HISTOIRE DE

LA ROME ANTIQUE

PLAN

La fondation mythique de Rome
Romulus
Le VIe siècle av. J.-C.
Le site
L’héritage des Étrusques
Rome face aux Grecs
L’organisation de la cité
Plèbe et patriarcat
Les institutions
Les dirigeants
Conquête du bassin méditerranéen
Après la défaite d’Hannibal
La domination romaine
La crise politique
Les légions romaines
Les révoltes intérieures
Pompée
Les guerres civiles
Le premier triumvirat
Jules César
L’assassinat de César
Le partage du pouvoir
La monarchie augustéenne et le Haut-Empire
Auguste : une nouvelle forme d’exercice du pouvoir
Les institutions
Les conquêtes
Une gestion intérieure enrichissante
Caligula
Les successeurs des Julio-Claudiens
Trajan (98-117)
Hadrien (117-138)
Marc Aurèle (161-180)
La fin du Haut-Empire
L’avènement d’un nouvel Empire
Gallien
Aurélien
Dioclétien (284-305) et Maximien (286-305)
Réorganisation de l’Empire
Constantin
La prospérité du IVe siècle
L’agonie (Ve siècle après J.-C.)
Un déséquilibre entre l’Orient et l’Occident
Rome assassinée
Les invasions Barbares

Si l'histoire de Rome (en latin Roma) s'étend sur douze siècles, celle de son empire n'en couvre que huit et son caractère unitaire n'est indiscutable que pour trois siècles environ.
Si son étendue est considérable, le peuplement y demeura faible (une centaine de millions d'habitants).
Enfin, il ne faut pas oublier que Rome accepta tout un héritage : celui de la civilisation grecque, et sut l'assimiler, demeurant réceptive à des influences tant celtiques que sémitiques, le christianisme étant l'aspect le plus connu de ces dernières. 

I – LA FONDATION MYTHIQUE DE ROME

Lorsque les Grecs s'emparent de Troie[1], le prince Énée[2], fils de la déesse Vénus[3] et du mortel Anchise[4], réussit selon la tradition à s'enfuir en Italie, et aborde près de l'embouchure du Tibre[5].

Il s'allie au roi aborigène Latinus[6], dont il épouse la fille Lavinie, et fonde Lavinium[7].

Son fils Ascagne[8] fonde Albe la Longue[9], dont le treizième roi, Numitor[10], est détrôné par son frère Amulius.

Ce dernier fait de sa nièce, Rhea Silvia[11], une vestale[12] vouée à la chasteté. Or celle-ci, violée par le dieu Mars[13], donne le jour à des jumeaux, Romulus[14] et Remus, qui sont déposés sur le Tibre. Le fleuve en crue abandonne leur berceau au pied d'une colline, le Palatin[15]. Ils sont nourris par une louve, puis recueillis par un berger.

Parvenus à l'âge adulte, Romulus et Remus rassemblent une troupe qui réussit à tuer Amulius pour rétablir Numitor sur le trône d'Albe. Leur grand-père les encourage à aller s'installer ailleurs, et les jumeaux choisissent le site de Rome.

ROMULUS

L'observation du vol des oiseaux (prise d'auspices[16]) désigne Romulus comme fondateur. La date attribuée à la fondation mythologique de Rome est 753 av. J.-C. À la suite d'une querelle, Remus est tué par son frère. Ce dernier enlève les filles de ses voisins, les Sabins[17], qui acceptent finalement de s'unir aux Romains avec leur roi, Titus Tatius[18].

Romulus dote Rome d'un sénat[19], divise la population en trente curies[20], lui donne des institutions, une organisation militaire, avant de disparaître mystérieusement et d'être honoré par assimilation au dieu Quirinus[21].
C'est un Sabin, Numa Pompilius[22], qui lui succède et qui donne à Rome, suivant les conseils de la nymphe Égérie[23], son organisation religieuse. Vient ensuite Tullus Hostilius[24], qui détruit Albe la Longue (épisode du combat des Horaces[25] et des Curiaces). Enfin, le Sabin Ancus Martius [26] fonde Ostie[27].

LE VIe SIÈCLE AV. J.-C.

Le VIe siècle est marqué par le règne de trois rois étrusques. Tarquin l’Ancien[28] soumet les Latins, fait assécher le site où sera installé le forum et renforce le sénat.
Servius Tullius[29] fait construire une enceinte et, pour organiser une armée civique, dote les Romains d'une constitution censitaire[30].

Enfin, Tarquin[31], surnommé le Superbe, engage de grands travaux et construit le temple de Jupiter, Junon et Minerve sur le Capitole. Mais ce souverain se conduit en tyran, et l'un de ses fils viole Lucrèce[32], qui se suicide. Brutus[33] ameute alors le corps civique et ordonne la fermeture des portes de Rome à Tarquin, parti en expédition. C'est alors que commencerait la République.

LE SITE

Cette histoire mythique reçoit des fouilles actuelles de nombreuses confirmations. La petite plaine du Latium[34] est peuplée, au VIIIe siècle av. J.-C., par des pasteurs et des agriculteurs, tandis que le site de Rome, en bordure du Tibre, sur les limites septentrionales du Latium, est celui d'une cuvette inondable – le futur Forum[35] – entourée de collines. La présence d'une île y facilite le passage nord-sud, à l'écart des marais de la côte ; le fleuve est navigable en amont comme en aval, et une route du sel, de la côte vers les monts Albains[36] et surtout vers Sabine[37], permet d'approvisionner les éleveurs de l'intérieur.

Un peuplement est attesté par l'existence de fonds de cabanes sur le Palatin et de nécropoles vers le nord. L'expansion de la civilisation étrusque, jusqu'en Campanie, se traduit par la conquête du Latium.
Le VIe siècle correspond aussi à une période de grande activité édilitaire (c’est-à-dire celle des édiles, magistrats chargés de l'administration municipale) et de participation aux échanges méditerranéens.

L’HÉRITAGE DES ÉTRUSQUES

C'est aux Étrusques[38] que Rome doit son nom, sa muraille, l'assèchement de la cuvette du Forum (construction d'un grand égout, ou Cloaca maxima[39]) et la construction du sanctuaire du Capitole[40]. Les fouilles ont révélé de grandes demeures privées. Enfin, des populations venues d'autres contrées y affluèrent. La Rome des rois étrusques apparaît comme une cité florissante, où trois pouvoirs se partagent l'administration: le roi, le sénat et l'assemblée des gentiles[41] dans le cadre des trente curies. La fin de la monarchie se traduit par l'avènement d'une aristocratie. Rome ne se libère de l'emprise étrusque que vers 475-470, avant de se replier sur elle-même.

ROME FACE AUX GRECS
 
La République romaine connaît des débuts difficiles.
Membre de la ligue des peuples latins, elle en prend le contrôle, déjoue la menace étrusque et repousse les attaques des peuples montagnards de l'intérieur. L'invasion gauloise de 390 n'est qu'une brève catastrophe, sans doute bénéfique dans la mesure où elle affaiblit les cités étrusques au nord.

Au milieu du IVe siècle, la nouvelle muraille de Rome en fait la cité la plus vaste en Italie centrale.

Comme les peuples sabelliens (montagnards de l'Apennin[42]) de l'intérieur ont conquis presque toute la Campanie[43], la cité grecque de Naples demande des secours à Rome contre l'un d'entre eux, les Samnites[44]. Les Romains, depuis 348, ont établi des rapports diplomatiques avec Carthage, et dominent le Latium depuis la dissolution de la ligue latine en 338.

Les Grecs ne s'aperçoivent du danger que représente Rome qu'au moment où les armées romaines avancent en Campanie ; les guerres menées contre les Samnites permettent à Rome de forger une armée solide, et les alliances formées entre Samnites, Gaulois et Étrusques ne peuvent en venir à bout. Sa victoire à Sentinum, en Ombrie[45] (295), marque un tournant : les Romains contrôlent désormais toute l'Italie centrale, notamment les riches contrées d'Étrurie[46] et de Campanie.

Les cités grecques méridionales font appel au roi d'Épire[47], Pyrrhus[48], dont l'armée est épuisée par ses propres victoires ; les Grecs se divisent, et le roi doit rembarquer.

La prise de Tarente en 272 met un terme aux résistances méridionales, tandis que la prise puis la destruction de Volsinies (Orvieto[49]) marquent la fin de la résistance étrusque. L'Empire prend forme, mais c'est Rome qui dirige la politique « italienne » par des traités bilatéraux à son avantage. Les Romains ont aussi confisqué de nombreux territoires, souvent en des points stratégiques, et y ont établi des colons. 

L’ORGANISATION DE LA CITÉ

Dans la cité, le fait majeur des Ve et IVe siècles av. J.-C. est l'opposition entre plèbe et patriciat, lequel groupe les familles dont l'origine remonterait aux rois légendaires de Rome et qui auraient donné les premiers sénateurs.

 

PLÈBE ET PATRIARCAT

La plèbe[50] regroupe non seulement les nouveaux venus (époque étrusque), mais aussi des familles sénatoriales (plus récentes) et les clients[51] de toutes les familles sénatoriales.

Le patriciat[52] entend confisquer les magistratures[53] et les sacerdoces[54] publics, et va jusqu'à prétendre interdire les mariages avec les plébéiens. La plèbe, en réaction, se donne des magistrats particuliers, les tribuns[55] et les édiles[56] (au nombre de quatre à partir de 471). Cependant, comme ses membres sont astreints au service militaire et, pour les plus riches, sont électeurs à défaut d'être éligibles, elle fait la grève du service militaire et des élections, ce qui entraîne la paralysie de la cité.

Dans l'euphorie de la conquête, la situation politique connaît des apaisements successifs : un droit commun est mis en place (loi des Douze Tables[57]), puis les plébéiens obtiennent le droit au mariage, la reconnaissance des pouvoirs de leurs magistrats, l'accès au consulat et à toutes les magistratures, ainsi qu'aux principaux sacerdoces.

En 287, la loi Hortensia[58] donne tout pouvoir à l'assemblée de la plèbe, dont les décisions (« plébiscites[59] ») auront force de loi pour tous. 

 

LES INSTITUTIONS

Au début du IIIe siècle, Rome est donc régie par une constitution aristocratique modérée : une assemblée, les comices centuriates[60], où seuls les plus riches votent réellement, décide de la guerre, vote des lois et élit les magistrats supérieurs (consuls[61], préteurs[62] et, tous les cinq ans, censeurs[63]) ; une autre assemblée, les comices tributes, ouverte à tous mais où le décompte des voix se fait par tribus – celles-ci sont très inégales en nombre de citoyens –, décide de la paix, choisit les magistrats inférieurs et vote des lois.

De son côté, l'assemblée de la plèbe choisit ses édiles et ses tribuns et vote les plébiscites.

La charge des magistrats est annuelle et collégiale, à l'exception de la dictature[64], limitée à six mois, et qui est décidée en cas de troubles ou de danger extérieur grave.

Seuls les citoyens participant aux comices centuriates peuvent accéder aux magistratures et, parmi eux, certains reçoivent un cheval de l'État pour servir comme cavaliers (ou chevaliers) dans l'armée civique.

LES DIRIGEANTS
 
Cette élite dirige Rome, où la compétition est vive et où les procès politiques sont nombreux. Enfin, le sénat, conseil de la cité, fort de 300 membres, accueille les magistrats sortis de charge et, à défaut, les plus vaillants des riches combattants. Il examine les projets de lois, donne son avis et dirige en fait les finances publiques et la politique extérieure ; le sénat assure donc la continuité de la vie politique.

L'équilibre des pouvoirs est garanti par des règles acceptées par tous : les dix tribuns de la plèbe sont sacrés et inviolables, mais si chacun d'entre eux peut porter aide à un citoyen victime de la décision arbitraire d'un magistrat, il faut qu'ils soient tous d'accord pour faire une proposition de plébiscite. Les censeurs révisent la liste des citoyens et des sénateurs, déclassent les citoyens indignes et expulsent les sénateurs infâmes ; ils adjugent les grands travaux (par exemple, les aqueducs) et les fermes des ressources de l'État. 

CONQUÊTE DU BASSIN MÉDITERRANÉEN

Les Romains et les Carthaginois, longtemps alliés contre les Grecs ou les Étrusques, deviennent voisins après la conquête romaine de l'Italie du Sud et l'affirmation des ambitions carthaginoises en Sicile.

Carthage[65] est aussi puissante que Rome, mais ne dispose pas d'autant d'alliés.
Lors de la première guerre punique[66] (264-241), Rome l'emporte et prend le contrôle de la Sicile, de la Sardaigne et de la Corse, ses premières provinces hors d'Italie. Carthage se dote alors d'un vaste ensemble territorial dans le sud de la péninsule Ibérique (fondation de Carthagène[67]), tandis que Rome doit faire face à une forte riposte des Gaulois du fait de sa politique de colonisation en Italie septentrionale[68].

La deuxième guerre punique (219-201) est dominée par le génie d'Hannibal[69], dont l'écrasante victoire à Cannes[70] (216) entraîne la défection de Capoue[71], la plus puissante alliée des Romains.

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[1] Troie ou Ilion : cité antique de l'Asie Mineure, située à l'emplacement de l'actuelle Hisarlik, près des Dardanelles (proche de la Méditerranée, à l’ouest de l’actuelle Turquie). Déjà florissante au IIIe millénaire, elle subit plusieurs dévastations provoquées par des guerres ou des catastrophes naturelles jusqu'à sa destruction à la fin du XIIIe ou au début du XIIe s. av. J.-C. 
Découverte au XIXe siècle par Schliemann, Troie comprend neuf couches archéologiques superposées, depuis le simple village fortifié du IVe millénaire jusqu'à la bourgade de Troie IX, qui disparaît vers 400 apr. J.-C., en passant par Troie II, véritable ville ceinte de remparts (2300-2100) et dont la prospérité est attestée par les nombreux objets précieux recueillis à ce niveau. La ville correspondant à l'époque homérique serait celle du niveau VII b.
La Guerre de Troie : Guerre légendaire racontée dans l'Iliade et l'Odyssée d’Homère, ainsi que dans les autres poèmes épiques de l'Antiquité grecque qui forment le cycle troyen. Elle reflète sans doute l'un des derniers épisodes de l'expansion mycénienne. D'après la légende, cette guerre fut provoquée par l'enlèvement d'Hélène, femme du roi de Sparte, Ménélas, par le prince troyen Pâris. Pour venger cet affront, les Grecs lancèrent contre Troie une expédition commandée par Agamemnon. Après un siège de dix ans, Troie fut prise grâce à la ruse d’Ulysse et du fameux cheval de bois, introduit dans la ville et d'où sortirent des guerriers qui ouvrirent les portes de la cité. Celle-ci fut rasée et ses habitants massacrés ou réduits en esclavage. Les principaux héros de la guerre de Troie furent les Grecs Ajax, Achille, Patrocle, Philoctète, Diomède, Nestor et Ulysse, et les Troyens Pâris, Hector et Énée.

[2] ÉNÉE : héros troyen, fils d'Anchise et d'Aphrodite, dont Virgile a fait le personnage central de son Énéide. Fuyant la ville de Troie livrée aux flammes, il aborde après un long voyage, accompagné de son fils Ascagne, l'embouchure du Tibre, où il fonde la ville de Lavinium et où il établit ses pénates qu'il avait emportés avec lui. Cette légende fut adoptée par les Étrusques, puis par les Romains. Elle procurait à ceux-ci des lettres de noblesse en les faisant remonter jusqu'à la race divine de Troie, leur ancêtre Romulus figurant dans cette histoire comme un descendant d'Énée.

[3] VÉNUS : déesse italique des Jardins et du Charme (magique ou amoureux), qui devint à Rome, par son assimilation, vers le IIe s. av. J.-C., à l'Aphrodite des Grecs, la déesse de l'Amour et de la Beauté. Ayant adopté le caractère érotique et les légendes de la divinité hellénique, elle eut à Rome de nombreux sanctuaires et fut associée au culte officiel par César, dont la gens prétendait descendre d'elle.

[4] ANCHISE : Prince de Troie, amant d'Aphrodite (ou Vénus pour les Romains) et père d'Énée. Lors de la prise de Troie, il fut sauvé par son fils qui le porta jusqu'aux vaisseaux.

[5] Le Tibre (en latin Tiberis, en italien Tevere) : fleuve d'Italie, tributaire de la mer Tyrrhénienne ; 396 km. Il traverse la Toscane, l'Ombrie, le Latium et Rome.

[6] LATINUS : roi légendaire du Latium et héros éponyme des Latins.

[7] Lavinium (aujourd’hui Pratica di Mare). Ville du Latium dont les Anciens attribuaient la fondation à Énée.

[8] ASCAGNE ou IULE : fils d'Énée. Il lui succéda comme roi de Lavinium et fonda Albe la Longue (l'Énéide). César prétendait descendre de lui.

[9] Albe la Longue : ville du Latium, fondée, selon la légende, par Ascagne, fils d'Énée. Elle fut la rivale de Rome naissante. Cette rivalité, illustrée par la légende des Horaces (champions de Rome) et des Curiaces (champions d'Albe), se termina par la victoire de Rome (VIIe s. av. J.-C.).

[10] NUMITOR : Roi légendaire d'Albe, grand-père de Romulus et de Remus.

[11] RHEA SILVIA : mère de Romulus et de Remus, dans la mythologie romaine. 

[12] Vestale : Prêtresse de Vesta, qui entretenait le feu sacré et était astreinte à la chasteté.

[13] MARS : dieu romain de la Guerre. Bien qu'identifié au Grec Arès, Mars était un dieu italique et aurait été primitivement une puissance agraire. D'ailleurs, il était vénéré à Rome non seulement comme dieu des Combats sous le nom de Mars Gradivus mais aussi comme dieu de la Nature et de la Végétation sous l'appellation de Mars Silvanus. Le mois qui lui était consacré ouvrait l'année romaine.

[14] ROMULUS : Romulus est un personnage légendaire que les Romains de l'Antiquité considéraient comme le fondateur de Rome. Deux grands écrivains du règne d'Auguste, Virgile et Tite-Live, ont légué les éléments de la légende de Romulus, qui se trouve à la charnière du monde grec et du monde latin.
Romulus et Remus : Virgile relate dans l'Énéide la fuite du Troyen Énée, fils d'Anchise et de la déesse Vénus. Après la chute de Troie et un long voyage de rivage en rivage, Énée fonde la ville d'Albe dans la plaine du Latium, foyer de la civilisation latine. Romulus apparaît comme l'un des descendants des rois d'Albe.
En effet, le roi Numitor est détrôné par son propre frère, Amulius, qui devient roi d'Albe. Pour assurer la couronne à ses descendants, Amulius contraint la fille de son frère, Rhéa Silvia, à devenir prêtresse de Vesta ; cette fonction interdit sous peine de mort, à Rhéa Silvia, de se marier. Cependant Rhéa Silvia rencontre, au bord du Tibre, le dieu Mars, qui s'unit à elle. Romulus et Remus, frères jumeaux, naissent de cette union. Amulius les fait jeter dans le Tibre pour s'en débarrasser; mais les deux jumeaux sont ramenés sur le rivage par le dieu du fleuve saisi de pitié ; ils sont alors recueillis et nourris par une louve. Enfin, un couple de bergers, Faustulus et Acca Larentia, trouvent et accueillent Romulus et Remus. Numitor, le roi détrôné, reconnaît ses petits-fils.
La fondation de Rome : Romulus et Remus s'associent à Numitor pour reconquérir le trône d'Albe usurpé par Amulius, puis ils décident de fonder leur propre ville, auprès de l'endroit où ils ont été abandonnés et élevés. Pourtant, une dispute éclate entre les deux frères au sujet du lieu de fondation de la future ville: Remus choisit l'Aventin, et Romulus le Palatin. S'en étant remis à l'arbitrage du ciel, Romulus l'emporte sur son frère. Il trace sur le mont Palatin, le sillon symbolique qui marque la limite de la ville. Remus, par dérision, le franchit ; il est tué par Romulus, qui déclare : «Ainsi périsse désormais quiconque franchira mes murailles. » Romulus, seul maître de la cité, lui donne son nom : Rome. 753 avant J.-C. est la date attribuée à la fondation mythologique de Rome ; elle est à la base de la chronologie romaine.
L'enlèvement des Sabines : Pour peupler la nouvelle ville, Romulus fait appel à des aventuriers et des fugitifs. Mais les femmes manquent à Rome pour assurer l'avenir de la cité. Au cours d'une grande fête où Romulus invite le peuple des Sabins, voisin de Rome, leurs filles sont enlevées par les Romains. Le rapt des Sabines est l'occasion d'une guerre entre les deux peuples ; les femmes réussiront pourtant à réconcilier les deux villes, qui se fondent alors en une seule.
Le fondateur de la ville : Romulus apparaît ainsi aux yeux des Romains comme le fondateur de la ville et de ses institutions. Il est vraisemblable que sa légende sert à justifier de nombreuses pratiques politiques et religieuses dont les origines réelles échappent aux Romains. En outre, par son ascendance, sa naissance et sa mort (après 33 ans de règne, il est enlevé au cours d'un violent orage par son père, le dieu Mars), Romulus gagne une dimension divine, donnant à Rome une origine sacrée. Il devient, sous sa forme divine, le protecteur de la ville ; les Romains lui vouent un culte sous le nom de Quirinus (mont Quirinal).

[15] Le Palatin : une des sept collines de Rome, la plus anciennement habitée (VIIIe s. av. J.-C.). Couvert jusqu'à la fin de la République de maisons privées (Cicéron, Marc Antoine), le Palatin devint à partir d'Auguste la colline impériale par excellence (maison de Livie, palais de Tibère, palais des Flaviens, Domus Augustana).

[16] Auspice (du latin avis, oiseau, et spicere, examiner). [Employé surtout au pluriel] : À Rome, présage tiré du vol, du chant, du comportement des oiseaux : Prendre les auspices.

[17] Les Sabins : ancien peuple d'Italie centrale. Mêlés aux Latins, les Sabins ont formé la première population de Rome. Selon la légende, deux rois sabins y ont régné après Romulus : Numa Pompilius (v. 715-672 av. J.-C.) et Ancus Martius (v. 640-616 av. J.-C.).

[18] TITUS TATIUS : Roi légendaire des Sabins qui s'empara de Rome après l'enlèvement des Sabines, et partagea ensuite le pouvoir avec Romulus.

[19] Sénat (du latin senatus, de senex, vieux). Dans la Rome royale, le sénat réunit les chefs de famille (patres). Sous la République, formé d'environ 300 membres, il admet les plébéiens après 400 av. J.-C. Les sénateurs sont choisis par les censeurs parmi les anciens magistrats. Ils décident des senatus-consultes, véritables lois, surveillent l'installation des nouveaux cultes, ont la garde du trésor, attribuent les crédits nécessaires aux campagnes militaires. Le sénat assure la direction et permet la continuité de la politique romaine. Porté à 600 puis à 900 membres, il est ouvert aux provinciaux à partir de César. 
Sous l'Empire, accessible uniquement aux anciens magistrats possédant au moins un million de sesterces et choisis par l'empereur, il se contente des apparences du pouvoir et reste un lieu d'opposition aux empereurs autocrates (Néron, Domitien, Commode), qui le déciment. Au Bas-Empire, il tend à devenir seulement un conseil municipal de la ville.

[20] Curie : Division des trois tribus primitives, chez les Romains. (Chaque tribu comprenait dix curies.) Plus tard, ce terme désignera le lieu où s'assemblait le sénat romain ; puis ce sénat lui-même.

[21] QUIRINUS : ancienne divinité romaine dont le culte était établi sur le mont Quirinal. Il faisait partie avec Jupiter et Mars de la plus antique triade divine vénérée comme protectrice de Rome. Par la suite, Quirinus fut associé à Romulus divinisé.

[22] NUMA POMPILIUS : deuxième roi légendaire de Rome (v. 715 - v. 672 av. J.-C.). Il est censé avoir organisé la religion romaine en la dotant de collèges, en créant le calendrier, en introduisant les dieux sabins. On lui attribuait une puissance magique, confortée par les conseils qu'il disait recevoir, dans une grotte, de la nymphe Égérie.

[23] ÉGÉRIE : nymphe romaine, conseillère secrète du roi Numa Pompilius. À la mort de celui-ci, elle versa tant de larmes qu'elle fut changée en fontaine ; elle devint ainsi la déesse des Sources. Comme nom commun, une égérie est une femme qui joue le rôle de conseillère auprès d'un homme ou d'un groupe politique ; inspiratrice d'un artiste.

[24] TULLUS HOSTILIUS : troisième roi de Rome, que la tradition fait régner d'environ 673 à 640 av. J.-C. Il conquit Albe (combat légendaire des Horaces et des Curiaces) et fit construire la Curie.

[25] Les trois HORACES : frères romains légendaires qui, sous le règne de Tullus Hostilius (VIIe s. av. J.-C.), combattirent pour Rome contre les trois Curiaces, champions de la ville d'Albe, afin de décider lequel des deux peuples commanderait à l'autre. Le dernier des Horaces, seul survivant, feignant de fuir, tua séparément les trois Curiaces blessés et assura le triomphe de sa patrie.

[26] ANCUS MARTIUS : Quatrième roi légendaire de Rome (v. 640 — 616 av. J.-C.). Il aurait agrandi Rome et créé le port d'Ostie.

[27] Ostie (en italien Ostia) : Localité d'Italie (Latium), dépendant de Rome (à 24 km par autoroute et métro), à l'embouchure envasée du Tibre. Station balnéaire (Lido di Roma ou di Ostia). La fondation légendaire d'Ostie était attribuée au roi Ancus Martius (VIIe s. avant J.-C.). En fait, Ostie ne remonte pas au-delà du IVe s. avant J.-C. Elle fut l'une des plus anciennes colonies romaines. D'abord destinée à protéger le commerce maritime de la Rome naissante, elle devint bientôt la principale base de sa flotte militaire (IIIe s.). La ville, profitant du développement de l'Empire, connut un essor considérable. Détruite par Marius (87 avant J.-C.) durant la guerre civile, elle fut reconstruite par Sulla et s'agrandit considérablement, jusqu'à devenir une grande métropole, dont la population, au 1er et au IIe s. après J.-C., avoisinait 80 000 habitants. Son port éclipsa désormais celui de Pouzzoles et devint le plus important de la péninsule. Les fouilles, menées systématiquement à partir de 1909, ont permis de dégager la majeure partie de la zone urbaine. Ostia antica offre aujourd’hui l'exemple d'une grande ville romaine, avec son plan orthogonal (développé à partir de l'ancien castrum de 193 m x 120 m), son forum monumental (capitole, temple de Rome et d'Auguste, basilique), ses quartiers d'habitations, ses quartiers d'affaires, ses édifices publics et religieux, ainsi que ses luxueuses villas (pourvues de péristyles et décorées de mosaïques). La ville était reliée à la métropole par la Via ostiensis.

[28] TARQUIN l’Ancien, en latin Lucius Tarquinius Priscus : cinquième roi de Rome (616-579 av. J.-C.), selon la tradition semi-légendaire. Premier roi étrusque de Rome, il aurait mené de grands travaux (Grand Cirque, temple de Jupiter Capitolin).

[29] SERVIUS TULLIUS : sixième roi de Rome (traditionnellement 578-535 av. J.-C.). On lui attribuait l'organisation du peuple en centuries et les remparts qui enserraient les sept collines de Rome.

[30] Suffrage censitaire : système dans lequel le droit de vote est réservé aux contribuables versant un montant minimal (cens) d'impôts.

[31] TARQUIN le Superbe, en latin Lucius Tarquinius Superbus : septième et dernier roi de Rome (534-509 av. J.-C.), que la tradition présente comme un tyran. Après le viol de Lucrèce par son fils Sextus, les Romains révoltés le chassèrent et la république fut instaurée.

[32] LUCRÈCE : femme romaine qui se tua après avoir été violée par un fils de Tarquin le Superbe. Selon la légende, cet événement déclencha la révolte qui mit fin à la royauté à Rome.

[33] BRUTUS (Lucius Junius) : personnage légendaire. Il aurait chassé le dernier roi de Rome, Tarquin le Superbe, et serait devenu l'un des deux premiers consuls de la République (509 av. J.-C.).

[34] Latium (en italien Lazio) : région de l'Italie centrale limitée à l'ouest par la mer Tyrrhénienne et adossée à l'est à l'Apennin. Elle est formée des provinces de Frosinone, Latina, Rieti, Rome et Viterbe ; 17 203 km2   ; 5 031 230 hab. Capitale : Rome.

[35] Forum : Place de Rome où le peuple s'assemblait, qui était à la fois le centre religieux, le centre commercial et juridique, le centre des affaires privées et de la vie publique.
Dans l'Antiquité romaine, le forum est d'abord une place de marché, mais il est vite devenu dans la vie des Romains le centre des affaires publiques et privées. À l'origine sans structure architecturale précise, il se fixe progressivement au carrefour de deux axes principaux, le cardo (orienté nord-sud) et le decumanus (orienté est-ouest), et prend la forme rectangulaire. Souvent entouré de portiques et décoré de statues, le forum est aussi le centre autour duquel s'élèvent les principaux monuments de la cité : édifices religieux (temples), bâtiments publics (basiliques, curie, tribunal, trésor public) et commerciaux (boutiques d'artisans, marchés, etc.). Les forums se multiplient à partir du IIIe s. av. J.-C. Toutes les villes d'Italie et des provinces mettent un point d'honneur à en posséder un, à l'image de celui de Rome, le Forum romanum.

[36] Monts Albains : Collines volcaniques du Latium, à l'est de Rome, culminant au mont Cavo (950 m). Lacs, vignobles.

[37] Sabine (en italien Sabina) :  Région d'Italie (Latium), drainée par le Tibre et dominée par les monts Sabins (en italien Sabini), qui fut habitée par les Sabins.

[38] Les Étrusques : Issus des civilisations indigènes en place à l'aube du 1er millénaire, les Étrusques apparurent au VIIIe s. av. J.-C. et furent soumis par les Romains. Ils se manifestèrent surtout en Toscane, qui conserve le souvenir de leur nom ( Tusci, Etrusci pour les Latins).
Histoire : Le problème des origines : L'origine de ce peuple a fait l'objet de plusieurs hypothèses : celle de l'autochtonie, qui s'appuie sur l'apparente continuité avec la civilisation villanovienne ; la thèse indo-européenne ; la thèse d'une immigration venue par mer d'Asie Mineure. Cependant, étayées par l'archéologie, les études actuelles permettent d'établir que ce peuple a connu un processus évolutif assez lent mais continu issu des cultures pré-et protohistoriques de la région. 
L'expansion étrusque : Au VIIIe s. av. J.-C., le peuple étrusque occupe la région située entre l'Arno et le Tibre, où se développent de riches cités (lucumonies) groupées en confédérations et gouvernées par des rois, puis (début du Ve s. av. J.-C.) par des oligarchies. Ces cités connaissent une certaine prospérité grâce à la fertilité du sol, aux mines (de cuivre et de fer) et au commerce. L'apogée de la puissance étrusque se situe au VIe s. av. J.-C. C'est vers 575 av. J.-C. que Rome tombe sous la domination des Étrusques, sous le règne de la dynastie des Tarquins. À la fin du VIe s. av. J.-C., le pays étrusque s'étend très largement en Italie et comporte alors trois confédérations de cités : en Étrurie même, dans la plaine du Pô et en Campanie, où est fondée Capoue. 
Le déclin : Mais la puissance des Étrusques est éphémère. Le particularisme de chaque cité les empêche de réaliser un front commun contre les Romains, qui se soulèvent (509), contre les Grecs, qui les battent à Aricia (506) puis à Cumes (474), contre les Samnites, qui s'emparent de la Campanie, et contre les Gaulois, qui annexent la plaine du Pô au début du IVe s. av. J.-C. Dès lors, Rome devient le principal adversaire des Étrusques. C'est le siège de Véies (Veii) par Furius Camillus (405-396) qui marque la prise de l'Étrurie méridionale. La conquête de la Toscane peut être considérée comme achevée vers le milieu du IIIe s. av. J.-C. 
La civilisation étrusque, qui survécut à ses défaites, influença profondément la religion et les institutions romaines.

[39] Cloaca maxima (mots latins « le Grand Cloaque ») : Grand égout de Rome. Construit sous les Tarquins pour l'assèchement du Forum marécageux, agrandi sous l'Empire, cet ouvrage de 5 m de diamètre, exceptionnel pour son époque, allait du Palatin et du Capitole au Tibre. Il a été plusieurs fois restauré.

[40] Capitole (mont) [latin Capitolium, de caput, sommet] :  La plus illustre des collines de Rome, sur laquelle s'élevait le temple de Jupiter Capitolin, protecteur de la Cité, entouré de Junon et de Minerve («  triade capitoline  »). L'actuelle place du Capitole a été tracée par Michel-Ange. L'un de ses palais est l'hôtel de ville de Rome, les deux autres sont des musées d'antiques. On fait parfois allusion aux oies du Capitole : oies sacrées du Capitole, qui sauvèrent Rome (390 av. J.-C.) en prévenant par leurs cris Manlius et les Romains de l'attaque nocturne des Gaulois.

[41] L’Assemblée des gentiles : Dans L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat, l’ouvrage fondateur de la conception marxiste de l’État, Friedrich Engels écrit au chapitre 6 : La Gens et l'État à Rome (NDLR : Gens, pluriel : Gentes : À Rome, groupe de familles se rattachant à un ancêtre commun et portant le même nom) : « De la légende sur la fondation de Rome, il ressort que le premier établissement fut l’œuvre d'un certain nombre de gentes latines (cent, d'après la légende), réunies en une même tribu, auxquelles se joignit bientôt une tribu sabellique, qui aurait également compté cent gentes, et enfin une troisième tribu, composée d'éléments divers et comptant elle aussi cent gentes, à ce qu'on prétend. Tout ce récit montre au premier coup d’œil qu'ici il n'y avait à peu près plus rien de primitif, sauf la gens, et que celle-ci même n'était en bien des cas qu'un provin d'une gens-mère qui continuait à subsister dans l'ancien pays d'origine. Les tribus portent au front l'empreinte de leur composition artificielle, mais faite la plupart du temps d'éléments apparentés et sur le modèle de l'ancienne tribu organique, et non factice ; cependant, il n'est pas exclu que le noyau de chacune des trois tribus ait pu être une véritable tribu ancienne. Le chaînon intermédiaire, la phratrie, se composait de dix gentes et s'appelait curie; on en comptait donc trente. »

[42] l’Apennin (les Apennins) : massif qui forme la dorsale de la péninsule italienne et qui culmine dans les Abruzzes au Gran Sasso (2 914 m).

[43] Campanie, en italien Campania : région de l'Italie péninsulaire, entre le Garigliano au nord et le golfe de Policastro au sud, sur le versant ouest de l'Apennin ; 13 600 km2   ; 5 589 587 hab. Chef-lieu Naples. Elle comprend les provinces d'Avellino, Bénévent, Caserte, Naples et Salerne.

[44] Samnites : peuple italique établi dans le Samnium. Les Samnites furent soumis par Rome au IIIe s. av. J.-C., après trois longues guerres, de 343 à 290 ; c'est au cours de cette lutte que les Romains subirent l'humiliante défaite des fourches Caudines (321 av. J.-C.) : défilé d'Italie centrale, dans le Samnium. L'armée romaine, vaincue par les Samnites (321 av. J.-C.), dut y passer sous le joug (Chez les Romains, le joug est un javelot attaché horizontalement sur deux autres fichés en terre, et sous lequel le vainqueur faisait passer, en signe de soumission, les chefs et les soldats de l'armée vaincue). C'est de là que vient l'expression passer sous les fourches Caudines, être contraint de subir des conditions humiliantes.

[45] Ombrie, en italien Umbria : région d'Italie, traversée par le Tibre, formée des provinces de Pérouse et de Terni ; 8 456 km2 ; 804 054 hab. Sans accès à la mer, l'Ombrie reste à dominante rurale (blé, vigne, olivier, élevage ovin) avec des villes, centres commerciaux et touristiques (Pérouse, Assise, Orvieto).

[46] Étrurie : ancienne région de l'Italie, correspondant approximativement à l'actuelle Toscane. 

[47] Épire : région montagneuse de la péninsule des Balkans qui s'étend en Albanie et en Grèce, de la basse vallée du Seman à celle de l'Achéloos. Le développement des villes (Vlorë, Gjirokastër) et l'intensification des cultures maintiennent une densité de population plus élevée en Albanie qu'en Grèce (concentration sur les sites urbains de Ioánnina et Árta). 
 Histoire : Le royaume d'Épire, constitué à la fin du Ve s. av. J.-C., prit de l'importance avec Pyrrhos (ou Pyrrhus) II (295-272) ; il fut soumis par les Romains en 168 av. J.-C. Dans l'Empire byzantin, un despotat d'Épire (1204-1318) fut constitué au profit des Comnènes.

[48] PYRRHOS II, en latin PYRRHUS (318-272) : roi d'Épire (295-272). Appelé en Italie méridionale par les habitants de Tarente, il fut vainqueur contre Rome à Héraclée (280) et à Ausculum (279) grâce à ses éléphants (ces succès, obtenus au prix de très lourdes pertes, sont à l'origine de l'expression «  victoire à la Pyrrhus  »). Mais, vaincu par les Romains à Bénévent (275), il dut retourner en Épire.

[49] Orvieto : ville  d'Italie (Ombrie) ; 21 362 hab. Cathédrale romano-gothique (fresques de Signorelli) et autres monuments. Musée municipal abritant des collections étrusques.

[50] La Plèbe : Classe populaire de la société romaine.  Placée sous la domination des patriciens, la plèbe semble à l'origine un groupe ethnique tenu à l'écart ou un rassemblement de déclassés et d'étrangers. Après la chute de la monarchie, les plébéiens obtinrent par la menace de la sécession une amélioration progressive de leur condition. Leurs chefs, les tribuns de la plèbe, reçurent un pouvoir politique important (Ve s. av. J.-C.). Dans la plèbe urbaine, une élite, enrichie par le commerce, arracha aux patriciens l'accès aux magistratures et aux collèges des pontifes et des augures en 300. Les réunions de la plèbe, les concilia plebis, furent l'origine des comices tributes, aptes à légiférer par plébiscites (287). Au IIIe siècle, les différends s'apaisèrent entre les patriciens et les chefs des plébéiens, qui se regroupèrent en une aristocratie dirigeante, la nobilitas. Avec la réduction rapide de l'effectif des patriciens, le terme de «  plèbe  » tendit dès lors à désigner les masses populaires.

[51] Client : À Rome, plébéien qui se plaçait sous le patronage (appui, soutien accordé par un personnage influent) d'un patricien.

[52] Patriciat : À Rome, dignité de patricien ; rang des familles patriciennes ; ensemble des patriciens. À Rome, les patriciens étaient les descendants des anciennes gentes, qui, à l'origine, constituaient l'ensemble des citoyens. On voit parfois en eux une ancienne noblesse de cavaliers, mais, plus souvent, ils étaient les descendants des familles représentées au sénat. À la fin de la République, le patriciat ne conférait plus guère d'avantages, car il s'était formé une aristocratie politique, la nobilitas, confondant patriciens et plébéiens.

[53] Magistrature : Dignité, charge de magistrat.

[54] Sacerdoce : Dignité et fonctions du prêtre, dans diverses religions. 

[55] Tribun de la plèbe : magistrat romain, élu par les comices tributes (voir note 60) et chargé de défendre les intérêts de la plèbe.

[56] Édile : Dans la Rome antique, magistrat chargé de l'administration municipale. 

[57] Loi des Douze Tables : Première législation écrite de Rome.
Comme toutes les sociétés humaines, le peuple romain a sans doute connu à ses débuts la "loi du plus fort".
- Aux premiers temps de l'histoire romaine : le "droit" était l'affaire des Pontifes (prêtres).
- L'on sait bien qu'au début de la République, il existait deux classes très distinctes : celle des patriciens, caste puissante, avec le monopole de la vie politique, et celle des plébéiens subvenant aux besoins de la communauté et à l'effort de guerre, mais sans droits réels.
 - Au début du Ve siècle, après la sécession de la plèbe sur l'Aventin, sont créés les tribuns de la plèbe.
- Au Ve siècle (449), les plébéiens exigent la publication de la Loi, trop souvent favorable aux patriciens : le droit se laïcise et se démocratise.
Une commission de dix anciens consuls, les Decemvirs, rédige le texte de la Loi des Douze Tables établissant définitivement l'égalité civile des plébéiens et des patriciens et dénonçant le caractère jusqu'alors divin de la loi : elle serait désormais l'émanation du peuple tout entier, réuni en assemblées. Chacun peut venir les consulter. Au début de la République, les lois nouvelles sont peintes en lettres noires et rouges sur des planches de bois blanchi (album), puis elles seront gravées sur des tables de marbre et de bronze.

[58] Loi Hortensia : En 287, la loi Hortensia donne force de loi aux décisions de la plèbe : les plébiscites. Les assemblées de plébéiens, les comices tributes, votent des lois.

[59] Plébiscite : Loi votée par l'assemblée de la plèbe, dans la Rome antique.

[60] Comices centuriates : À Rome, assemblée du peuple aux attributions politiques, judiciaires et religieuses. Différents types de comices sont apparus successivement au cours des premiers siècles de l'histoire romaine et ont ensuite coexisté : les comices curiates, qui ont perdu leur pouvoir à partir du Ve s. av. J.-C. ; les comices centuriates, qui ont longtemps détenu tous les pouvoirs législatifs et électifs ; les comices tributes, enfin, qui sont devenus au IIIe s. av. J.-C. le véritable organe de la souveraineté populaire, en élisant plusieurs magistrats (dont les tribuns de la plèbe) et en votant les lois. Sous l'Empire, les comices furent progressivement dépouillés de leurs pouvoirs.

[61] Consul : À Rome, magistrat élu pour un an qui partageait avec un collègue le pouvoir suprême.

[62] Préteur : Magistrat qui rendait la justice à Rome ou qui gouvernait une province.

[63] Censeur : Magistrat curule (curule : relatif au siège d'ivoire réservé à Rome à certains magistrats et aux fonctions dont il était le symbole) chargé de faire le cens (cens : à Rome, recensement qui servait notamment au recrutement de l'armée, au recouvrement de l'impôt) et de réprimer les fautes contre les mœurs, dans la Rome républicaine.

[64] Dictature : Sous la République romaine, gouvernement d'exception, magistrature militaire conférée pour six mois à un dictateur (entre le VIe et le IIIe s. av. J.-C. surtout, notamment au lendemain du désastre de Cannes, en 216).

[65] Carthage : ville antique de l'Afrique du Nord, à une vingtaine de kilomètres de l'actuelle Tunis. 
Histoire : La ville est créée, selon la tradition, en 814 av. J.-C. par la Phénicienne Élissa, ou Didon. C'est, à l'origine, l'un des nombreux comptoirs fondés par les Phéniciens venus de Tyr. Progressivement, Carthage devient la capitale d'un État maritime très puissant. Se substituant à Tyr, elle impose sa domination aux comptoirs phéniciens de la Méditerranée occidentale. Elle redistribue dans le monde antique les produits de l'Espagne et de l'Afrique (or, argent, étain, ivoire, etc.). Ses navigateurs partent à la recherche de nouvelles voies commerciales.  La constitution d'un puissant empire maritime. 
VIIe s. av. J.-C. : Carthage établit des comptoirs sur les côtes d'Espagne, aux Baléares, en Sardaigne et dans l'ouest de la Sicile. 
480 av. J.-C. : les Carthaginois sont défaits par les Grecs de Syracuse et d'Agrigente à Himère. 
v. 450 av. J.-C. : Hannon aurait reconnu les côtes de l'Afrique occidentale (golfe de Guinée). 
IVe s. av. J.-C. : apparition de la monnaie à Carthage. 
Carthage est gouvernée par une oligarchie de riches familles dont certaines, du VIe au IVe s. av. J.-C., assument le pouvoir royal. Puis des suffètes (magistrats suprêmes) élus leur succèdent. À Carthage même, on produit tissus de pourpre et tissus ordinaires, bijouterie, armes et poterie. La civilisation et les mœurs gardent une forte empreinte orientale, dont témoigne particulièrement la vie religieuse. Ainsi, le dieu Baal Hammon, associé à la déesse Tanit, est honoré de sacrifices de jeunes enfants comme l'étaient les dieux cananéens. Progressivement, l'enfant est remplacé par un agneau.  
L'affrontement avec Rome : Carthage reprend la conquête de la Sicile grecque à la fin du IVe s. av. J.-C., mais ses progrès inquiètent Rome, maîtresse de l'Italie, qui affronte sa rivale au cours de trois guerres successives, dites «  guerres puniques  ». 
264-241 av. J.-C. : première guerre punique : L'armée carthaginoise, composée de mercenaires, échoue face aux Romains, sur terre comme sur mer. Carthage abandonne la Sicile, la Sardaigne et la Corse et doit faire face à la révolte de ses mercenaires. Elle retrouve sa puissance grâce à la famille des Barcides. Hamilcar Barca et Hasdrubal conquièrent l'Espagne, où ils fondent Carthagène (la nouvelle Carthage) et Alicante. Ce riche territoire donne à Hannibal, fils d'Hamilcar, les moyens de porter la guerre en Italie. 
218 av. J.-C. : début de la deuxième guerre punique : Hannibal franchit l'Èbre, les Pyrénées, les Alpes (avec ses éléphants). Il est d'abord victorieux en Italie. 
202 av. J.-C. : Hannibal est vaincu par Scipion l'Africain à Zama. 
Carthage ne possède plus que son territoire africain. Elle se relève cependant, poussant Caton l'Ancien à réclamer sa destruction. 
149-146 av. J.-C. : troisième guerre punique. Pendant trois ans, les Romains assiègent Carthage, qui est anéantie et rasée.  
La métropole de l'Afrique romaine : Au 1er s. av. J.-C., une colonie romaine est fondée sur le site de Carthage. La nouvelle ville, port du blé d'Afrique exporté vers Rome, siège du proconsul d'Afrique, devient l'une des plus grandes villes du monde romain. L'Église chrétienne s'organise à Carthage et son évêque, saint Cyprien, lui donne au IIIe siècle un éclat durable. 
439 : prise de Carthage par les Vandales. 
534 : reconquête de Carthage par Bélisaire, au profit de l'Empire byzantin. 
Mais la ville ne retrouve jamais sa grandeur passée et est définitivement anéantie par l'invasion arabe (v. 698).

[66] Punique (latin punicus, carthaginois) : relatif à Carthage, aux Carthaginois. Les Guerres Puniques : long conflit (264-146 av. J.-C.) qui opposa Rome et Carthage, et qui aboutit à la ruine de cette dernière. La cause en fut la rivalité des deux cités se disputant l'hégémonie de la Méditerranée occidentale.

[67] Carthagène (en espagnol Cartagena) : port d'Espagne, dans la province de Murcie, sur la Méditerranée ; 168 023 hab. La ville fut fondée par les Carthaginois v. 226 av. J.-C.

[68] Septentrional : Situé au nord ; qui appartient aux régions du Nord.

[69] HANNIBAL : général et homme d'État carthaginois (247 - Bithynie 183 av. J.-C.), fils d'Hamilcar Barca. Élevé dans la haine des Romains, il est proclamé chef par l'armée et accepté par le sénat de Carthage, en 221.  
L'ennemi des Romains : De 221 à 219, il élargit les conquêtes puniques à l'ouest de l'Èbre. Puis il attaque Sagonte, alliée de Rome (219 av. J.-C.) déclenchant la deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.). Laissant son frère Hasdrubal en Espagne, il gagne l'Italie avec une forte armée par voie de terre. Franchissant les Pyrénées et les Alpes, il perd la moitié de ses troupes et tous ses éléphants, sauf un. Il bat pourtant les Romains au Tessin et à la Trébie (218), traverse l'Apennin et remporte les victoires de Trasimène (217) et de Cannes (216). Il tente vainement de surprendre Rome puis, après des combats dans le sud de l'Italie - où il a soulevé les cités grecques contre Rome -, il doit se rembarquer pour Carthage (203) à la suite du débarquement de Scipion en Afrique. Vaincu à Zama (202), Hannibal fait accepter par Carthage les propositions de paix de Scipion. Nommé suffète (magistrat suprême), il entreprend la restauration de l'État carthaginois et noue des alliances en Orient contre Rome. Dénoncé par ses ennemis politiques aux Romains, il s'enfuit et se réfugie d'abord à la cour d'Antiochos III, qu'il pousse à la guerre contre Rome. Après la défaite de ce dernier, il se rend finalement auprès de Prousias de Bithynie. Les Romains ayant obtenu qu'il leur soit livré, Hannibal s'empoisonne.  
Le stratège : Hannibal fut l'un des plus grands esprits stratégiques de l'Antiquité. La bataille de Cannes reste pour les théoriciens militaires un exemple constamment étudié. Face à une infanterie romaine deux fois supérieure en nombre, Hannibal combina l'avantage de sa supériorité en cavalerie à un dispositif complexe, au centre, de son infanterie (Gaulois, Ibères, Africains). Par une rapide manœuvre d'enveloppement, il enserra l'ennemi comme dans une nasse, où celui-ci se fit massacrer en pure perte.

[70] Bataille de Cannes : victoire d'Hannibal sur les Romains en Apulie (contrée de l'ancienne Italie méridionale, colonisée par les Grecs, qui y fondèrent Tarente (v. 708 av. J.-C.), et formant aujourd'hui la Pouille à l’extrême sud-est de la botte italienne), au cours de la deuxième guerre punique, en 216 av. J.-C.

[71] Capoue (en italien Capua) : ville d'Italie (en Campanie, au sud de Naples), sur le Volturno ; 17 967 hab. (Capouans). Hannibal s'en empara (215 av. J.-C.) ; son armée, affaiblie par le luxe de la ville (délices de Capoue), y perdit sa combativité.