèbre d'entre eux, Diogène , vit ostensiblement dans le plus grand dénuement, pratiquant la mendicité et ayant pour demeure un « ton­neau » d'où il apostrophe les passants. Les Athéniens aiment beaucoup cet original provocateur et condamnent un jeune homme qui a brûlé le tonneau du philosophe à être fouetté en public.

 

SOCRATE

 

À Athènes, tout le monde connaît Socrate. Ce petit vieillard fort laid, vêtu d'un mauvais manteau et marchant pieds nus, passe ses journées à se prome­ner dans les rues. Avec humour et bien­veillance, il bavarde avec le premier venu, interroge ceux qu'il rencontre, mar­chands, artisans, intellectuels ou hommes politiques, sur leurs connaissances et leur science. Par un système de questions et de réponses, il essaie de cerner au plus près la vérité et de découvrir le sens de la Vertu, du Beau ou de l'Amour. Ce curieux philosophe, qui n'a laissé aucune œuvre écrite, est entouré des jeunes gens les plus brillants de la ville. Mais le talent qu'a Socrate de « faire accoucher les esprits » en vue de les amener à la connaissance du Bien, lui attire de nom­breux ennemis, en particulier chez les notables dont il dévoile sans en avoir l'air le néant intellectuel. Deux de ses disciples les plus brillants, Platon et Xénophon, consigneront l'enseignement de ce personnage exceptionnel qui paya de sa vie sa quête inlassable de la vérité.

 

 

 

II - L'ÉCRITURE

 

Si la parole conserve une place privilégiée dans la Grèce classique, une importance croissante est accordée à l'écrit : la démocratie peut-elle fonctionner si les citoyens ne peuvent accéder par en eux-mêmes aux décrets et aux lois ?

 

1°) La mise au point d'un alphabet

 

Pour écrire, les Grecs se servent dès le IXe siècle d'un alphabet qui dérive directement de l'écriture des Phéniciens dans lequel seules les consonnes sont notées . Les signes sont à peine modifiés mais les Grecs y ajoutent un élé­ment novateur, les voyelles . Pour ce faire, ils ne créent pas de nouvelles lettres, mais attribuent simplement une autre valeur phonétique aux consonnes dont ils n'ont pas l'usage : ainsi, tout en conservant sa forme d'origine, la lettre phé­nicienne aleph devient la voyelle grecque alpha. Cette adaptation s'est faite progressivement, et au VIe siècle avant notre ère, l'écriture grecque n'est pas encore stabilisée : l'alphabet utilise alors 27 lettres . De même, la forme des lettres varie selon les cités. Le sens d'écriture met lui aussi du temps à se stabiliser : on a d'abord écrit de droite à gauche, comme le phénicien d'où il est issu , puis alternativement de gauche à droite puis de droite à gauche à chaque ligne, comme le bœuf qui va et vient d'un bout à l'autre du champ qu'on laboure : c'est le « boustrophédon » - de bous, « bœuf » et Strophein, « tourner »... Mais en - 403, Athènes décide que les textes des lois seront désormais toujours écrits de gauche à droite . Les autres cités grecques ne tardent pas à suivre l'exemple, et au IVe siècle avant notre ère, les diverses formes d'écriture sont unifiées autour d'un alphabet fixé à 24 lettres , d'alpha à omega . L'ensemble des lettres utilisées par les Grecs est alors appelé ta grammata. Le terme d' alphabetos naîtra plus tard de la combinaison du nom des deux premières lettres, alpha et bêta .

 

2°) À vos tablettes !

 

Pour écrire, on utilise différents supports. Le plus courant au Ve siècle avant notre ère est constitué d'une tablette de bois dur, du buis par exemple, dont l'une des faces est recouverte d'une fine couche de cire noircie. Ces tablettes peuvent être reliées ensemble par des anneaux, le plus souvent par deux . Maintenues sur les genoux, elles font office d'ardoise pour les écoliers mais aussi pour la correspondance ou bien encore pour la comptabilité. On y trace les lettres avec la pointe d'un stylet en os ou en métal, et si nécessaire on peut les effacer ensuite, en aplanis­sant la cire avec l'autre bout, plat, de son stylet . Un autre type de support apparaît au IVe siècle avant notre ère, le papyrus . Importé d'Égypte, il coûte cher et reste réservé à une élite . On se sert alors, pour écrire, d'un calame, roseau taillé en pointe qu'il faut tremper dans l'encre. Les feuilles de papy­rus peuvent être collées les unes à la suite des autres et enroulées autour d'un bâtonnet pour former un livre, un biblion - du nom de la cité phénicienne Byblos d'où provient le papyrus - qui peut faire trois à neuf mètres de longueur. Le texte, écrit en colonnes, comprend 30 à 35 lettres par lignes, numérotées de 50 en 50. Le nombre de lignes est indiqué à la fin du volume. Enfin, l'usage de tes­sons de poterie ou ostraca permet de prendre des notes rapidement. Mais on ne saurait oublier un dernier support, d'un usage courant pour toutes sortes d'ins­criptions, la pierre . Elle nécessite une préparation minutieuse : il faut savoir déterminer la taille des lettres, en fonction de celle de la surface et du nombre de mots à graver . Pour cela, on trace à la craie des lignes indi­quant la hauteur des caractères, avant de dessiner au charbon les lettres elles-mêmes. Le support ainsi préparé, le graveur peut enfin procéder à l'entaille à l'aide d'un burin en métal et d'un maillet.

 

3°) Les styles d'écriture

 

Il y a en Grèce plusieurs formes d'écriture. La graphie des lettres capitales a inspiré nombre de nos voyelles comme A, E, I, O ou consonnes comme B, H, K, M, N, P, T, X... C'est celle que l'on emploie pour les inscriptions sur la pierre. Les lettres ne sont pas liées entre elles, les mots sont écrits sans séparation. Mais il existe aussi une écriture en minuscules qui est employée aussi bien sur les tablettes de cire que sur le papyrus. Née de l'écriture en capitales, l'écriture cursive est plus étirée ; elle lie les caractères entre eux et en simplifie le tracé. Quelle que soit sa forme, l'art d'écrire est apprécié des Grecs qui le nomment kalligraphia (calligraphie) , de kallos, « beauté », et «  graphein  » , « écrire » .

 

 

4°) Le rôle de l'écrit

 

Les usages de l'écriture sont nombreux : les inscriptions gravées sur des stèles servent éventuellement à indiquer la propriété privée ; mais sur­tout à faire connaître à tous les citoyens les nouveaux décrets et les lois de la cité . À Athènes, on utilise les ostraca (pluriel d' ostrakon , coquille) pour écrire le nom de celui qui sera ostracisé . Grands négociants et modestes marchands utili­sent plutôt les tablettes de cire, en particulier pour la comptabilité ; l'établis­sement des contrats de prêt se fait, en revanche, de préférence sur papyrus . Enfin et surtout, l'écrit est un formidable outil de conservation et de trans­mission de la connaissance : il permet de fixer observations médicales et cal­culs mathématiques, réflexions philosophiques et événements historiques ; sans oublier bien sûr les œuvres littéraires, pièces de théâtre et poésie... Même si les bibliothèques sont encore très rares, le commerce des rouleaux de papyrus, autrement dit des livres, se multiplie à partir de la fin du Ve siècle avant notre ère. Toutefois, l'oral reste prépondérant. La lecture d'ailleurs ne se fait qu'à haute voix...

 

 

 

 

III - PEINTURE ET SCULPTURE

 

Amoureux de la beauté, les Grecs aiment être environnés d'œuvres d'art. Auxiliaires indispensables du culte rendu aux dieux et de la splendeur des villes, les artistes ont aussi créé des objets esthétiques destines à la vie courante.

 

1°) Un monde d'image

 

Les Grecs vivent dans un environnement où l'œuvre d'art est chose courante, car l'espace public et sacré regorge de statues, de sculptures et de panneaux peints. C'est un univers très coloré : tous les édifices sont enduits de peintures aux tons vifs, les statues sont rehaussées de couleurs éclatantes et de dorures . Les arts plastiques font appel au répertoire mythologique pour représenter dieux et héros dans leurs multiples aventures. Outre leur valeur esthétique, les représentations figurées ont aussi une fonction éducative et maintiennent vivaces les grands mythes : le badaud qui contemple les frontons d'un temple, la statue monumentale d'une divinité ou un petit panneau peint dans un sanctuaire, est généralement capable de reconnaître chaque épisode d'une légende . Les Grecs aiment aussi orner les objets les plus usuels d'épisodes mythologiques ou de scènes de la vie de tous les jours. La terre cuite décorée est le matériau préféré pour la confection des récipients destinés à contenir grains, liquides, aliments. Céramistes et bronziers fabriquent dans leurs ateliers toutes sortes de petits objets servant à décorer l'intérieur des maisons .

 

2°) L'atelier du peintre

 

Qu'il travaille sur pierre, sur bois ou sur toile, le peintre est un artisan essentiel de la cité grecque, sollicité par les autorités politiques et religieuses ou par la clientèle privée. Selon sa notoriété, il travaille seul ou dirige un atelier dans lequel il initie à son art quelques élèves .

 

Les peintres grecs uti­lisent quatre couleurs d'origine minérale ou végétale, le blanc, le jaune, le rouge et le noir, que les garçons d'atelier broient et mélangent pour obtenir une gamme de teintes variées . L'artiste trace d'abord sur son support une esquisse au crayon, puis peint la scène avec des pinceaux de différentes grosseurs, soit en poils très fins, soit en crin. La fragilité des peintures ne leur ayant pas permis de traverser les siècles, ce n'est que par les vases de terre cuite retrouvés en très grande quantité que l'on peut juger de la maîtrise des peintres grecs . À Athènes, les artisans potiers travaillent dans un faubourg qui, à cause de leur activité, a pris le nom de Céramique .

 

Jusqu'au Ve siècle avant notre ère, les artistes peignent en noir les figures sur le fond rouge du vase. Puis une nouvelle technique s'impose : après avoir enduit la pièce d'un noir éclatant et réservé les figures dans le rouge du support, le peintre trace finement des traits noirs pour dessiner les détails . Véritables œuvres d'art, ces vases sont souvent signés par les potiers plutôt que par les peintres, car les potiers dirigent pour la plupart les ateliers de fabrication. Ainsi sur une coupe au décor minimaliste, on peut lire l'inscription «  Hermogenes epoiesen eme  » (« Hermogénès m'a fait »).

 

 

3°) À la recherche de la perfection

 

Chaque génération des grands peintres grecs a travaillé à améliorer les techniques de ses prédécesseurs, l'un s'attachant à rendre l'expression du visage, l'autre à étudier les proportions pour tracer les contours d'un corps en mouvement, un autre encore à rendre la perspective d'un paysage. Ils choisissent leurs modèles parmi les plus beaux jeunes gens de leur cité. Ainsi, pour représenter la belle Hélène, Apollodore passe en revue toutes les jeunes filles d'Agrigente, en choisit cinq et reproduit sur sa toile ce qu'il y a de plus admirable dans chacune d'elles . Le peintre Apelle a coutume, lorsqu'il a terminé une œuvre, de l'exposer sur un balcon et, caché derrière une tentu­re, d'écouter les commentaires des passants. Un jour, un cordonnier remar­quant que le peintre a oublié une attache dans sa représentation d'une san­dale, il s'empresse de corriger sa toile. Mais le lendemain, lorsque le même cordonnier émet des critiques sur le dessin de la jambe, Apelle sort de sa cachette et chasse le critique improvisé en criant qu'un cordonnier n'a rien à juger au-dessus de la sandale... Une des préoccupations essentielles des peintres grecs est de reproduire leur modèle de façon si précise qu'on ne puisse distinguer la peinture de la réalité : on raconte que le peintre Zeuxis expose des raisins si bien imités que des oiseaux viennent voleter autour du tableau pour picorer les fruits.

On dit encore qu'un jour, son rival Parrhasios lui ayant présenté un simple rideau peint, Zeuxis lui demanda de tirer ce rideau pour voir la peinture qui se trouvait derrière. Lorsqu'il réalisa son erreur, il reconnut sa défaite : si lui-même avait pu tromper des oiseaux, Parrhasios l'avait abusé, lui...

 

 

4°) Les sculpteurs

 

Les sculpteurs grecs maîtrisent toutes sortes de matériaux, pierre, marbre, bronze, ivoire. Leurs œuvres sont destinées aux temples et aux édi­fices publics, car la production artistique monumentale est essentiellement liée à la reli­gion et à la cité . Ainsi, Phidias se voit chargé de réaliser une immense statue pour le temple de Zeus à Olympie . Pour juger de ce que don­nera la statue dans le temple, le sculpteur fait construire un atelier à la dimension exacte de la salle centrale du sanctuaire et orienté de façon identique. À l'aide d'échafaudages, l'ar­tiste et ses aides montent l'ensemble de la sta­tue avant de la transporter pièce par pièce dans le temple. Mais de nombreux artisans travaillent aussi pour une clientèle privée. Les Grecs qui en ont les moyens aiment en effet orner leur demeure de reproductions de chefs-­d'œuvre .

 

 

IV - LE THÉÂTRE

 

À la fois célébration religieuse en honneur de Dionysos et divertissement accessible à tous, les représentations théâtrales sont en Grèce l'occasion de réunir tous les habitants d'une cité venus applaudir tragédies ou comédies.

 

 

 

 

1°) Un spectacle religieux

 

Le théâtre en Grèce constitue une des formes du culte public rendu par une cité à Dionysos. Il trouverait son origine dans le dithyrambe , un poème lyrique chanté par un chœur évoluant autour de l'autel du dieu. Les représentations théâtrales n'ont lieu en Grèce qu'au moment de grandes fêtes religieuses, les Grandes et Petites Dionysies et les Lénéennes . À Athènes, le théâtre de Dionysos, construit au début du Ve siècle avant notre ère sur les pentes de l'Acropole, est adjacent au temple de Dionysos Éleuthérien (libérateur) et, au centre de l'espace où évoluent les acteurs, se dresse l'autel du dieu. Cet édifice, d'abord en bois, puis en pierre, peut contenir plus de 20 000 spectateurs et il servira de modèle à tous les autres théâtres grecs. Puisque les représentations constituent un acte cultuel, elles sont présidées par le prêtre de Dionysos, et tous les habitants de la ville, hommes et femmes, à l'exception des esclaves, doivent témoigner de leur piété en étant présents dans le théâtre . Pour permettre aux plus pauvres des citoyens de payer leur place, l'État leur verse une indemnité spéciale de deux oboles, le théorikon . La manifestation est aussi l'occasion d'un concours entre les auteurs des pièces proposées . À l'issue des représentations, des arbitres désignent un vainqueur pour la tragédie et un pour la comédie. Généralement, les poètes couronnés consacrent à Dionysos le trépied qu'ils ont reçu comme prix.

 

Certains théâtres sont très grands, comme celui d'Épidaure, attribué à Polyclète. Il pouvait accueillir 14 000 personnes environ sur 55 gradins .

2°) Aller au théâtre

 

Pendant les fêtes de Dionysos, trois journées sont réservées aux représentations théâtrales dont les frais sont payés par un riche citoyen : le chorège . Chaque jour un auteur présente une trilogia , c'est-à­-dire un ensemble de trois tragédies sur un même thème , et un drame satyrique , sorte de tra­gédie burlesque dont le chœur est composé de satyres, compagnons de Dionysos. En fin d'après-midi, on joue une comédie . En prévision de la longueur du spectacle - qui dure toute la journée -, les spectateurs viennent avec leurs provisions et des coussins pour s'asseoir plus confortable­ment sur les gradins de pierre. Parfois l'organisateur du spectacle fait dis­tribuer au public des rafraîchissements. Chaque spectateur, à l'entrée du théâtre, reçoit un jeton de bronze ou de terre cuite, le symbolon, sur lequel est indiquée la place où il doit s'asseoir . Le public grec est loin d'être discipliné. Il y a beaucoup de cris, de sifflets, de disputes sur les gradins, et un service d'ordre, armé de grands bâtons, tente de maintenir l'ordre . Les gradins en demi-cercle séparés par des escaliers, entourent l'orchestre, un emplacement semi-circulaire où évoluent les acteurs et les chœurs. Il n'y a pas de rideau dans le théâtre grec, et la scène, en bois ou en pierre, représente toujours la façade d'un palais, percée de trois portes par où entrent et sortent les acteurs . Pour permettre aux spectateurs de reconnaître la fonction d'un personnage et son importance dans la pièce, un système de repères, aussi bien dans le décor que dans les costumes, donne des indications valables pour toutes les pièces. Chaque porte de la façade de la scène a une fonction bien précise : le personnage principal entre par la porte centrale, celui qui arrive de l'agora (la ville) passe par la porte de droite et celui qui vient de la campagne par celle de gauche . De petits décors mobiles permettent de donner des indications supplémentaires sur le lieu de l'action. Souvent, on utilise des machineries qui font descendre les dieux du ciel et d'autres, encore plus complexes, qui induisent de nombreux effets spéciaux. L'un des plus brillants concepteurs de ce genre de machinerie fut Héron d'Alexandrie , un ingénieur, mathématicien et mécanicien du 1 er siècle après J.-C.

 

 

3°) En scène  !

 

Les acteurs, qui sont exclusivement des hommes y compris pour les rôles féminins, doivent être visibles de tous les spectateurs, même de ceux installés au haut des gradins . Aussi sont-ils juchés sur des cothurnes , souliers à semelles compensées de 25 cm, que recouvre leur robe longue.

Un énorme masque, surmonté de l' onkos ou haute perruque, cache leur visage et sert de porte-voix mais aussi permet aux acteurs d'exprimer les différents types d'émotion de leur personnage .

Des bandes de couleurs différentes cousues sur les robes permettent de reconnaître quel personnage l'acteur interprète , roi, reine, serviteur ou fugitif. Les dieux portent leurs attributs distinctifs . Ces costumes fort lourds ne permettent pas de jeux de scène très complexes. Dans les comédies où l'action doit être plus rapide, les acteurs ne portent que des chaussures basses, les brodequins, et, pour faire rire le public, leur poitrine et leur ventre sont rembourrés de façon grotesque. Chaque pièce, tragédie ou comédie, présente une alternance de parties parlées et de parties chantées . Dans une tragédie, il y a trois personnages, dont le principal, le protagoniste , est presque toujours sur scène, mais aussi de nombreux figurants. Le koros ou chœur , composé de 15 choreutes pour la tragédie et de 24 pour la comédie, évolue autour de l'orchestre en chantant . Dans les comédies, les « choreutes », déguisés en grenouilles, guêpes ou oiseaux, provoquent les rires. Un élément propre à la comédie, la parabasis , est très apprécié des spectateurs : au milieu de la pièce, l'action interrompt et un des « choreutes » se retourne vers le public pour se livrer à une violente critique de l'actualité politique et des dirigeants de la ville . Cette liberté est tolérée par la démocratie athénienne.

 

 

V - MUSIQUE, CHANT ET DANSE

 

Selon Aristote, « la musique compte parmi les choses les plus agréables ». Elle occupe en effet une place essentielle dans la vie des Grecs, à côté bien évidemment du chant, de la poésie et de la danse.

 

1°) En avant la mousikê  !

 

Si les Grecs disposent d'une soixantaine d'instruments de musique, seuls quelques-uns sont particulièrement répandus . Parmi les instruments à cordes, le plus courant est sans doute la lyre, faite d'une carapace de tortue de montagne sur laquelle on tend une membrane en peau de bœuf .

Plus élaborée est la cithare , qui apparaît comme un instrument de profession­nel : sa caisse entièrement en bois est plus grande et elle compte sept ou huit cordes , faites de boyaux de brebis.

Chacune peut fournir deux notes. Pour frapper les cordes, on utilise un plectre d'os ou de métal, en forme de T ou de crochet. Le « citharode » joue debout, soutenant son instrument par une sangle de cuir ou de tissu. Généralement, il interprète de longs morceaux, découpés en plusieurs parties qui suivent un développement strict.

 

En matière d'instruments à vent, la syrinx, c'est-à-dire la flûte de Pan constituée de roseaux assemblés, est alors laissée aux bergers et aux chevriers ...

 

La flûte par excellence, c'est l' aulos. Elle est constituée de deux tuyaux droits d'environ 70 cm, percés d'une dizaine de trous . Par une embouchure un peu évasée munie d'une ou deux anches, le musicien souffle dans l'un ou dans l'autre tuyau. Si les amateurs se contentent de roseau, les profes­sionnels utilisent du bois, des os de cerf ou d'âne, de l'ivoire...

Un instrument de concert coûte particulièrement cher. Il existe aussi des modèles spécialisés tels l' embaterios aulos utilisé lors des marches militaires, ou le gingras au ton plaintif et nasillard, qui sert à accompagner les lamentations de deuil... mais aussi les festivités . À l'occasion de cérémonies religieuses, de compétitions sportives, ou bien lorsqu'il accompagne l'armée en marche, le joueur d' aulos peut utiliser une sorte de muselière de cuir, la phorbeia , pour pouvoir jouer longtemps sans fatiguer les muscles de son visage et mieux concentrer son souffle. Celle-ci couvre les lèvres et les joues et vient s'attacher derrière le crâne.

Pour marquer le rythme enfin, il existe plusieurs instruments à percussion. Ainsi, les krotala , constitués de deux pièces de coquillage, de bois ou de métal, sont utilisés à la manière de castagnettes.

Avec deux plateaux de cuivre, on forme les kumbala ou cymbales. On trouve encore des tambourins tendus de peau et agrémentés de petites pièces métalliques tout autour, ainsi que des crécelles en métal munies d'une poignée, les seistra ou sistres.

La musique est très importante aux yeux des Grecs qui, tous, l'apprennent à l'école. Quant à la danse, cet art est considéré comme l'un des plus élevés en raison de son origine divine.

 

 

2°) La danse

 

Tout comme la musique, les Grecs apprécient donc beaucoup la danse. Il en est de toutes sortes et pour toutes occasions, qu'il s'agisse de représentations théâtrales, de cérémonies religieuses, de fêter les moissons, les vendanges, les événements familiaux... ou d'animer un banquet. Certaines sont lentes, graves et mesurées comme l'emmelia , une danse sacrée retraçant les actions des dieux ; d'autres vives, légères et désordonnées comme la sikinnis , une danse parodique, ou bien la cordax , gesticulation burlesque qui se pratique dans les banquets... seulement lorsqu'on est ivre.

 

On trouve encore une infinité de danses religieuses, telle la « dionysiaque » dédiée à Bacchus, qui se pratique avec des thyrses , bâtons ornés de pampres et de feuilles de vigne,...

...ou la « kallinique  », célébrant la victoire d'Hercule sur Cerbère, le gardien des enfers...

 

Sparte est alors très réputée pour ses danses parmi lesquelles l' hormus , de style posé, et la bibasis , au contraire très acrobatique. Mais la danse sans doute la plus impressionnante est la « pyrrhique ». Inspirée, selon Platon, « des mouvements que l'on fait pour éviter tous les coups portés de près ou de loin », c'est une danse de groupe exécutée, sous les ordres d'un chorège, par de jeunes hommes nus, tenant un bouclier.

À Sparte, les enfants la dansent dès l'âge de sept ans ! Lors des jeux panathéniens, elle fait l'objet de compétitions entre cités. Les femmes aussi peuvent danser la « pyrrhique » ; celles d'Argos sont les plus réputées. Des variantes se pratiquent en Thrace comme la sitalkas , qui se danse une épée recourbée à la main et mime un combat jusqu'à la mort.

 

3°) Chanter et déclamer

 

La musique et la danse ne sauraient se passer du chant. Là encore, les manifestations officielles comme tous les moments importants de la vie sont l'occasion de chanter  : de l' humnos , ou hymne à la gloire des dieux, aux « chansons en zigzag », que l'on lance dans les banquets, du dithurambicos ou dithyrambe , en l'honneur de Dionysos aux « épinicies  » qui célèbrent les vainqueurs des Jeux, du péan en l'honneur d'Apollon au thrène , un chant funèbre...

 

Si le chant choral est particulièrement apprécié, il y a aussi différents styles de chant en solo, à la manière des aèdes antiques allant de place en place déclamer des récits héroïques au son d'une lyre. Car la poésie se déclame de préférence avec un accompagnement musical. Certains se font assister d'un joueur d' aulos , d'autres préfèrent gratter eux-mêmes la cithare pour soutenir leur voix. Mais il y a aussi des poètes qui se refusent à tout artifice, les rhapsodes . Ils peuvent se spécialiser dans un répertoire, comme Ion d'Éphèse qui se limite aux poèmes homériques, tandis que d'autres préféreront Hésiode ou Archiloque de Paros. Ce sont des « classiques » que tous connaissent alors. À côté de ces interprètes d'œuvres célèbres, on trouve encore de nombreux poètes auteurs d'éloges ou de parodies. Tous se retrouvent dans de nombreux concours organisés dans les théâtres des cités.

 

 

VI - LES JEUX

 

Enfants ou adultes, les Grecs aiment le jeu, balles ou dés, yo-yo ou jeu de l'oie... Ils aiment aussi à regarder toutes sortes de spectacles de jongleurs et de marionnettes. Mais ce qui déclenche l'enthousiasme des foules, ce sont les combats de coqs.

 

1°) Jouer sans contrainte

 

Pour les petits Grecs les jeux ne manquent pas : on conseille en effet de les laisser jouer sans contrainte jusqu'à l'âge de six ans. La crécelle , moulinet de bois qui sert à faire du bruit, qui aurait été inventée par un certain Archytas de Tarente (philosophe pythagoricien, mathématicien, astronome, homme politique et général grec) connaît un grand succès. Mais le jouet le plus apprécié des petits garçons est sans doute le chariot ou le cheval à roulettes que l'on traîne derrière soi . Les petites filles en revanche reçoivent des poupées dont certaines peuvent être articulées.

Lorsqu'on est un peu plus grand, les jeux se diversifient : il y a d'abord les balles qui permettent de jouer au mur ou au voleur ; mais aussi les cerceaux, la toupie ou bien encore le yo-yo constitué par deux disques reliés à une barre cylindrique, faits de bois ou de métal, que l'on manipule avec une ficelle attachée à un doigt. Tandis que certains préfèrent la marelle, d'autres font de la balançoire ou marchent avec des échasses . On joue encore à saute-mouton, et aussi à se monter sur le dos comme si l'on chevauchait un animal. Mais l'un des jeux les plus appréciés reste le lancer de noix : il s'agit de viser un trou creusé dans la terre ou l'ouverture d'un vase ou bien encore un triangle tracé sur le sol. Une ligne dont il faut se rapprocher au plus près sans la dépasser peut aussi faire l'affaire. Chez les adolescents, les jeux d'équilibre sont également à l'honneur. Ainsi, on voit des éphèbes s'amuser à tenir un vase sur le pied levé ou bien participer à l' ascoliasmos , un concours dans lequel il faut tenir debout sur une outre pleine de vin recouverte d'huile.

 

Fabriquer ses jouets

 

Dans les Nuées , pièce d' Aristophane , Strepsiade vante la vivacité d'esprit de son fils auprès de Socrate en détaillant ses jeux : « Il était encore tout mioche, pas plus haut que ça, qu'il modelait chez nous des maisons d'argile, sculptait des bateaux de bois, construisait de petits chariots de cuir et, avec l'écorce des grenades, faisait des grenouilles à merveille. »

 

2°) Coups de hasard

 

Si enfants et adolescents jouent aux osselets, les jeux de hasard sont particulièrement en faveur chez les adultes. La chance, ou la malchance, s'incarne dans les résultats imprévisibles du jeu « pair ou impair », ainsi que dans celui du « pile ou face ». Le pre­mier se joue le plus souvent avec des astragaloi , c'est-à-dire des osselets de mouton ou de chèvre , des fèves ou des pièces de monnaie en bronze  ; tandis que le second peut se disputer avec une coquille, noire d'un côté et blanche de l'autre .

Il existe également des jeux de dés ou cuboi , faits de petits cubes de terre cuite, dont les faces donnent à voir des lettres équivalentes à des chiffres, ou bien encore les noms des six premiers nombres.

Le plus commun de ces jeux se joue à l'aide de trois dés : le « coup d'Aphrodite », un triple « six », assure la victoire, tandis que le« coup du chien », un triple « un » fait irrémédiablement perdre ... Les Grecs s'adonnent également avec plaisir aux petteia , un terme qui désigne l'ensemble des jeux se jouant à l'aide d'un plateau et d'un nombre variable de pions .

Parmi ceux-ci, l'un des plus fameux est le pente grammai , ou jeu « des cinq lignes ». Il oppose deux joueurs qui avancent de petits cailloux sur une grille, au gré des résultats du lancer de dés.

On peut encore s'affronter autour d'un pla­teau circulaire, avec des pions et des dés, dans une sorte de « jeu de l'oie ».

3°) Un jeu de réflexion

 

Mais le plus prisé des petteia est sans doute celui qui est connu de longue date sous le nom de polis , et dont l'issue n'est cette fois-ci plus liée au hasard des dés, mais à la capacité de réflexion. Il se pratique à deux, sur un échiquier comportant généralement plusieurs rangées de cases, alternativement noires et blanches, sur lequel on déplace des pions, eux aussi de deux couleurs différentes. Le but est d'arriver à capturer ou à immobiliser toutes le pièces de son adversaire. Au commencement, chaque joueur dispose ses huit pièces, toutes identiques, dans les cases situées face à lui, puis les fait avancer selon des règles simples, mais qui permettent de déployer une infinité de stratégies : le principe de base consiste vraisemblablement à cerner le pion ennemi sur ses deux côtés, le long d'une ligne horizontale ou verticale.

 

4°) Les combats de coqs

 

Les Grecs aiment à s'entourer d'animaux familiers parmi lesquels le chien occupe une place de choix. Les enfants élèvent des canards, des cailles, des souris... et même des sauterelles. Mais on trouve aussi des belettes apprivoisées et des chats . Vraisemblablement importés d'Égypte, ils sont encore rares et donc chers. Si l'on aime exciter les chiens contre les chats maintenus en laisse, simplement pour le plaisir de les voir se mettre en arrêt l'un devant l'autre, les véritables combats d'animaux sont l'affaire des coqs dont certains sont spécialement élevés pour se battre.

Pour augmenter leur agressivité, on les nourrit d'ail et d'oignon. Afin que les combats soient plus spectaculaires... et plus meurtriers, on arme l'arrière de leurs pattes avec des ergots de bronze aiguisés. Cette pratique suscite un réel engouement : les Grecs amateurs de ces combats de coqs n'hésitent pas à parier, parfois très cher, sur leur favori.

 

 

VII - LES ACTIONS SPORTIVES

 

Pratiqué quotidiennement par tous ceux qui fréquentent palestres et gymnases, le sport occupe une place primordiale au sein de la culture grecque. Lutte, boxe, course, lancer de javelot ou encore saut en longueur, les disciplines offrent une grande variété de choix.

 

1°) La fureur de vaincre

 

Parmi les sports de combat, le plus populaire est sans conteste la lutte . On y distingue plusieurs styles, parmi lesquels l' orthèpalè, la lutte « droite » ou « correcte ». Elle se pratique debout et consiste à renverser son adversaire par des prises au torse, au cou, aux poignets jusqu'à lui faire toucher le sol avec les épaules . Toute prise aux jambes est interdite.

 

Le pugilat en revanche est une boxe libre qui se pratique avec les mains entourées de lanières de cuir . C'est un sport violent : les coups se portent de préférence au visage, qui n'est pas protégé, et il n'est pas rare que le sang coule.

De plus, le combat ne s'arrête que lorsque l'un des deux adversaires lève les mains en signe d'abandon.

Certains mettent du temps à admettre leur défaite : « Avec sa main gauche, Pollux frappa la bouche d'Amyclos et lui fit craquer les dents. Sous les coups redoublés, il lui abîma le visage jusqu'à ce que les joues fussent en lambeau. Amyclos s'écroula à terre […] et leva les mains, en signe d'abandon. Il était proche de la mort. » Combinaison de lutte et de boxe, le pancrace se pratique sur un sol pioché et arrosé d'eau, donc dans la boue ... Il tire son nom de pan , « tout » et kratos, « force », ce qui peut être compris comme « la force du tout »... ou bien « tout est permis en force ». De fait, presque tous les coups sont autorisés : il est uniquement interdit de crever les yeux ! Là encore, il faut lever la main lorsqu'on n'en peut plus. Un Spartiate ne pouvant s'avouer vaincu, boxe et pancrace sont interdits à Sparte...

 

2°) Des ailes aux talons

 

Les Grecs pratiquent aussi la course à pied, presque toujours nus. Ce sont pour l'essentiel des courses de vitesse sur trois distances : la plus courante ou stadion est d'une longueur de six cents pieds, soit environ 200 mètres . Elle correspond à la longueur du stade.

Les coureurs se rangent sur une ligne marquée par des cippes, petites colonnes tronquées. Le départ se fait debout. À l'extrémité, les coureurs doivent atteindre et dépasser une borne ou terma . Les deux autres distances qui peuvent être parcourues consistent en un double stade ou un quadruple stade . Il faut alors faire le tour de la borne et revenir à son point de départ. Il se fait aussi des courses de fond sur 12 ou 24 stades, soit 2.4 ou 4,8 km . Ces courses peuvent avoir lieu la nuit, en tenant un flambeau. Enfin, les guerriers pratiquent l' hoplitodromos ou course d'hoplite : près de 400 mètres avec casque et bouclier... Elle deviendra épreuve olympique à partir de -520. Cet entraînement général à la course donne des résultats : lors de la bataille de Marathon qui opposa les Grecs aux Perses vers -490, un messager, Phidippidès (ou Philippidès) aurait réussi à courir jusqu'à Athènes, soit à peu près 42 km, pour annoncer la victoire. Mais il mourut d'épuisement en arrivant...

 

Le plaisir de la balle

 

La pratique de la sphaira, comme l'on nomme alors une balle , permet de se divertir tout en contribuant à la santé du corps. Il existe plusieurs jeux collectifs, qui demandent tous adresse, véloci­té et endurance : le plus populaire est l' épiskyros , qui se déroule avec une balle sur un terrain divisé en deux et marqué de limites à chaque extrémité. C'est un jeu de passes et de lancers qui doit faire reculer l'adversaire au-delà de ses buts . Mais il y a aussi l' haspaston , qui n'est pas sans rappeler le rugby . C'est un jeu puissant, avec « charges et sauts de côté », où l'on s'affronte violemment avec un ballon, et il n'est pas rare qu'un joueur finisse à terre sans pouvoir se relever. Un troisième jeu se pratique à l'aide de bâtons recourbés à l'extrémi­té à la façon d'une crosse, qui servent à chasser une balle ; une manière de hockey sur gazon...

 

3°) Les dieux du stade

 

D'autres activités sont encore à l'hon­neur dans les palestres, comme le saut en longueur . Il se pratique avec élan et la règle exige que les pieds laissent leur marque sur le sol ameubli à l'arrivée du saut ; tout saut ne laissant pas une empreinte nette n'est pas pris en compte. Pour aller plus loin, les sauts d'entraînement se pratiquent avec des hal­tères.

 

Le lancer du javelot est une autre discipline, utile pour la guerre comme pour la chasse. Il s'agit ici d'atteindre un cercle tracé sur le sol au moyen d'un com­pas. On utilise pour cela une lance de bois d'environ un mètre soixante, sans pointe mais lestée à son extrémité. Un lacet de cuir se terminant par une boucle fait office de propul­seur : en y glissant l'index et le majeur de la main droite, le lanceur imprime au javelot un effet de rotation qui permet de doubler sa portée. Enfin, il ne faut pas oublier le lancer du disque : celui-ci est en bronze et son poids varie entre un et quatre kilos. Afin d'éviter qu'il ne soit glissant, il est enduit de sable avant le lancer. Le geste est beau, précis, technique fondé sur une torsion des hanches et une détente du corps appuyé sur le pied droit. C'est un sujet de prédilection pour les artistes car il met le corps en valeur. Pour mar­quer le point d'impact, il faut ensuite aller planter un bâtonnet.

 

 

VIII - LES JEUX OLYMPIQUES

 

À l'époque classique, les agôn , compétition et concours à caractère souvent sportif, attirent des foules immenses. Se déroulant toujours dans un contexte religieux, les plus célèbres sont les Jeux panhelléniques ; et parmi ceux-ci, les plus prestigieux sont naturellement ceux d'Olympie.

 

1°) Des jeux sacrés

 

Il existe deux sortes de Jeux dans lesquels les compétitions sportives occupent une place plus ou moins prédominante. Les uns sont réservés à une cité ou à une fédération ; les autres, appelés panhelléniques , sont de taille beaucoup plus importante car l'ensemble des cités est convié à y participer . Au Ve siècle avant notre ère, il y a quatre Jeux panhelléniques : les pythiques qui ont lieu à Delphes, les isthmiques , à Corinthe, les néméens , à Némée, et les olympiques ... à Olympie !

 

Exclues de ces Jeux, les femmes ont leurs propres compétitions, les jeux héréens , donnés en l'honneur d'Héra, femme de Zeus . Toutes ces manifestations sportives s'inscrivent dans le cadre de grandes fêtes religieuses, comprenant de somp­tueuses processions et des sacrifices. Entre les quatre, le site le plus célèbre est de loin le sanctuaire d'Olympie où des concours gymniques et athlétiques sont donnés en l'honneur de Zeus : « Comme durant le jour, il n'est d'étoi­le dans le ciel plus ardente et plus brillante que le soleil ; de même il n'y a pas de plus grande compétition que les Jeux olympiques... » Ces jeux se déroulent tous les quatre ans, « entre les moissons et les vendanges », c'est-à-dire l'été . La lourde responsabilité de leur organisation in­combe à une mission spéciale qui est chargée, huit mois à l'avance, des préparatifs et de la présidence des concours. Elle est constituée de dix magistrats, les hellanodices . Six mois avant la fête, ils envoient des ambassadeurs dans toutes les cités du monde grec afin d'annoncer l'événe­ment. Les Jeux olympiques sont en effet l'occasion d'une trêve sacrée durant laquelle tous les conflits doivent être suspendus . Bien que cette condition ne soit pas toujours respectée, une foule de spectateurs, ou plutôt de pèlerins, afflue vers Olympie. Ils s'installent dans une ville de tentes et de baraquements à proximité du sanctuaire.

 

L'entraînement des athlètes commence dans leur cité mais, le dernier mois, il s'effectue à Olympie même, sous la conduite des hellanodices, à la fois les organisateurs et les juges des jeux. Dès la fin du Ve siècle avant notre ère, les athlètes sont de véritables professionnels.

 

2°) Les épreuves

 

La célébration des Jeux olympiques dure sept jours. Le premier est consacré à des processions, des sacrifices et au serment des athlètes qui jurent de combattre dans les règles. Il est en particulier interdit de tuer son adversaire dans les combats au corps à corps ...

 

Le lendemain, à l'aube, commencent les épreuves sportives. Le stade a la forme d'un amphithéâtre capable d'accueillir des milliers de spectateurs . Le confort est toutefois relatif car il ne comporte pas de vrais gradins, si bien que les spectateurs doivent rester debout ou s'asseoir par terre. Les alystes , chargés du service d'ordre, veillent à ce que chacun trouve sa place, les ambassadeurs des diverses cités, ainsi que les personnalités importantes, bénéficiant de places réservées. En tant qu'arbitres des Jeux, les hellanodices siègent sur une tribune à part. Après qu'un héraut a appelé les athlètes, les épreuves commencent . Elles vont s'étaler sur plusieurs jours, alternant courses de char à quatre chevaux et courses de juments, avec différentes disciplines telles que course de vitesse et d'endurance, lutte, pugilat, pancrace et pentathlon , une succession de cinq épreuves comprenant saut en longueur, lancer du disque et du javelot, course à pied et lutte . Les combattants s'affrontent deux par deux après avoir été tirés au sort lors d'éliminatoires jusqu'à la finale . Vient le dernier jour des Jeux, qui est consacré à la remise des récompenses.

 

3°) Des Jeux ouverts aux citoyens riches

 

Si les esclaves et les femmes sont interdits de Jeux, tout citoyen peut présenter sa candida­ture, dès lors qu'il n'a commis aucun crime ou acte sacrilège . Mais dans la pratique, les athlètes sont en quelque sorte des professionnels qui passent leur temps à se préparer en vue de l'évé­nement, sous la conduite d'un entraîneur ; ses services sont hors de prix. C'est donc une acti­vité qui coûte cher et seuls les plus riches peuvent se permettre de participer aux jeux . Il y a néanmoins quelques exceptions car les jeux peuvent rapporter de l'argent, jusqu'à 3 000 drachmes pour un vainqueur de pancrace. Mais le but premier est d'ap­porter la gloire à son clan et à sa cité . Les participants sont souvent de véritables vedettes qui ont gagné à maintes reprises : ainsi le boxeur Diagoras de Rhodes, le pugiliste Glaukios de Carystos ou encore Astylos de Crotone, huit fois vainqueur à la course entre - 485 et - 476. À côté des adultes, les jeux sont aussi ouverts aux adolescents qui s'af­frontent dans des épreuves parallèles .

 

4°) Les récompenses

 

Les gagnants des épreuves sont réunis au grand temple de Zeus. La victoire étant considérée comme un don divin, celui qui remporte une épreuve à Olympie est donc aimé des dieux. Un héraut appelle leur nom, détaille leurs performances. Les hellanodices posent alors une couronne de feuilles d'olivier sur la tête de chacun d'eux . De retour dans leur cité, ils seront accueillis comme des héros : à partir du Ve siècle avant notre ère, ils reçoivent de grosses sommes d'argent, sont exemptés d'impôts et bénéficient d'une place à vie au théâtre ; ils sont également nourris aux frais de la cité... C'est la gloire ! Mais certains n'ont pas cette chance car il y a des tricheurs. Le premier cas de corruption attesté date de - 388 : un boxeur aurait acheté ses adversaires ! Refusant ensuite de les payer, il est dénoncé. Les juges condamnent alors tout le monde à une amende qui permet d'élever six statues de Zeus. Sur le socle de la première, tous les passants peuvent lire : « Ce n'est pas avec de l'argent mais avec des jambes rapides et un corps robuste qu'on remporte la victoire... »

 

 

 

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XÉNOPHON  : écrivain, philosophe et homme politique grec (Erkhia, Attique, v. 430 - v. 355 av. J.-C.). Il fut un des disciples de Socrate. Il dirigea la retraite des Dix Mille, dont il fit le récit dans l' Anabase . On lui doit des traités relatifs à Socrate ( les Mémorables ), des récits historiques ( les Helléniques ), des ouvrages d'économie domestique et de politique ( l'Économique, la Constitution des Lacédémoniens ), un roman historique ( la Cyropédie ).

Les Mémorables ou Souvenirs de Socrate  : Ouvrage de Xénophon. L'auteur met en scène Socrate dans une série de dialogues où il expose ses idées sur la piété, la tempérance, les devoirs de famille, l'amitié, les devoirs civiques, les arts, la dialectique.

CALLIAS  : homme politique athénien du Ve siècle né vers - 511 . Il naît dans une famille qui prétend descendre de Triptolème, prêtre des Mystères d'Éleusis et fondateur des Éleusinies. On lui attribue les négociations de la paix de Callias qui terminent (449) définitivement les guerres médiques après la victoire athénienne de Salamine de Chypre. Le roi de Perse, Artaxerxès 1 er , s'engage en effet à ne pas envoyer de troupes à plus de trois jours de marche de la mer Égée. Cette paix reconnaît de facto l'indépendance des villes d'Ionie et la prépondérance maritime d'Athènes. À son retour, il est accusé d'avoir été corrompu par le Grand Roi, et condamné à une amende de 50 talents. Callias est aussi le principal négociateur athénien, probablement sur les consignes de Périclès, de la paix de trente ans , conclue en 446 entre Sparte et Athènes. Cette paix permet à Athènes de maintenir son hégémonie aux prix d'importantes concessions (perte de l'Achaïe, de Mégare, et reconnaissance de l'hégémonie thébaine sur la Béotie ).

Libation  : Action de répandre du vin en l'honneur d'une divinité.

Péan  : Hymne guerrier en l'honneur d'Apollon.

Chicane  : Dispute sans raison valable, argutie, tracasserie, querelle de mauvaise foi, sur des détails : Chercher chicane à quelqu'un .

Panégyrique  : Discours à la louange d'un homme, d'un pays. Éloge fait de quelqu'un.

DÉMOSTHÈNE  : homme politique et orateur athénien (Athènes 384 - Ca laurie 322 av. J.-C.). À force d'étude et de ténacité, il réussit à surmonter sa difficulté d'élocution et à acquérir un remarquable talent oratoire qu'il emploie d'abord comme avocat puis, en politique, contre Philippe de Macédoine ( Olynthiennes , Philippiques ). De 340 à 338, Démosthène dirige la politique athénienne et obtient l'alliance de Thèbes, mais les Athéniens et les Thébains sont écrasés par Philippe à Chéronée (338). Exilé, Démosthène encourage la révolte des Grecs, après la mort d'Alexandre, mais s'empoisonne après leur défaite. Son œuvre d'orateur, riche d'une soixantaine de discours, demeure un modèle .

Sophiste  (grec sophistês ) : Rhéteur (professeur d'art oratoire) grec, contemporain de Socrate (Ve siècle avant J.-C.), qui vendait son enseignement philosophique (chose scandaleuse à l'époque), enseignement qui consistait à jouer sur les mots et à manipuler les raisonnements de telle sorte que la persuasion soit obtenue par l'effet charismatique de celui qui sait manier la parole et non par la mise en évidence de la vérité.

PROTAGORAS  : Philosophe grec (Abdère vers 486-vers 410 avant J.-C.). Sophiste, il fit de longs séjours à Athènes, ou il rencontra Périclès et Socrate, visita la Sicile et l'Italie méridionale. À Athènes, il fut accusé d'impiété et dut s'enfuir. Il périt dans un naufrage. Peu de fragments subsistent de son œuvre, sauf quelques affirmations selon lesquelles « toutes nos connaissances proviennent de nos sensations », « l'homme est la mesure de toute chose », qui donnent l'orientation de sa philosophie.

GORGIAS de Léontium (ou Léontinoï) est né en Sicile, il fut élève d'Empédocle avec qui il apprit la rhétorique. Sophiste, il enseignait l'art de persuader. On affirme qu'il vécut 108 ans ! Platon, dont les écrits forment le noyau autour duquel la philosophie et son histoire se sont cristallisées, a jeté un discrédit sur la pensée de Gorgias de telle sorte qu'aujourd'hui encore le qualificatif « sophiste » est une insulte. « On dit que Gorgias, ayant lu lui-même le dialogue qui porte son nom, a dit : « Comme Platon sait bien se moquer ! » » (Athénée, Les Deipnosophistes , XI, 505, D). À côté de la faiblesse de la vérité, Gorgias pose la force du langage, son pouvoir sur les esprits, par l'argumentation, et sur les émotions, par le rythme et les effets sonores. Ce pouvoir peut être bien ou mal utilisé, la technè rhêtorikè ne garantit ni n'élève la moralité de celui qui l'emploie, il s'agit d'un instrument neutre . En cela, Gorgias est le fondateur du pragmatisme rhétoricien, opposé à l'idéalisme philosophique à la manière de Platon (les leçons de Socrate conduisent ceux qui les écoutent à devenir meilleurs). Gorgias semble être l'un des premiers à développer l'idée que l'orateur peut aider les États à faire des choix politiques, parce que sa technè lui permet premièrement d'analyser la situation et deuxièmement de convaincre en vue de l'action.

PRODICOS de Céos est né à Ioulis, dans l'île grecque de Céos, vers 460 av J.-C. et mourut après 399 av J.-C. Il fut plusieurs fois ambassadeur à Athènes, et y donna des conférences qui lui valurent notoriété et richesse. Il fut un philosophe présocratique sophiste grec, mais aussi un sémanticien (spécialiste de sémantique  : étude du langage et des signes linguistiques (mots, expressions, phrases) du point de vue du sens ( du grec semantikos , « qui signifie » )). Prodicos s'attacha à définir le sens des mots et à distinguer des mots qui semblaient être synonymes, ce qui lui valut la considération de Socrate, qui semble l'épargner de son ironie à l'égard des Sophistes. Connu surtout comme professeur de morale et de style, sophiste, même s'il avait étudié la physique ; il enseigna notamment à Thucydide et Euripide. Prodicos passa aussi pour avoir enseigné à Socrate ; ses leçons valaient cher (de 2 oboles à 50 drachmes). L'on sait que Socrate, par exemple, paya 2 oboles.

ACADÉMOS : Dans la mythologie grecque, Académos est un héros athénien. Alors que les Dioscures assiègent la ville pour récupérer leur sœur Hélène, enlevée par Thésée, Académos leur révèle que le héros s'est réfugié à Aphidné. Les Dioscures lèvent alors le siège et par la suite, ne manquent jamais de le combler de bienfaits. Des jardins lui étaient dédiés dans Athènes, qui furent à l'origine de la célèbre Académie de Platon . Pour cette raison, Plutarque rapporte que les Spartiates respectèrent toujours les lieux quand ils envahirent Athènes.

Le Lycée  (en grec ancien ???e??? Lukeion ) était un gymnase d'Athènes près duquel Socrate, puis Aristote enseignèrent. Pour cette raison, les disciples d'Aristote furent qualifiés de ???e??? ?e??pat?t???? ( Lukeioi Peripatêtikoi ), « ceux qui se promènent près du Lycée », d'où leur nom français de péripatéticiens . Le bâtiment était situé à proximité du temple d'Apollon lycien, d'où son nom. Le Lycée sera l'école créée par le philosophe Aristote, dirigée par son disciple Théophraste.

ZÉNON de Citium , (en grec ????? Zenôn ), né à Citium (Chypre) v.-335, mort à Athènes v.-262/-261, philosophe, fondateur du stoïcisme, l'école du portique - en grec stoa signifie portique. Fils d'un riche marchand phénicien installé à Chypre, Zénon est décrit comme un homme grand et frêle, de peau noire et qui montre dès sa jeunesse un goût pour la philosophie. Son père lui achète, au cours de ses voyages, des traités socratiques. Il vient à Athènes en -312, et devient l'élève de Cratès de Thèbes, un cynique, puis de Stilpon, un mégarique, de Xénocrate et de Diodore Cronos. Après avoir étudié différents systèmes philosophiques, vers l'âge de 40 ans (300 av. J.-C.), il décide de fonder sa propre école qu'il installe au Pécile, le « portique peint ». D'où le nom qu'on donne ensuite à ses disciples, les stoïciens ( St????? Stoïkoï , de St?? [stoa] , le portique) . Il devient rapidement très populaire : les Athéniens lui élèvent une statue de bronze, lui remettent les clefs de la citadelle et lui offrent une couronne de laurie r. Victime d'un accident, il décide de mettre fin à ses jours. Aucun de ses ouvrages ne nous est parvenu, nous n'avons que leurs titres, rapportés par Diogène Laërce, et quelques fragments dans des compilations. Il est décrit comme un homme austère, peu bavard, mais facile à vivre, et sachant se donner parfois du bon temps, dans les limites de la convenance.

Cynique (latin cynicus , du grec kunikos , de kuôn , kunos , chien ) : Qui s'oppose effrontément aux principes moraux et à l'opinion commune. École des cyniques , école philosophique grecque (Ve-IVe s. av. J.-C.) qui rejetait les conventions sociales et les principes moraux pour vivre conformément à la nature. (Elle a été fondée par Antisthène, et son représentant le plus marquant fut Diogène.)

DIOGÈNE le Cynique ou DIOGÈNE de Sinope, en grec ancien ???????? / Diogénês (Sinope v. 413 – Corinthe, v. 327 av. J.-C.), est un philosophe grec de l'école cynique. Diogène est le fils d'un banquier de Sinope. Suite à une accusation de fabrication de fausse monnaie, son père est jeté en prison et Diogène doit fuir à Athènes — selon d'autres traductions, ils fuient tous les deux. Il y vécut dans la plus grande misère, ne subsistant guère que d'aumônes. Il devient le plus célèbre disciple d'Antisthène, le fondateur de l'école cynique. Plusieurs anecdotes témoignent de son mépris des richesses et des conventions sociales . Selon la tradition, il vit dans un tonneau (en fait, un p???? / píthos , un large vase , le tonneau n'ayant été introduit que bien après par les Gaulois dans la civilisation Romaine), vêtu d'un manteau grossier, allant pieds nus et mendiant sa pitance. Il abandonne son écuelle après avoir vu un enfant buvant à la fontaine avec ses mains . Lorsque il est interrogé sur la manière d'éviter la tentation de la chair, Diogène répond en se masturbant (« Ah si on pouvait faire disparaître la faim en se frottant le ventre »). Le fameux tonneau est mentionné par Sénèque, loué par Juvénal et moqué par Lucien de Samosate. Il n'hésite pas non plus à mendier aux statues afin de « s'habituer au refus ». On l'aurait également vu parcourir les rues d'Athènes en plein jour, une lanterne à la main, proclamant qu'il était à la recherche d'un « Homme ». Cet homme est l'homme théorisé par Platon, l'idée de l'homme. Diogène réfute l'existence d'une « idée de l'homme », ne voyant que des hommes concrets . (Voir à ce propos l'anecdote rapportée page 2). À la fin de sa vie, il se dirige vers Égine en bateau quand celui-ci est pris par des pirates. Mis en vente comme esclave à Corinthe, il déclare au marchand qu'il sait gouverner les hommes, et qu'il faut donc le vendre à quelqu'un qui cherche un maître. Il est acheté par un riche Corinthien qui admire son indépendance d'esprit, et lui rend la liberté. C'est à Corinthe que se situe sa fameuse rencontre avec Alexandre le Grand. Le conquérant lui ayant demandé ce qu'il désirait, Diogène répond : « Écarte-toi un peu du soleil. » Alexandre dit alors à ses compagnons qui se moquaient : « Eh ben moi, si je n'étais pas Alexandre, je serais Diogène ! » (Plutarque, Vie parallèles , Gallimard, collection Quarto, 2001, p. 1239). Il meurt probablement de vieillesse à Corinthe, où une colonne surmontée par un chien est ensuite élevée en son honneur. Il avait ordonné qu'on jetât son corps à la voirie mais ses amis lui firent des funérailles magnifiques. On plaça sur son tombeau un chien en marbre de Paros . Pour plus de détails, Michel Onfray, Cynismes : Portrait du philosophe en chien , Grasset, Paris, 1990 ; Version poche : Grasset - Le Livre de poche, Collection "Biblio essais", 1997.

Phénicie  : région du littoral syro-palestinien , limitée au sud par le mont Carmel et au nord par la région d'Ougarit (aujourd'hui Ras Shamra, au nord de Lattaquié). Du IIIe millénaire au XIIIe siècle av. J.-C., l'aire côtière du couloir syrien fut occupée par des populations sémitiques, désignées du nom de «  Cananéens  ». Au XIIe siècle, l'arrivée de nouveaux peuples (Araméens, Hébreux, Philistins) réduisit à une bande côtière le domaine cananéen auquel les Grecs donnèrent le nom de «  Phénicie  » . Celle-ci formait alors un ensemble de cités-États, parmi lesquelles Byblos, Tyr et Sidon exerçaient une influence prépondérante . Acculés à la mer, les Phéniciens devinrent, par nécessité vitale, navigateurs et fondèrent sur le pourtour méditerranéen, jusqu'à l'Espagne, de nombreux comptoirs et colonies, dont Carthage (IXe siècle), qui s'imposa à l'Occident méditerranéen. Les cités phéniciennes tombèrent sous la tutelle des Empires assyrien (743 av. J.-C.) et babylonien (à partir de 605 av. J.-C.), puis sous celle des Perses et des Grecs, mais elles continuèrent à jouer un rôle capital dans les échanges économiques de la Méditerranée orientale . Héritières de la culture cananéenne, elles conservèrent les cultes de Baal et d'Ashtart ; elles ont légué au monde antique l'usage de l'écriture alphabétique.

Dont certaines ont été inventées par les Grecs comme le phi (F, f) ou le psi (?, ?) .

Byblos  : Gébal, ville phénicienne portuaire dont le nom grec est Byblos . Le port de Byblos est donc un port phénicien sur la rive orientale de la mer Méditerranée, sur les côtes de l'actuel Liban , à une quarantaine de kilomètres au nord de Beyrouth . Il correspond à l'actuelle ville de Djebail . Dans l'Antiquité, cette zone côtière était peuplée par les Phéniciens. Les phéniciens sont des gens commerçants et des marins . Les lecteurs d'Astérix connaissent bien un navigateur phénicien et commerçant en import-export qui vend tout et qui porte le nom évocateur d' Épidemaïs . Et de fait, il semble bien que les Phéniciens aient dominé pendant plus d'un millénaire le commerce maritime en Méditerranée, et même jusque sur les côtes atlantiques de l'Afrique et de l'Europe occidentale. Et parmi les nombreux produits qui transitaient par le port de Byblos, et que les marchands phéniciens transportaient jusqu'aux confins de la méditerranée, il en est un, précieux, qui était une spécialité égyptienne : le papyrus. Le papyrus, c'est d'abord une plante qui pousse dans les zones marécageuses sur les rives du Nil. Une plante composée d'une longue tige de section triangulaire surmontée par une ombelle. C'est avec la tige de cette plante découpée en lamelles que, dès le début du troisième millénaire, les Égyptiens confectionnaient des feuilles qui leur servaient de support pour écrire . D'ailleurs, notre mot français « papier » vient du mot « papyrus » ; même si le procédé de fabrication du papier que nous utilisons vient de Chine, et non d'Égypte. Donc, durant des siècles, c'est du port phénicien de Byblos que le papyrus d'Égypte était exporté vers le nord de la méditerranée, et en particulier vers la Grèce. Tant et si bien que les grecs finirent par appeler ces feuilles de papyrus du « byblos » , c'est-à-dire « le produit provenant de Byblos » comme quand nous disons aujourd'hui un Laguiole ou du Camembert pour désigner des produits qui viennent de ces villes. Un simple document en papyrus devenait donc un « biblion . Et puis ces feuilles de papyrus, ces feuilles de byblos , pouvaient être assemblées les unes aux autres en de longues bandes que l'on roulait pour former un livre que l'on appelle un «  volumen  ». Plus tard, au début de l'ère chrétienne, on reliât ces feuilles en cahiers, un livre que l'on appelle un « codex ». Comme les Grecs appelèrent un livre fait de feuilles de papyrus, un biblion , les traducteurs grecs de la Bible hébraïque, l' Ancien Testament des chrétiens, ont tout naturellement utilisé le mot biblion pour traduire l'hébreu séphèr qui signifie « livre ». C'est ainsi que dans la traduction grecque de l' Ancien Testament Moïse écrit les paroles de Dieu dans le « livre - biblion - de l'Alliance ». Le mot « bible » vient donc du grec ancien ß????a ( biblía ), qui signifie « livres » au pluriel neutre , par l'intermédiaire du latin ( bíblia ). Le sens était : « Les Livres (saints) » ou « la bibliothèque (sacrée) » en désignant l'ensemble du corpus religieux.

Écriture cursive ou cursive (du latin currere , courir) : écriture tracée au courant de la plume.

Ostracisme  (du grec ostrakismos , de ostrakon , tesson de poterie sur lequel chaque citoyen inscrivait son suffrage) : Procédure en usage à Athènes au Ve siècle av. J.-C., permettant aux membres de l'ecclésia de bannir pour dix ans un homme politique dont ils redoutaient la puissance ou l'ambition politique.

 

APOLLODORE  : peintre athénien du Ve siècle av. J.-C . Il fut surnommé « le Skiagraphe » (s??a??af??, littéralement « le peintre d'ombre » ) car il fut, avec Zeuxis, le précurseur de l'insertion de la lumière et l'ombre révolutionnant ainsi la peinture grecque.

APELLE  : Peintre grec (?-Cos IVe s. avant J.-C.). Il étudia à Sicyone puis fut appelé à la cour de Macédoine par Philippe, où il devint l'ami et le portraitiste d'Alexandre le Grand . Ses œuvres ne sont connues que par les descriptions qu'en ont faites les Anciens.

ZEUXIS  : Peintre grec actif à la fin du Ve siècle et au début du IVe siècle avant J.-C. , né à Héraclée (Lucanie). Il est mentionné par Platon et Aristophane, mais son œuvre ne nous est connue que par des descriptions qui vantent son rendu de la lumière et l'expression puissante et réaliste de ses personnages.

PARRHASIOS  : Peintre grec (fin du Ve siècle avant J.-C.), né à Éphèse. Il travailla surtout à Athènes et est célèbre pour la finesse de son dessin et de ses notations psychologiques.

PHIDIAS  : Sculpteur grec (vers 490-431 avant J.-C.) , fils de l'Athénien Charmidès. Dès avant 470, en compagnie de Myron et de Polyclète, il aurait travaillé sous la direction d'Hêgias. Connue grâce à des textes précis, la statue chryséléphantine du Zeus d'Olympie a contribué à la célébrité de Phidias . Une autre statue chryséléphantine, l'Athéna Parthénos (réplique du IIe siècle après J.-C. au Musée national d'Athènes), destinée à orner l'intérieur du Parthénon, fut achevée vers 438 . Phidias avait été chargé par Périclès de la décoration du Parthénon : métopes, frise et frontons du temple furent sculptés par lui et par des artistes de son entourage . Avec génie, il confère à la figure humaine une beauté noble et sereine, et au marbre une souplesse et un mouvement encore inconnus.

Lénéennes  : fêtes grecques, plus exactement athéniennes, en l'honneur de Dionysos. Les historiens ne connaissent pas grand-chose de ces fêtes, si ce n'est qu'un concours de représentations dramatiques y avait lieu. Aristophane participa à ce concours en 422 et y présenta pour la première fois Les Guêpes .

HÉRON D'ALEXANDRIE ou HÉRON L'ANCIEN (???? ? ??e?a?d?e??) était un ingénieur, un mécanicien et un mathématicien grec du 1 er siècle après J.-C. Héron d'Alexandrie a conçu de nombreuses machines hydrauliques. Il est à l'origine de l' éolipyle , machine pneumatique constituée d'une sphère fixée sur un axe et équipée de deux tubes coudés sortant de manière opposée ; en chauffant l'eau contenue dans la sphère métallique la vapeur d'eau formée donnait en s'échappant un mouvement de rotation à la sphère. Il a aussi conçu une fontaine automatique qui faisait jaillir l'eau via un ingénieux système de vases communicants. Dans Pneumatica il décrit un système de portes automatiques s'ouvrant lorsqu'on allume un feu sur un autel ; le feu, chauffant un volume d'eau, créait de la vapeur qui mettait en mouvement les portes d'un temple. Dans le cadre de son Traité des automates il a aussi conçu des mécanismes pour théâtre qui à base de poids et contrepoids mettant en mouvement une série de plates-formes et de petits personnages. Grâce à ces inventions, Héron d'Alexandrie est souvent retenu comme l'inventeur des premiers automates.

Pampre  : rameau de vigne avec ses feuilles et ses fruits.

Thrace  : région du sud-est de l'Europe, occupant l'extrémité nord-est de la Grèce (Thrace occidentale), la Turquie d'Europe (Thrace orientale) et le sud de la Bulgarie. Le partage de la région eut lieu en 1919 et en 1923.

ARCHILOQUE  : en grec ancien ? ???????? / Arkhilokhos, né à Paros en 712, citoyen riche puis ruiné, amant éconduit et vindicatif, exilé, mercenaire, colon à Thasos, il finit tué dans une obscure bataille à Naxos en 664. Archiloque était né d'un noble et d'une esclave, il mena la vie aventureuse d'un soudard, vendant ses services comme mercenaire, et appréciant les rixes. Il fut le maître de l'invective, et dans ses poésies, il accusait la société divisée en classes et défendait le libre épanouissement de la personne humaine. Réaliste, sans illusions sur les valeurs exaltées par ses contemporains, vers la fin, il n'évoque plus les victoires guerrières et la gloire des héros, mais se lamente ou récrimine en considérant seulement ses propres déboires amoureux. Il fut un des plus grands poètes lyriques grecs. Il était un versificateur raffiné et un écrivain de combat, connu pour ses satires malicieuses et féroces, redoutées par ses ennemis. Il est considéré comme le créateur de la poésie en vers iambiques (iambe : dans la versification grecque et latine, pied dont la première syllabe est brève et la seconde longue), poésie de la passion et de la satire mordante. Seuls quelques fragments de son œuvre nous sont parvenus.

 

 

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