PLATON ET LA RÉPUBLIQUE

SON TEMPS - SA VIE - SA PENSÉE - SES ŒUVRES - INTRODUCTION AU LIVRE VII

PREMIÈRE PARTIE : LA GRÈCE ANTIQUE

Platon est l’un des plus grands philosophes de l'humanité dont l'influence a été considérable sur les penseurs de la chrétienté et de la modernité occidentales et dont l'œuvre continue de nourrir nos interrogations.

Mais c'est d'abord un philosophe grec dont la pensée et la vie ne peuvent être étudiées qu'à la lumière de leur contexte de civilisation. Il convient donc, dans un premier temps de rappeler les éléments fondamentaux de cette civilisation.

I - NAISSANCE ET ORIGINALITÉ DE LA CIVILISATION GRECQUE

La civilisation grecque est à compter parmi ces nombreuses civilisations qui ont fleuri dans le Bassin méditerranéen du IVe au Ier millénaire avant Jésus-Christ (civilisations égyptienne, babylonienne, hébraïque, crétoise, phénicienne, perse). La civilisation crétoise du IIIe millénaire a inspiré la civilisation mycénienne du peuple achéen établi dans la péninsule grecque vers les années 1500 avant J.-C., elle-même l'ancêtre de la civilisation de la Grèce classique. Au XIe-Xe siècles, les Achéens sont chassés par les Doriens : Achéens et Doriens forment les deux rameaux du peuple hellène, autre nom du peuple de la Grèce antique.

La Grèce est un pays montagneux, aride, aux régions intérieures difficilement accessibles les unes aux autres, formant autant de régions distinctes et originales. En revanche, elle offre à la mer un rivage accidenté, long de 10 000 Km, environné d'une multitude d'îles. Sa richesse ne lui viendra pas tant de ses terres que de son commerce et de son activité maritime : les Grecs ne tardent pas, en effet, à conquérir de nombreuses îles et de nombreux territoires de l'Asie Mineure jusqu'au sud de l'Italie.
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Aussi les Grecs étaient-ils, dès le début, comme éparpillés sur les bords de la Méditerranée dans de petits pays différents formant autant de cités indépendantes, souvent rivales. Chaque cité avait ses mœurs, ses coutumes, son mode de vie économique et politique particuliers.
Mais une communauté de langue, de religion - en dépit des dialectes ou des cultes locaux - unissait les Grecs et leur donnait conscience d'appartenir à un seul peuple auquel ils opposaient indistinctement les Barbares (c'est-à-dire ceux qui ne parlent pas grec). Des sanctuaires communs (Delphes, où l'on venait consulter l'oracle, Épidaure où l'on espérait obtenir la guérison de ses maladies) ainsi que des jeux panhelléniques, comme les célèbres jeux olympiques, étaient autant de lieux de rencontre et de liens entre les Grecs.
Ci-dessus, quelques-uns des grands centres du monde grec au Ve siècle av. J.-C.
Un patriotisme commun réussit à les unir contre l'envahisseur perse, au moment des guerres médiques, mais ne parvint pas à les empêcher de s'entredéchirer dans les guerres entre cités.

C'est d'abord en Ionie (région d'Asie Mineure) que surgirent les premières manifestations du génie grec avec, au IXe siècle, les poèmes homériques (l'Iliade[1] et l'Odyssée[2]), puis, aux VIIe et VIe siècles, des artistes peintres, sculpteurs, céramistes originaux et, surtout, les premiers grands noms de la philosophie et de la science grecques : Thalès[3], Anaximandre[4], Héraclite[5], Xénophane[6], Parménide[7]...
La Sicile et le sud de l'Italie constituent également, au VIe siècle, des centres culturels importants où de grands philosophes dispensèrent leur enseignement : Pythagore[8] à Crotone, Empédocle[9] à Agrigente. Ces philosophes, dits présocratiques, inauguraient une réflexion rationnelle sur la nature qui ne puisait plus son inspiration dans la mythologie et la théologie. De leurs écrits il ne reste que de rares fragments isolés. Mais leurs œuvres et leurs enseignements ont influencé à divers titres la pensée de Platon.

Simultanément, sur le territoire même de la Grèce, art et littérature se développaient : en Béotie, patrie d'Hésiode[10] (VIIIe siècle) et de Pindare[11] (VIe siècle) ; et surtout en Attique, à Athènes qui s'imposera politiquement, économiquement, culturellement à l'ensemble du monde hellénique au Ve siècle, pour rester jusque sous l'Empire romain une véritable capitale culturelle.

II - ATHÈNES AU Ve SIÈCLE

Au Ve siècle, Athènes attire ou fournit au monde grec peintres, sculpteurs, architectes, mais aussi poètes, dramaturges, historiens, orateurs, moralistes, philosophes, et déploie ainsi une activité culturelle intense, créatrice de genres nouveaux (tragédie, comédie, art oratoire, histoire...) dont l'Occident moderne est encore tributaire.

Que l'on rappelle seulement quelques grands noms : Eschyle[12], Sophocle[13], Euripide[14] pour la tragédie, Aristophane[15] pour la comédie, Hérodote[16], Thucydide[17] pour l'histoire. Les philosophes Anaxagore[18] et Démocrite[19] viennent enseigner à Athènes, ainsi que les Sophistes, contre lesquels Platon se posera en adversaire résolu (voir plus loin). Socrate est un Athénien. Platon et Aristote aussi, mais ils appartiennent déjà en partie, sinon entièrement au IVe siècle, ainsi que Xénophon[20] et les orateurs Isocrate[21] et Démosthène[22].

A - Une cité démocratique

D'où venait cet éclat artistique et intellectuel d'Athènes ? De sa suprématie économique et politique, mais aussi de son régime démocratique.

Athènes possédait dès le VIe siècle une puissance maritime incontestable qui lui permettait d'importer de nombreuses richesses, suppléant à la modicité de ses ressources agricoles (par exemple le blé), et d'être un centre d'échange commercial du monde méditerranéen, d'accueillir une population nombreuse et active, et de développer un artisanat diversifié et riche.

La démocratie athénienne n'a été instaurée que progressivement après le renversement de la royauté par diverses tyrannies successives. - Solon[23], Pisistrate[24], Clisthène[25] - qui ont contribué chacune à jeter les bases d'une constitution favorisant le petit peuple contre l'aristocratie, à l'origine support de la royauté.

Le régime démocratique d'Athènes répond à une crise économique et politique qui secoua d'ailleurs l'ensemble du monde grec : l'intense activité économique (artisanale, minière...) et commerciale, l'apparition de la monnaie eurent pour conséquences un appauvrissement des paysans dont les terres appartenaient à des familles aristocratiques qui cherchèrent à en tirer le maximum de profit, et, d'autre part, un accroissement des classes moyennes (artisans, commerçants). Les paysans appauvris et endettés et une population urbaine active s'opposèrent à la domination politique des vieilles familles nobles qui se partageaient les terres de l'Attique - ce qui n'empêcha pas beaucoup des membres de ces familles de s'enrichir en s'orientant dans le commerce et le grand artisanat et de rester des politiciens influents.

B - Les institutions athéniennes

Comment cette démocratie fonctionnait-elle ? Il s'agissait d'une démocratie directe : les citoyens - c'est-à-dire les Athéniens, de parents athéniens, de condition libre, c'est-à-dire le peuple d'Athènes sans les athéniennes, les métèques et les esclaves - décidaient de leur destin politique en étant tenus de participer à l'Ecclésia, assemblée où l'on votait à mains levées les lois, lois qui avaient aussi bien attrait à l'administration et à la gestion de la ville, qu'à l'organisation du commerce, au montant des taxes, ou ravitaillement du blé. On y décidait aussi de la guerre et de la paix et de tout ce qui concernait les affaires étrangères. On décidait du sort de ceux que l'on jugeait coupables envers l'État (de traîtrise ou d'impiété...) ; enfin on y élisait un certain nombre de magistrats. Les prérogatives de cette assemblée populaire étaient donc autant législatives qu'exécutives ou judiciaires.

Outre l'Ecclésia, une assemblée de 500 membres tirés au sort (après candidature) pour un an : la Boulê, sorte de conseil permanent veillant au bon fonctionnement des institutions et au déroulement de la vie politique, économique, religieuse, chargé de l'exécution des lois ainsi que de la préparation de projets de lois à soumettre à l'Ecclésia. Le président de la Boulê était renouvelé chaque jour.

Beaucoup d'institutions, comme le tirage au sort, la limite en durée de nombreuses charges et aussi la mesure d'ostracisme (bannissement pour dix ans d'un homme politiquement trop influent) tendaient toutes à préserver le régime de la tyrannie. Cependant, ceux qui devaient remplir des magistratures exigeant une certaine compétence, comme celle de chef militaire ou stratège, étaient élus pour un an et rééligible. C'est ainsi que Périclès fut réélu comme premier stratège 21 ans durant.

Autre particularité de la démocratie athénienne : la justice populaire, rendue par le tribunal de l'Héliée dont les membres - les Héliastes - étaient entièrement tirés au sort (leur nombre s'élevait à 6 000, qui se répartissaient en tribunaux divers généralement composés de 500 membres). Les juges, après avoir entendu l'accusation et la défense, décidaient du sort de l'accusé par vote individuel et secret.

C - Supériorité culturelle et politique d'Athènes

Mais on n'aurait aperçu qu'un aspect partiel de la démocratie athénienne en ne considérant que ses institutions politiques. Ce régime permettait aux talents artistiques de s'épanouir librement :les artistes n'étaient pas inféodés à un prince ou à un tyran. Outre l'activité civique des citoyens, l'ensemble de la population athénienne (hommes et femmes libres, métèques - étrangers vivant dans une cité grecque -, voire esclaves) participait activement aux manifestations religieuses (sacrifices, processions solennelles, danses...) et, en particulier, assistait aux représentations théâtrales données à l'occasion des fêtes en l'honneur de Dionysos, désignait le vainqueur des concours organisés pour départager le meilleur auteur dramatique. C'est ainsi que Sophocle a été couronné 20 fois.

A la supériorité économique et culturelle d'Athènes s'ajoute sa suprématie politique au Ve siècle, qui lui a été assurée en particulier par le succès des guerres médiques[26] (- 499 - 477).
C'est aux Athéniens - bien que les Spartiates s'engagèrent aussi dans le combat contre les Perses - que l'on doit la victoire sur terre, de Marathon (- 490), sur mer, de Salamine (- 480), ainsi que celle de Platée (- 477), victoires qui ruinèrent les visées de Xerxès sur la Grèce. Athènes, renforcée par la flotte que lui avait fait construire Thémistocle[27], fût, entre - 449 et - 429, période durant laquelle la vie politique fut dominée par la haute figure de Périclès[28], la cité la plus puissante du monde grec. Et Périclès fit construire monuments et temples qui contribuèrent à augmenter l'éclat de la cité.

Sa supériorité maritime et ses victoires placèrent Athènes à la tête d'une confédération de cités alliées auxquelles elle assurait sa protection militaire. Mais Athènes ne cessa de rendre cette tutelle plus onéreuse par les tributs (ce qu'un État paie ou fournit à un autre État pour marquer sa dépendance) qu'elle exigeait en échange, et par les vexations qu'elle imposa aux cités réticentes.

Lasses de cette domination et jalouses de la supériorité d'Athènes, beaucoup de ses alliées se liguèrent contre elle en s'appuyant sur sa grande rivale : Sparte.

Aussitôt le monde grec fut divisé en deux : les partisans d'Athènes et les partisans de Sparte, division à laquelle se superposait celle entre partisans de la démocratie et partisans de l'aristocratie.

 

III - SPARTE, RIVALE D'ATHÈNES. LA GUERRE DU PÉLOPONÈSE (- 431 - 404)

Le régime de Sparte, contrastait en tout point avec celui d'Athènes et faisait, à Athènes, l'admiration des ennemis de la démocratie, comme Xénophon et... Platon.

Sparte, capitale de la Laconie (contrée du sud-est du Péloponnèse), pays des Lacédémoniens (de Lacédémone, l’autre nom de Sparte), tenait, disait-on, ses lois rigoureuses de Lycurgue qui aurait vécu au IXe siècle, lois qui seraient restées inchangées depuis lors.

Deux rois se partageaient la direction de la cité. Leurs attributions étaient surtout militaires, judiciaires et religieuses. Ils étaient assistés par l'imposante geronsia(conseil de vieillards issus des vieilles familles nobles de Sparte) qui, outre des fonctions judiciaires, préparait les lois qu'elle soumettait à l'assemblée des citoyens dont la voix était purement consultative. Il semble que le pouvoir appartenait surtout à cinq Éphores - élus et renouvelés annuellement - chargés de l'exécution des lois, et du contrôle de l'ensemble de la vie de la cité, y compris de la manière dont se comportaient les rois.

Les citoyens spartiates - encore appelés les Égaux(tous les citoyens participent à la souveraineté populaire, on les appelle les homoioi, c'est à dire les "égaux" ou plutôt les "semblables" car il n'existe pas entre eux d'égalité économique et politique. Pour faire partie des homoioi, il faut être issu de l'union légitime de deux Spartiates. Les Égaux sont des guerriers qui ne pouvaient être ni ouvriers, ni commerçants)vivaient des activités artisanales et agricoles des Périèques(leur nom signifie ceux qui habitent autour. Ce sont des hommes libres, disposant de leurs propres terres et exerçant leur droit de cité dans leurs bourgades dans les régions montagneuses. Les Périèques paient l'impôt à Sparte et sont membres de l'État lacédémonien mais ils n'ont pas de droits politiques, ni la plénitude des droits civils. Ils ne peuvent être magistrats, ni même participer à l'assemblée), et surtout du travail des Hilotessur les terres qui appartenaient aux Spartiates. (Les Hilotes sont asservis en bloc mais possédés individuellement : l'hilote a un maître, mais ce maître ne peut ni le vendre, ni le chasser, ni - en théorie, mais pas en pratique - le maltraiter ou le tuer, il ne peut l'affranchir. Les Hilotes appartiennent à l'État : esclaves de la communauté mis à la disposition des citoyens, liés à un domaine. L'hilote a une famille, il dispose d'une maison) Ces paysans asservis, durement traités par leurs conquérants et leurs maîtres, menaçaient par des révoltes fréquentes la sécurité de l'État lacédémonien. Il semble que le régime de Sparte en soit resté à des cadres anciens et rigides, là où au contraire, les institutions athéniennes avaient subi le contrecoup des bouleversements sociaux et économiques. La cité de Sparte, d'économie essentiellement agricole avec un artisanat peu développé et une activité artistique et intellectuelle quasi inexistante, était en revanche, sur le plan militaire une « grande puissance ».

Le citoyen spartiate consacrait tout son temps à sa formation de soldat. Le jeune Spartiate, que l'on séparait très tôt de sa famille, recevait une éducation intellectuelle très rudimentaire en comparaison de celle du jeune Athénien. Entraîné à souffrir toutes sortes de privations (froid, faim, douleurs...), rompu à toutes sortes d'exercices de gymnastique, de lutte, de combat, on le préparait à devenir un guerrier redoutable. Adulte, il participait aux repas en commun ; il vivait le plus clair de son temps en communauté avec ses compagnons, comme s'il était sans cesse en campagne militaire.

Platon se souviendra, dans son projet de cité idéale de la République, de la division des tâches - économique pour les uns et militaire pour les autres - et de la vie communautaire des citoyens-guerriers qui caractérisaient le régime de Sparte.

Le conflit entre Sparte et ses alliés d'un côté, Athènes et les siens de l'autre, fut l'origine des guerres du Péloponnèse.

Elles éclatèrent deux ans avant la mort de Périclès (- 429). Athènes réussit à maintenir sa prépondérance sur mer, sans pouvoir contenir les Spartiates sur terre (les Spartiates refoulèrent les habitants de la campagne attique dans les murs d'Athènes, ce qui favorisa l'épidémie de la fameuse peste d'Athènes en 428), jusqu'à la paix de Nicias signée en - 421, paix qui se voulait durable.

Mais en - 415 le peuple athénien se laissa entraîner dans les ambitieux projets d'Alcibiade[29] : conquérir la Sicile afin d'affermir l'empire maritime d'Athènes. La Sicile s'aidant de l'appui de Sparte parvint à décimer, devant Syracuse, la flotte athénienne.

Et de - 413 à - 404, Athènes, abandonnée par ses alliés et, pendant un temps, par Alcibiade qui rejoindra Sparte, se trouvant face à une armée spartiate solidement commandée par Lysandre[30], essuiera échec sur échec avant de capituler en - 404.

Sparte s'abstint de réduire en esclavage sa rivale, mais Athènes dut abattre les fortifications que Thémistocle avait fait construire au début du siècle et qui l'avaient longtemps préservée de la défaite ; elle dut aussi rappeler ses exilés.

Les bannis du régime, du parti aristocratique, une fois revenus d'exil, formèrent avec l'appui de Lysandre le gouvernement des Trente[31], tyrannie odieuse et impopulaire qui fut rapidement renversée et la démocratie fut restaurée en - 403.

IV - DÉCLIN DE LA GRÈCE AUX IVe ET IIIe SIÈCLES

La prépondérance de Sparte (- 404 - 371) ne dura que peu de temps. Les cités soumises d'Athènes et de Thèbes avec la complicité du roi de Perse se soulevèrent contre Sparte, d'abord sans résultat. Sparte occupa Thèbes en guise de représailles, mais les Thébains, Épaminondas[32] et Palopidas, réussirent à chasser les Spartiates de la cité, à les vaincre en Laconie et à imposer à leur tour la domination de Thèbes sur l'ensemble des cités grecques. Domination également éphémère (- 371 - 362).

L'ensemble du monde grec était en réalité affaibli par les guerres sans cesse renaissantes. Le régime de Sparte perdit beaucoup de sa rigueur. Le patriotisme des uns et des autres s'émoussait. La corruption grandissait. La dévastation des campagnes pendant les conflits avait contribué à affamer les populations, à appauvrir les paysans et à raviver les conflits sociaux.

L'épuisement et les rivalités des cités grecques favorisèrent les desseins du roi Philippe II[33] de Macédoine, région qui se situe au nord de la Grèce, à demi grecque, à demi barbare. Philippe réussit lentement à imposer sa domination sur toute la Grèce, et la fougue de Démosthène[34], s'efforçant de ranimer le civisme de ses concitoyens d'Athènes, ne suffit pas à contenir la progression de Philippe, qui finit par écraser les armées athéniennes et thébaines à la bataille de Chéronée (-338).

Son fils Alexandre III le Grand[35] (356-323. roi de Macédoine (336-323)) étendit cette domination en Asie Mineure, en Perse et partit à la conquête de l'Asie. Conduisant ses armées jusqu'en Inde, il édifia ainsi un immense empire, s'efforçant d'unir Grecs et Barbares dans l'administration de cet empire.

La conquête d'Alexandre avait contribué à l'expansion de la civilisation grecque dans tout le Moyen Orient. Cette expansion coïncide avec l'époque que l'on appelle communément « période hellénistique » ou encore « alexandrine » - riche encore en poésie, en philosophie et dans maints domaines de la science : en astronomie, en médecine, en physique (Archimède[36]), en mathématique (Euclide[37]).
Athènes contribua à être le centre d'une vie culturelle importante : Zénon de Kition (ou Citium) crée l'école stoïcienne[38] appelée à une longue postérité, Épicure[39] enseigne la doctrine qui porte son nom, l’Épicurisme, tandis que l'Académie fondée par Platon et le Lycée par son disciple Aristote, poursuivent leurs activités philosophiques et scientifiques. Cependant de nouvelles cités attirent artistes, lettrés, savants : Alexandrie (en Égypte) (avec la fameuse bibliothèque détruite en - 48) en particulier, Antioche (en Syrie), Pergame (en Asie Mineure).

Les cités grecques ne réussirent pas, malgré des efforts renouvelés, à s'affranchir de la tutelle macédonienne. Elles en furent libérées par les Romains (- 196) mais c'était pour ne plus constituer bientôt qu'une province romaine (- 156).

DEUXIÈME PARTIE : PLATON, UN PHILOSOPHE EN LUTTE CONTRE LA DÉCADENCE

Platon est né en - 428 (ou - 427) et meurt en - 348 (ou - 347). Sa naissance suit d'un an ou deux la mort de Périclès (- 429). Elle survient quand sonne la fin de l'apogée athénienne. Platon, dans sa jeunesse, est le témoin des guerres du Péloponnèse, de l'effondrement d'Athènes, et, au début du IVe siècle, de l'affaiblissement de Sparte, de la décadence de l'ensemble des cités grecques. Platon ne meurt que dix ans avant l'achèvement de la conquête de la Grèce par Philippe de Macédoine.
L'ensemble de son œuvre se ressent de son regard et de son jugement sur la décadence de la cité grecque. Dans la République, Platon décrit le projet d'une cité modèle d'où est extirpé tout ce qu'il pense être les germes de corruption et d'affaiblissement d'une cité.

Son témoignage est d'autant plus instructif que tout destinait Platon à une carrière politique. Il était en effet issu d'une des familles les plus illustres d'Athènes. Son père Ariston, qui avait été un fidèle de l'entourage de Périclès, descendrait du dernier roi d'Athènes, Cedrus. Sa mère, Perictonè, appartenait également à une vieille famille : un de ses ancêtres était un ami du grand législateur Solon. Elle était cousine de Critias, un des membres du gouvernement des Trente, installé après la capitulation d'Athènes devant Sparte, et sœur de Charmide[40] auquel ce même gouvernement avait confié des fonctions importantes (commissaire du Pirée).

Voici ce qu'écrit Platon dans la Lettre VII : « Au temps de ma jeunesse, j'eus la même ambition que beaucoup de jeunes gens. Je me promis, dès le jour où je serais maître de mes actions, d'entrer sur le champ dans la carrière politique. » Or, une série d'événements le détournèrent de la politique à laquelle il préféra la quête philosophique :

- d'abord la fréquentation de Socrate, qui lui fit découvrir le royaume de la philosophie.

- ensuite l'échec du gouvernement des Trente, dans lequel étaient impliqués des proches de sa famille, et qui se comporta d'une manière despotique et sanguinaire (responsable de 1 500 exécutions sommaires en moins d'un an) ; échec d'autant plus cruellement ressenti par Platon que, comme l'ensemble de son milieu, il était du parti aristocratique et un admirateur de Sparte.

- enfin et surtout (quelques années après le gouvernement des Trente, en - 399, alors que la démocratie avait été restaurée) la condamnation à mort du sage Socrate : le philosophe est incompris par ses concitoyens. Philosophie et participation aux affaires de la cité paraissent dorénavant incompatibles pour Platon.

I - LE JEUNE PLATON CONFRONTÉ À L'INFLUENCE DES SOPHISTES

Quelle éducation Platon reçut-il dans sa jeunesse ? Ce fut d'abord l'éducation de tout jeune athénien : apprentissage de la poésie (Homère, en particulier), de la musique : flûte, cithare (poésie et musique se complétaient l'une l'autre. La récitation de poèmes s'accompagnait de cithare ou de flûte. La tragédie laissait une large place à des parties chantées), de la gymnastique. Mais aussi celle que lui offrait son milieu et qui lui permit sans doute d'acquérir une formation intellectuelle diversifiée et solide, de se familiariser avec les mathématiques, l'astronomie, avec les conceptions physiques des philosophes présocratiques. Il est possible qu'il ait reçu des leçons d'un sophiste qui paracheva sa formation philosophique, politique et rhétorique (l’art de bien dire).

Qui étaient les sophistes ? Des conférenciers itinérants, originaires la plupart de Sicile, attirant partout de nombreux auditeurs, en particulier à Athènes où l'on était réputé pour priser le verbe et la discussion, et où Platon et la jeunesse dorée athénienne, en quête de beaux discours, ne devaient manquer aucune occasion d'aller les écouter.

Les parents, qui en avaient les moyens, pouvaient confier le soin de parfaire l'éducation de leurs fils à des sophistes qui se chargeaient de leur enseigner la rhétorique et, d'une manière générale, tout ce qui leur permettrait de devenir des hommes politiques accomplis.

Dans un régime démocratique comme celui d'Athènes, la parole était souveraine. Il fallait oser prendre la parole à l'assemblée ; il fallait savoir se défendre dans les tribunaux. Or, les sophistes enseignaient l'art de parler et de discourir, l'art de persuader de la vérité d'une thèse aussi bien que de celle de la thèse contraire. Nombre d'entre eux ont laissé des ouvrages de rhétorique, ou traités d'éloquence.

Certains sophistes avaient acquis une grande notoriété, non seulement à titre de rhéteurs, mais aussi à titre de philosophes. Ainsi de Protagoras[41], Gorgias[42], Hippias[43]... Leurs conceptions philosophiques ont ceci de commun qu'elles mettent en question l'existence de vérités objectives.

« L'homme est la mesure de toutes choses », nous dit Protagoras, « de ce qui est et de ce qui n'est pas » : de ce qui est vrai et de ce qui ne l'est pas, de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas. Les dieux semblent exister pour les uns et ne pas exister pour les autres. La terre semble plate pour les uns et ronde pour les autres. D'ailleurs sur les secrets de la formation et de la structure de l'Univers, les philosophes et les savants, de Thalès à Empédocle, ne se sont-ils pas tous contredits ? La justice c'est ce qui apparaît juste aux hommes, c'est-à-dire à la plupart dans une Cité - la démocratie est ainsi justifiée. Il n'y a pas de vérités dans le domaine de la connaissance de la cosmologie, ni non plus dans le domaine de la morale et de la politique... qui s'imposent à l'homme et avec lesquelles l'homme doit se mesurer : c'est l'homme qui est la mesure des vérités et des valeurs.

Le relativisme de Protagoras devient scepticisme radical chez Gorgias : il n'y a pas de vérité du tout. Ce qui « est»n'est jamais identique à « ce qui est dit ». S'il est une vérité, elle est inconnaissable, si elle est inconnaissable, le discours est roi. Ce qui est vrai c'est donc ce que je parviens à persuader comme étant vrai.

Le relativisme de Protagoras est accentué par d'autres sophistes dans le domaine moral et politique : les lois dictant ce qui est juste ne sont que des inventions des hommes pour contrecarrer leurs égoïsmes naturels. Il n'y a pas de justice « naturelle », universelle, immuable (Hippias) ; les prescriptions de justice ne sont que des conventions arbitraires changeant de cité à cité, nécessaires mais sans fondement dans la nature des choses. De même les dieux sont une invention des hommes, et les cultes purement conventionnels, utiles pour consolider les institutions de la Cité (Antiphon[44], Critias[45]).

Cette philosophie aboutit à ceci que dans la cité, peu importe la moralité civique, religieuse, admise ou inculquée, tout cela n'est que conventions s'opposant à la nature de l'homme : l'égoïsme est naturel, le désir de puissance est naturel (Thrasymaque[46]).

Et la politique est naturellement une affaire de puissance et non de morale. Or la parole est une puissance. Il est donc naturel que le plus habile orateur, le plus persuasif l'emporte.

Pas de justice, pas de vérité au-dessus des hommes, seulement des volontés de puissance qui parviennent à s'imposer grâce aux discours. Telle est finalement « l'idéologie » des sophistes, idéologie qui légitime l'importance de la rhétorique et de son enseignement, mais, plus grave, qui signifie l'usage des institutions démocratiques en vue de faire triompher ses ambitions personnelles, et, donc, qui justifie la démagogie.

Cette mentalité gagnait largement les couches favorisées, et donc le milieu dans lequel évoluait Platon. Pourtant Platon s'en démarqua totalement... La rencontre de Socrate[47] fut à cet égard décisive.

II - LA DÉCOUVERTE D'UN AUTHENTIQUE PHILOSOPHE : SOCRATE

Le jeune Platon fut séduit par cet homme sans cesse en conversation dans les ruelles d'Athènes avec jeunes et moins jeunes et que les gens devaient prendre pour un sophiste, pour un beau parleur et un habile raisonneur.

Tout cependant le différenciait des sophistes : bien loin d'être un conférencier itinérant venu de l'étranger, il était citoyen d'Athènes, et ne quitta jamais les murs de sa ville (sinon comme soldat). Loin de chercher à se faire applaudir par de belles prestations oratoires, il interrogeait passants, jeunes gens, boutiquiers, artisans, hommes politiques, poètes...

Socrate affirmait qu'il n'y avait qu'une chose qu'il savait, c'est qu'il ne savait rien. Et en interrogeant les uns et les autres, il attendait d'eux qu'il leur apportât quelque savoir. Or il constatait que ses interlocuteurs étaient aussi ignorants que lui ; mais, plus grave, ils croyaient savoir quelque chose alors que lui était au moins conscient de ne rien savoir, et telle était en tout cas sa supériorité sur eux. Certes un forgeron en savait davantage que lui sur l'art de forger le métal, un tisserand sur l'art de tisser, etc. Mais sur cette question fondamentale : qu'est-ce que le bien? - entendons - qu'est-ce qui est « bien » dans l'existence d'un homme, qu'est-ce qui doit être la fin de cette existence - les hommes paraissent se contenter de la plus complète ignorance.

Socrate pensait être investi d'une mission divine. L'oracle de Delphes ne lui avait-il pas dit qu'il était le plus sage des hommes ?

Il existe en effet un savoir divin en chacun de nous ; un savoir de ce qui est bien, de ce qui doit éclairer notre conduite. Le méchant est un ignorant. Mais l'ignorance se présente le plus souvent comme sûre d'elle-même, alors que la reconnaissance de son ignorance constitue le début de la sagesse.
Se savoir ignorant, c'est se rendre disponible à la découverte de la connaissance de la vérité et du bien qui est en nous : connaissance de ce qu'est la vertu, le courage, la justice, la piété, etc.

A - La maïeutique

Extirper de l'âme cette sagesse divine qu'elle porte en elle, tel est le but de la mission dont Socrate se pense investi par le Dieu. De même que sa mère Phénarète, sage-femme, accouchait les corps, - se plaisait-il à dire - il accouchait les âmes. D'où le nom de maïeutique (en grec maieuesthai = accoucher) donné à la méthode socratique.

En quoi consistait cette méthode ? Socrate en interrogeant ses interlocuteurs feint, quant à lui, de ne rien savoir. Aussi coupe-t-il court aux longs développements brillants et exige-t-il, du fait de l'ignorance et de la balourdise qu'il affecte, des explications précises et rigoureuses sur le sujet débattu. De fil en aiguille, à force de questions insistantes, apparemment futiles, il révèle à son interlocuteur les contradictions, les incertitudes de son langage et le met ainsi dans l'embarras. Si son contradicteur se met à douter de ses affirmations, s'il admet son ignorance, ou alors s'il s'agit d'un jeune homme, sans préjugé, sans prétention, plein de zèle pour la recherche de la vérité, dans ce cas Socrate les amène - en jouant toujours le rôle de l'ignorant qui questionne et jamais celui du maître qui donne les réponses - à découvrir par eux-mêmes la vérité dont leur esprit était riche.

Affirmation d'une vérité supérieure, d'une sagesse divine qui s'impose aux hommes : la sagesse socratique est à l'opposé du scepticisme ou du subjectivisme des sophistes pour lesquels il n'y a de vérité que celle que j'impose aux autres. Sans doute Socrate affirmait-il ne rien savoir. Mais le savoir que chacun peut tirer de son âme, il ne le tient pas de lui-même mais des Dieux.

On est donc également loin du scepticisme religieux ou de « l'agnosticisme » des sophistes. Les préceptes que Socrate faisait sien : « connais-toi toi-même », « rien de trop » étaient d'ailleurs ceux que l'on pouvait lire inscrits sur le temple de Delphes. « Connais-toi toi-même » : connais tes limites, mais aussi le trésor de sagesse qui est en toi. « Rien de trop » : chasse de toi la démesure de la volonté de puissance et des égoïsmes, qui, loin d'être naturels, contrecarrent l'ordre divin de la nature.

Cet enseignement purement oral de Socrate (et relativement difficile à reconstituer) eut une influence considérable sur la pensée de Platon.

Platon dut rencontrer Socrate vers l'âge de vingt ans (vers - 408). Il éprouva pour lui, comme d'autres jeunes de son milieu, une vive admiration. Socrate, en dépit de son apparence négligée, et d'un visage, parait-il, disgracieux, exerçait une étrange séduction sur ceux qui l'entouraient. Platon s'attacha à lui dix ans durant, jusqu'en - 399, date à laquelle Socrate a été condamné à mort.

B - Le procès de Socrate

Après la tyrannie cruelle des Trente, alors que la démocratie est restaurée (et bien que le nouveau régime fit preuve de modération pour assouvir les rancunes), le peuple gardait quelque ressentiment contre ceux dont il jugeait que l'influence avait été pernicieuse sur la vie morale et politique d'Athènes et dont la liberté de pensée et d'allure les rendaient coupables d'être des ennemis de la cité. Déjà furent accusés d'impiété Protagoras (en - 416) et Anaxagore (en - 431) (le premier fut même condamné à mort et réussit à s'enfuir ; le second s'exila lui-même d'Athènes). C'était le tour de Socrate.

Socrate fut accusé de ne pas croire aux dieux de la cité et de corrompre la jeunesse.

La volonté de Socrate d'être fidèle à la parole de l'oracle et de se mettre au service du Dieu (dont l'oracle était l'interprète) contredit le premier chef d'accusation.
S'il exerçait en outre un charisme sur la jeunesse et, parmi elle, sur un Alcibiade qui lança Athènes dans la désastreuse expédition de Sicile et sur un Charmide qui s'est compromis avec le régime des Trente, il ne leur avait pas enseigné la démesure, ni que l'injustice vaut mieux que la justice. D'ailleurs il refusa de se faire complice des iniquités de ce régime, qui lui avait demandé de prendre part à l'arrestation d'un innocent.

Celui dont Platon dit qu'« entre tous ceux qui de son temps il lui avait été donné de connaître, il fut le meilleur, le plus sage et le plus juste », fut condamné par l'Héliée à boire la ciguë. Condamnation injuste, insensée qui marqua profondément Platon, et orienta d'une façon décisive sa vie et sa pensée.

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[1] L'Iliade tire son nom du grec Iλιον (Ilion) qui signifie Troie. Elle est une épopée attribuée à l'aède (poète de la Grèce antique qui chantait ses œuvres) Homère. Elle est composée de 15 337 hexamètres dactyliques et, depuis l'époque hellénistique, divisée en 24 chants. Le texte a probablement été rédigé entre 850 et 750 av. J.-C. (dates déjà mentionnées par Hérodote), soit quatre siècles après les événements qu'il relate. Destinée à être récitée devant un public de guerriers, l'Iliade est d'abord une épopée militaire, où les scènes de combats et l'exaltation du courage occupent la première place. Le thème de la colère d'Achille permet d'unir les 24 chants et donne à l'œuvre sa tension dramatique. Agamemnon a ravi sa captive Briséis à Achille, qui, furieux, abandonne les Grecs devant les murs de Troie. Thétis, la mère d'Achille, obtient de Zeus que la victoire quitte le camp grec. Après un dénombrement détaillé des forces en présence, la lutte se déroule au rythme des combats singuliers, entre Ménélas et Pâris, Diomède et Énée, Hector et Ajax, puis des mêlées générales. Alors que les Troyens sont sur le point d'incendier la flotte grecque, Achille prête ses armes à Patrocle, qui, s'avançant témérairement, est tué par Hector. Pour venger son ami, Achille se fait forger par Héphaïstos de nouvelles armes, reprend le combat et tue Hector. Les deux derniers chants sont consacrés aux funérailles de Patrocle et d'Hector, dont Achille a rendu le cadavre au roi Priam. L'Iliade représente cependant moins le récit épique de l'affrontement des civilisations grecque et asiatique que le poème de la victoire de l'homme sur lui-même. Achille triomphe de sa colère, de son désespoir, de sa rancune contre Hector, et même de son destin, en acceptant la mort précoce qui lui a été prédite. Certaines scènes (l'apparition d'Hélène sur les remparts de Troie, les adieux d'Hector et d'Andromaque, les pleurs du roi Priam) introduisent dans l'action guerrière une note émouvante et les comparaisons pittoresques ou lyriques permettent constamment de varier le ton du récit.

[2] L'Odyssée : Le titre Odyssée (en grec ancien Ὀδυσσεία / Odusseía) est formé sur le nom grec d'Ulysse (Ὀδυσσεύς / Odusseús). C’est une épopée non plus guerrière et héroïque, comme l'Iliade, mais humaine et initiatique, où l'homme solitaire affronte les épreuves avec sa volonté, son intelligence et son adresse. Ce poème, lui aussi en 24 chants, est consacré au retour d'Ulysse dans son royaume d'Ithaque, après la guerre de Troie. Mais, au lieu d'évoquer de manière linéaire dix années d'errance, l'épopée, centrée sur les derniers jours du voyage, procède par retours en arrière et par le récit parallèle des aventures de Télémaque, fils d'Ulysse. Alors qu'à Ithaque les prétendants occupent le palais royal et demandent à la reine Pénélope de choisir parmi eux son nouveau mari, Télémaque se met en quête de son père auprès des rois Nestor et Ménélas. Les chants suivants relatent la navigation d'Ulysse entre l'île de la nymphe Calypso et les côtes des Phéaciens sur laquelle le jette la tempête. Accueilli par la fille du roi, Nausicaa, Ulysse raconte pendant un banquet ses pérégrinations, où, «  homme aux mille ruses  », il a dû affronter les Cyclopes, la magicienne Circé, une descente aux Enfers, les Sirènes, les écueils de Charybde et de Scylla, et la nymphe Calypso. Enfin, Ulysse aborde à Ithaque et retrouve son fils, dont il se fait reconnaître. Pénélope promet d'épouser celui qui pourra tendre l'arc de son époux ; aucun n'y parvient, sauf Ulysse, déguisé en mendiant, qui massacre les prétendants. Les retrouvailles des époux sont suivies d'une seconde descente aux Enfers et marquent le retour du calme à Ithaque. Comme dans l'Iliade, le recours au merveilleux n'est pas un simple artifice pour permettre au poète de dénouer une situation. L'intervention des dieux, qui sont animés de toutes les passions humaines, a même quelque chose de dérisoire face au dépassement par des mortels, comme Ulysse ou Achille, de leur condition.

[3] Thalès : astronome, mathématicien et philosophe grec (Milet, v. 625 av. J.-C. - v. 547 av. J.-C.). Grand voyageur, il aurait rapporté de Babylone et d'Égypte les éléments d'algèbre et de géométrie. On lui attribue certaines connaissances sur les rapports des angles avec les triangles auxquels ils appartiennent, l'affirmation, sinon la démonstration, de l'égalité des angles opposés par le sommet. Il aurait déterminé la hauteur d'un objet au moyen de son ombre, effectué la première mesure exacte du temps à l'aide du gnomon et indiqué comment mesurer la distance d'un navire au rivage. Il dut sa célébrité à la prédiction d'une éclipse de Soleil, vraisemblablement celle de 585 av. J.-C. Sa doctrine philosophique est fondée sur l'eau, élément premier qui donne naissance aux autres éléments. Elle constitue l'ébauche d'une science de la nature systématisée et donne, pour la première fois, une forme rationnelle aux croyances des vieilles cosmogonies orientales.

[4] Anaximandre : philosophe et astronome grec (Milet v.  610 av. J.-C. - v. 547). Il considérait que la Terre a la forme d'un disque. Il définit l'essence de l'Univers comme un ensemble indéterminé, qui contient en lui-même ses propres contraires. Pour lui, toute naissance est la séparation des contraires ; toute mort est leur réunion.

[5] Héraclite : philosophe grec (Éphèse v. 550 -v. 480 av. J.-C.). Sa philosophie repose sur le concept du mouvement, résultant, selon lui, de la contradiction entre deux états de la matière. Elle s'exprime dans une métaphore célèbre, celle du flux incessant des choses : «  On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.  »

[6] Xénophane : philosophe grec (Colophon fin du VIe s. av. J.-C.), fondateur de l'école d'Élée, qui faisait de l'Être un éternel absolu.

[7] Parménide : philosophe grec (Élée, Grande-Grèce, v.  515 - v. 440 av. J.-C.). Dans son poème De la nature, il formule la proposition qui fonde l'ontologie occidentale : «  l'être est  », ce qui veut dire «  l'être est un  ». Cette proposition n'a pas de sujet, ce qui constitue une critique radicale de la pensée d'Héraclite, selon laquelle l'«  être est en devenir continuel  ».

[8] Pythagore : mathématicien et philosophe grec (Samos v.  570 - Métaponte v.  480 av. J.-C.), fondateur d'une école mathématique et mystique. Les pythagoriciens, autour de lui et après lui, forment une secte scientifique, philosophique et religieuse. Pythagore admet la croyance en la transmigration des âmes (métempsycose). La morale des pythagoriciens consiste en une réglementation stricte des comportements et des tâches. Leur politique est théocratique, aristocratique et conservatrice. Le pythagorisme exerça une influence profonde jusque dans l'ésotérisme médiéval. «  Tout est nombre  » : les pythagoriciens voient dans les entiers le principe des choses. Cette conception repose sur l'observation qu'on peut produire des ensembles harmoniques (notamment en musique) par diverses combinaisons de nombres. Ainsi, tout triangle de côtés proportionnels à 3, 4 et 5 est rectangle ; ce théorème de Pythagore était cependant connu des Babyloniens un millénaire avant lui. On attribue aussi à Pythagore et à son école le théorème de la somme des angles du triangle, la construction de certains polyèdres réguliers, le début du calcul des proportions, lié à la découverte de l'incommensurabilité de la diagonale et du côté du carré (leurs longueurs ne peuvent s'exprimer par des multiples entiers d'une mesure commune). Cette découverte, qui ouvre une crise profonde des mathématiques, met fin à l'adéquation du monde aux nombres entiers et ne sera réglée qu'à la Renaissance avec la création des nombres irrationnels.

[9] Empédocle : philosophe grec (Agrigente Ve s. av. J.-C.). Chef du parti démocratique, il a élaboré une cosmogonie fondée sur les quatre éléments, l'air, le feu, l'eau, la terre, dont les rapports sont régis par l'Amour (Éros) et la Haine (Polémos). Le combat que se livrent ces deux principes est sans fin, mais l'apparition de l'homme sur la Terre marque une nette prédominance de la Haine. Empédocle a imaginé que les êtres vivants étaient apparus sur Terre suivant un certain ordre : les plantes, les animaux, puis l'homme. On a conservé d'importants fragments de son poème : De la nature.

[10] Hésiode : poète grec (Ascra, Béotie, milieu du VIIIe siècle av. J.-C.). Tenu par les Grecs pour l'égal d'Homère et le père de la poésie didactique, il donna avec les Travaux et les Jours un précieux document sur les techniques agricoles et les croyances populaires de l'époque archaïque. On lui a attribué aussi la Théogonie (ou Généalogie des dieux, poème mythologique en 1 022 hexamètres qui fait le récit de la création du monde, depuis le chaos initial, décrivant, à travers les règnes successifs des dieux Ouranos, Cronos et Zeus, le passage d'un univers fondé sur la violence à un monde de justice et d'harmonie. L'épisode consacré au mythe de Prométhée établit la fonction du sacrifice dans la séparation des deux domaines divin et humain) et le Bouclier d'Héraclès.

[11] Pindare : poète grec (Cynoscéphales 518 - Argos ? 438 av. J.-C.). De famille aristocratique, il fut l'hôte de plusieurs tyrans de Sicile et mourut comblé d'honneurs. Ses poésies appartiennent à tous les genres du lyrisme choral et développent, à travers des récits mythiques, une vérité religieuse et morale. Le seul recueil qui nous soit parvenu intact est celui des Épinicies, ou Odes triomphales : poésies lyriques dédiées aux athlètes vainqueurs. 

[12] Eschyle : poète tragique grec (Éleusis v. 525 - Gela, Sicile, 456 av. J.-C.). Combattant de Marathon et de Salamine, il fait partie de la génération qui consacre la gloire d'Athènes. Il commence très tôt à écrire pour le théâtre (Les Suppliantes, parmi les 7 pièces qui nous sont parvenues, dateraient de 490) mais ne remporte son premier succès qu'en 484. Le triomphe des Perses (tableau du désespoir de Xerxès à la suite du désastre de Salamine et célébration de la Grèce, qui a su abattre le Barbare. 472) consacre sa gloire. Eschyle vit désormais tantôt à Athènes, tantôt en Sicile, faisant jouer près de 90 drames, qui exploitent le domaine des vieux mythes (Prométhée enchaîné, entre 467 et 458), la théogonie, le cycle troyen, l'histoire des Argonautes, les légendes thébaines et argiennes (Les Sept contre Thèbes, 467 ; l'Orestie : trilogie dramatique comprenant les trois tragédies Agamemnon, les Choéphores, les Euménides dont les aventures d'Oreste sont le sujet :  fils d'Agamemnon, roi de Mycènes, et de Clytemnestre. Avec sa sœur Électre, il vengea son père en tuant Clytemnestre et son amant Égisthe. Mais il fut, pour cela, longtemps torturé par les Érinyes. Il aurait aussi délivré son autre sœur, Iphigénie, qu'Artémis retenait en Tauride. 458). Eschyle a donné à la tragédie grecque sa forme (introduction d'un second acteur, alternance du dialogue et des parties lyriques, détermination des costumes) et son esprit. Dans son théâtre, la démesure (hybris) conduit l'homme à l'erreur, mais la vengeance divine (némésis) rétablit la justice, garant de l'équilibre naturel et social. Eschyle constate aussi que, progressivement, aux vieilles lois rigides et impitoyables qui pèsent sur les hommes se substitue une justice plus équitable, sur laquelle se fondera la morale athénienne. 

[13] Sophocle : poète tragique grec (Colone, près d'Athènes, entre 496 et 494 av. J.-C.-Athènes 406 av. J.-C.). Ami de Périclès et d'Hérodote, citoyen accompli, il remporta au cours d'une carrière exceptionnelle plus de vingt «  victoires  », sans jamais descendre au-dessous du second rang. Sept tragédies, sur plus d'une centaine, et des fragments d'un drame satyrique, les Limiers, sont parvenus jusqu'à nous : Ajax (v. 445), les Trachiniennes (v. 445 ?), Antigone (v. 442), Œdipe roi (v. 425), Électre (v. 415), Philoctète (409), Œdipe à Colone (401). Il donna à la tragédie sa figure définitive : portant de 12 à 15 le nombre des choreutes (les choriste de théâtre), il ajouta un troisième acteur et substitua à la trilogie liée (trois épisodes du même mythe) la trilogie libre (chaque drame est autonome). L'action de ses tragédies est menée à son terme par la volonté et les passions du héros, individu exceptionnel qui, en lutte contre un destin qui l'accable, demeure libre.

[14] Euripide : poète tragique grec (Salamine 480 - Pella, Macédoine, 406 av. J.-C.). Sur les 92 pièces qu'il composa, un drame satyrique, le Cyclope, et 17 tragédies nous sont parvenus : Alceste (438), Médée (431), Hippolyte (428), les Héraclides (430-427), Andromaque (v.  426), Hécube (v.  424), Héraclès furieux (v. 424), les Suppliantes (v. 422), Ion (v. 418), les Troyennes (415), Iphigénie en Tauride (414), Électre (413), Hélène (412), les Phéniciennes (409 ou 408), Oreste (408), Iphigénie à Aulis (représentée en 405), les Bacchantes (sur la mort de Penthée, roi de Thèbes, déchiré par les Bacchantes pour s'être opposé au culte de Dionysos ; représentées en 405).  L'œuvre d'Euripide se caractérise par son souci de l'actualité, l'abondance de ses prologues, dans lesquels un dieu ou un héros vient raconter la pièce (Alceste, Hippolyte, Hécube, Ion), l'indépendance où ses chœurs sont placés par rapport à l'action, son goût pour les stratagèmes. «  Le plus tragique des poètes  », selon Aristote, recherche les effets de terreur et de pitié. La mort et la violence sont un des ressorts de sa tragédie : derniers moments d'Hippolyte (Hippolyte), horrible fin de Créon et de sa fille (Médée), meurtre de Néoptolème (Andromaque), folie d'Héraclès (Héraclès furieux), hallucinations d'Oreste (Oreste), transports de Cassandre (les Troyennes). Ces scènes contrastent avec des effets volontairement pathétiques, propres à émouvoir (Médée ou Andromaque devant leurs enfants, les implorations d'Hécube) ou qui mettent en relief de touchantes figures de femmes (Iphigénie, Polyxène, Alceste) d'une délicatesse inconnue chez Eschyle et chez Sophocle. Euripide vise à l'expression la plus naturelle des mouvements de l'âme d'êtres qui, le plus souvent, ne sortent pas du commun. Par ce dernier trait, en particulier, ses tragédies comptent parmi les œuvres les plus modernes de l'Antiquité. Elles influenceront profondément les écrivains classiques français.

[15] Aristophane : poète comique grec (Athènes v.  445 - v. 386 av. J.-C.). Ses onze pièces, dont le ton va de la bouffonnerie la plus grossière à la plus délicate poésie, sont pour la plupart inspirées par des questions d'actualité et défendent les traditions contre les idées nouvelles : il raille Socrate dans les Nuées, Euripide dans les Grenouilles, préconise une politique de paix dans les Acharniens, la Paix, Lysistrata, critique la justice athénienne dans les Guêpes, les utopies politiques de Platon dans l'Assemblée des femmes ; mais il sait aussi, comme dans les Oiseaux, faire la part de la féerie.

[16] Hérodote : historien grec (Halicarnasse v. 484 - Thourioi v. 420 av. J.-C.). Il entreprit de grands voyages en Asie, en Afrique et en Europe. À Athènes, il fut l'ami de Périclès et de Sophocle. Ses Histoires, la source principale pour l'étude des guerres médiques, mettent en lumière l'opposition du monde barbare (Égyptiens, Mèdes, Perses) et de la civilisation grecque.

[17] Thucydide : historien grec (Athènes v.  460 - apr. 395 av. J.-C.). Auteur de l'Histoire de la guerre du Péloponnèse (inachevée), il relate les faits avec rigueur et cherche à en expliquer les causes. À la différence de son prédécesseur Hérodote, il donne aux faits économiques et sociaux leur importance véritable.

[18] Anaxagore : philosophe grec (Clazomènes v.  500 av. J.-C. - Lampsaque v.  428). Selon Anaxagore, la nature est constituée d'un nombre infini d'éléments semblables, dont la composition est à l'origine de toute chose. Tout est dans tout et rien ne naît de rien. C'est l'esprit qui donne mouvement à l'ensemble de la chose matérielle, c'est-à-dire l'Univers, et l'esprit est lui-même conçu par Anaxagore comme une sorte de matière plus subtile.

[19] Démocrite : philosophe grec (Abdère v. 460 - v. 370 av. J.-C.). Il a rassemblé des disciples qui reçurent le nom d'«  école d'Abdère  ». Il est le principal fondateur du matérialisme et de l'atomisme. Les atomes, particules indivisibles, éternelles et invariables, se combinent dans un mouvement perpétuel. Selon Démocrite, «  rien ne naît de rien  ». L'âme est constituée d'atomes ; la connaissance est entièrement due aux sens, grâce à l'émanation issue des objets de particules qui frappent les sens.

[20] Xénophon : écrivain, philosophe et homme politique grec (Erkhia, Attique, v.  430 - v. 355 av. J.-C.). Il fut un des disciples de Socrate. Il dirigea la retraite des Dix Mille, dont il fit le récit dans l'Anabase. On lui doit des traités relatifs à Socrate (les Mémorables), des récits historiques (les Helléniques), des ouvrages d'économie domestique et de politique (l'Économique, la Constitution des Lacédémoniens), un roman historique (la Cyropédie).

[21] Isocrate : orateur grec (Athènes 436 -  id. 338 av. J.-C.). Il prêcha l'union des Grecs et des Macédoniens contre la Perse.

[22] Démosthène : homme politique et orateur athénien (Athènes 384 - Calaurie 322 av. J.-C.). À force d'étude et de ténacité, il réussit à surmonter sa difficulté d'élocution et à acquérir un remarquable talent oratoire qu'il emploie d'abord comme avocat puis, en politique, contre Philippe de Macédoine (Olynthiennes, Philippiques). De 340 à 338, Démosthène dirige la politique athénienne et obtient l'alliance de Thèbes, mais les Athéniens et les Thébains sont écrasés par Philippe à Chéronée (338). Exilé, Démosthène encourage la révolte des Grecs, après la mort d'Alexandre, mais s'empoisonne après leur défaite. Son œuvre d'orateur, riche d'une soixantaine de discours, demeure un modèle.

[23] Solon : homme d'État athénien (v.  640 - v. 558 av. J.-C.). Son nom est attaché à la réforme sociale et politique qui amena l'essor d'Athènes. Ayant accédé au pouvoir (594-593), il partage les citoyens en quatre classes censitaires. Les riches ont accès aux magistratures, les pauvres (les thètes) participent aux réunions de l'ecclésia (assemblée des citoyens) et siègent désormais à l'héliée (tribunal populaire). Il semble que Solon ait eu le souci de développer en Attique l'artisanat (en obligeant les pères à apprendre un métier à leur fils) et le commerce. Il figure au nombre des Sept Sages de la Grèce.

[24] Pisistrate : tyran d'Athènes (v. 600-527 av. J.-C.). Il établit la tyrannie en 560. Continuateur de l'œuvre de Solon, il encouragea le commerce et favorisa le développement de la petite paysannerie. Il donna à Athènes ses premiers grands monuments et développa les grandes fêtes religieuses en hommage à Athéna (Panathénées) et à Dionysos (Dionysies).

[25] Clisthène : homme d'État athénien (seconde moitié du VIe s. av. J.-C.). Initiateur d'importantes réformes, il institua à Athènes de nouvelles divisions territoriales de façon à renforcer, par un brassage des citoyens, l'unité de la cité. Il réforma le calendrier, l'armée et orienta définitivement les institutions athéniennes vers une véritable démocratie.

[26] Les guerres médiques : conflits qui ont opposé les Grecs à l'Empire perse. L'origine de ces guerres est le soutien apporté par Athènes à la révolte des Ioniens (d’Ionie : partie centrale de la région côtière de l'Asie Mineure. Les principales villes en étaient Éphèse, Milet, Phocée) (499), dont Darios vient à bout en 495. Pour assurer sa domination sur l'Égée, celui-ci s'attaque ensuite aux cités de la Grèce d'Europe. En 490 (première guerre médique), Darios traverse l'Égée et, malgré des forces importantes, est vaincu à Marathon. En 481 (seconde guerre médique), Xerxès, reprenant la politique de son père Darios, envahit la Grèce avec une formidable armée. Les Grecs tentent en vain de l'arrêter aux Thermopyles (août 480), et Athènes est prise et incendiée ; mais, grâce à Thémistocle, la flotte perse est détruite devant l'île de Salamine (sept. 480). Xerxès abandonne son armée, qui est vaincue à Platées (479). Les Grecs portent alors la guerre en Asie sous la direction d'Athènes et remportent les victoires du cap Mycale (479) et de l'Eurymédon (468). En 449, la paix de Callias entérine la liberté des cités grecques d'Asie.

[27] Thémistocle : général et homme d'État athénien (Athènes v. 528 - Magnésie du Méandre v. 462 av. J.-C.). Après avoir pris une part brillante à la victoire de Marathon (490 av. J.-C.), il fit d'Athènes la grande puissance navale du monde hellénique, aménageant Le Pirée et réorganisant la flotte. Par la victoire de Salamine (480), il délivra la Grèce du péril perse (guerres médiques). En butte à la malveillance de ses adversaires politiques et aux intrigues de Sparte, il fut banni, à l'instigation de Cimon (partisan d'un partage de l'hégémonie entre Sparte et Athènes), et se réfugia auprès d'Artaxerxés 1er (roi perse achéménide, fils de Xerxès 1er).

[28] Périclès : homme d'État athénien (v.  495 - Athènes 429 av. J.-C.). Le rôle de Périclès dans l'ascension politique et dans l'épanouissement culturel d'Athènes lui a valu de donner son nom au siècle le plus brillant de la Grèce classique, le «  siècle de Périclès  ». Le chef de la démocratie athénienne : Né vers 495 av. J.-C., il participe à la lutte contre l'Aréopage, aux côtés d'Éphialtès, chef du parti démocratique d'Athènes. Après l'assassinat de ce dernier, Périclès lui succède à la tête du parti et dirige l'État en tant que stratège, magistrature à laquelle il sera réélu au moins quinze fois entre 443 et 429. Il poursuit alors la démocratisation de la vie politique de la cité : l'archontat (dignité d'archonte, premier magistrat des républiques grecques) est ouvert à tous les citoyens, le tirage au sort est étendu à de nombreuses magistratures et une indemnité est versée aux détenteurs de fonctions politiques. Mais il institue les «  procès d'illégalité  » pour annuler les décisions de l'assemblée du peuple (ecclésia) qui iraient à l'encontre des lois existantes. L'hégémonie athénienne : Dans le conflit qui oppose à Athènes, Corinthe, Égine, Sparte et ses alliés, Béotiens (de Béotie : contrée de la Grèce ancienne, au nord-est du golfe de Corinthe, dont le centre principal était Thèbes) et Perses (459-446), Périclès dirige fréquemment les opérations militaires. Mais, après la paix de Callias avec les Perses (449) et la paix de Trente Ans avec Sparte (446), il ne compte plus que sur des méthodes pacifiques, sur le prestige de ses réalisations culturelles et sociales, pour imposer l'hégémonie athénienne aux cités grecques encore indépendantes. Athènes connaît alors l'apogée de sa civilisation : c'est l'époque de l'architecte Phidias, de Sophocle et d'Euripide, de l'enseignement des sophistes et de Socrate. Périclès fait également réaliser de grands travaux : fortifications du Pirée, travaux de l'Acropole. Ces énormes dépenses l'obligent à puiser dans la caisse de la Confédération athénienne, à faire peser l'impérialisme d'Athènes sur ses alliés et, pour cela, à développer dès 448-447 le système des clérouquies (colonies peuplées d'Athéniens) dans la Chersonèse (nom que les Grecs donnaient à plusieurs péninsules, dont la plus célèbre est la Chersonèse de Thrace (aujourd’hui  presqu'île de Gallipoli), en Eubée et dans les îles ; leur présence humilie les alliés. Mais Périclès réussit à briser leurs velléités d'indépendance. La guerre du Péloponnèse : Prévoyant le conflit avec Sparte, Périclès y prépare le camp athénien. Il serait à l'origine du décret qui, en interdisant les marchés de l'Attique et les ports de la Confédération aux Mégariens (de la ville de Mégare sur l'isthme de Corinthe. Prospère aux VIIe et VIe s. av. J.-C., elle fonda de nombreuses colonies, dont Byzance), provoque la guerre du Péloponnèse (431). Une opposition se manifeste, formée d'ennemis personnels et d'ambitieux déçus, d'oligarques groupés derrière Thucydide rentré d'exil ; des procès sont intentés à ses amis Phidias et Anaxagore, et à sa maîtresse Aspasie. Mais le peuple lui fait toujours confiance et, adoptant son plan de campagne, s'enferme derrière les murs d'Athènes dès le début de la guerre. Lorsque la peste éclate, ses adversaires, profitant du découragement du peuple, font condamner Périclès à une lourde amende. Réélu stratège au printemps de 429, il succombe à son tour à l'épidémie (sept. 429).

[29] Alcibiade : général athénien (v. 450 - en Phrygie 404 av. J.-C.). Il fut l'élève de Socrate. Chef du parti démocratique, il entraîna sa patrie dans l'aventureuse expédition contre la Sicile (415). Accusé de sacrilège (mutilation des statues d'Hermès), il s'enfuit et vécut quelque temps à Sparte ; il se réfugia ensuite auprès du satrape (titre de gouverneur de province chez les anciens Perses) Tissapherne, puis se réconcilia avec Athènes ; à nouveau exilé, il mourut assassiné.

[30] Lysandre : général spartiate (m. en 395 av. J.-C.). En 405 av. J.-C., il défit la flotte athénienne à l'embouchure de l'Aigos-Potamos, petit fleuve de Thrace, et prit Athènes (404), dont il fit raser les murs.

[31] Les Trente : nom donné aux trente membres d'un conseil oligarchique imposé par les Spartiates aux Athéniens (404 av. J.-C.). Ils se signalèrent par leur despotisme et de nombreuses exécutions. Critias en fut l'animateur. Thrasybule les chassa (déc. 404 ou janv. 403), et la démocratie fut rétablie.

[32] Épaminondas : général et homme d'État béotien (Thèbes v. 418 - Mantinée 362 av. J.-C.). Un des chefs du parti démocratique à Thèbes, il réorganisa l'armée thébaine et écrasa les Spartiates à Leuctres (371). Sa mort mit fin à l'hégémonie de Thèbes.

[33] Philippe II (v. 382-336 av. J.-C.) : régent (359) puis roi de Macédoine (356-336). Il rétablit l'autorité royale, développe l'économie et réorganise l'armée, basée sur un corps d'infanterie, la phalange. Ayant consolidé les frontières de son royaume, il se tourne vers la Grèce. Les Athéniens, malgré les avertissements de Démosthène, réagissent tardivement à la conquête de la Thrace (342-340). Devenu maître de Delphes, Philippe doit lutter contre la coalition d'Athènes et de Thèbes. Vainqueur à Chéronée (338), il établit pour deux siècles la tutelle macédonienne sur la Grèce. Il s'apprête à marcher contre les Perses, lorsqu'il est assassiné à l'instigation de sa femme Olympias ; son fils Alexandre lui succède.

[34] Démosthène : homme politique et orateur athénien (Athènes 384 - Calaurie 322 av. J.-C.). Cf. Note 22 page 5.

[35] Alexandre le Grand : Alexandre, fils de Philippe II de Macédoine, naît à Pella, en Macédoine, en 356 av. J.-C. Il a pour précepteur Aristote, apprend l'art militaire dans des campagnes contre les Thraces et les Illyriens et participe à la bataille de Chéronée. Il succède en 336 à son père, assassiné, dont il reprend les projets d'expansion en Asie. Les conquêtes d'Alexandre : Au début de 334 av. J.-C., Alexandre franchit l'Hellespont (les Dardanelles). L'armée du roi de Perse Darios III, très supérieure en nombre, attend les Macédoniens sur les bords du Granique, petit fleuve côtier de Phrygie. C'est là qu'Alexandre remporte sa première victoire en Asie (334), se rendant maître de l'Asie Mineure. En 333, ayant franchi les montagnes de Cilicie, il écrase dans la plaine d'Issos l'armée perse. Alexandre, se refusant à toute négociation, poursuit son plan d'encerclement méthodique de la Méditerranée orientale. Il soumet le littoral syrien (prise de Tyr et de Gaza en 332) et pénètre en Égypte, qui, supportant mal le joug des Perses, l'accueille en libérateur. En 331, il quitte l'Égypte après avoir fondé Alexandrie, traverse le Tigre et l'Euphrate, au-delà duquel Darios III a concentré toutes ses troupes. La bataille décisive a lieu entre Gaugamèles et Arbèles en octobre 331 et marque la fin de la dynastie des Achéménides. Alexandre s'empare de Babylone et de Suse, brûle Parsa (Persépolis) et atteint l'Indus. Mais, son armée étant épuisée, il revient à Suse (324). Le stratège : De son père Philippe II, Alexandre hérite un outil de combat parfaitement rodé, qui a assimilé les leçons de la phalange (corps de troupes dans l'armée) thébaine d'Épaminondas, mobile et manœuvrable. L'armée macédonienne comprend alors une double articulation en formations de cavalerie et d'infanterie, elles-mêmes organisées en unités lourdes ou légères. Dans cette armée, la phalange, formée au combat sur une file de 16 hommes en profondeur, ne constitue qu'un élément (certes central) d'un dispositif complexe et souple. Au plan stratégique, l'originalité d'Alexandre est d'avoir adapté ce dispositif à l'hétérogénéité nouvelle de ses armées, désormais composées, en plus des Macédoniens, d'éléments étrangers (Thraces, Crétois, etc.). Il comprend ensuite que le cœur du dispositif adverse se situe là où se tient le commandement politique de l'armée : le roi. C'est donc là qu'il fait porter l'effort de ses troupes. L'organisation de l'empire : Alexandre conserve une grande partie des institutions perses (fiscalité, division en satrapies), adopte le cérémonial de la cour des Achéménides et gouverne à la manière d'un despote oriental. Il crée de nombreuses villes, auxquelles il donne son nom. S'efforçant de fondre les civilisations perse et grecque, il encourage l'intégration des Perses dans l'armée et favorise les mariages entre les deux communautés. La postérité : L'empire créé par Alexandre et que seule maintenait sa puissante personnalité ne lui survit pas. Il est partagé après sa mort (323) entre ses généraux (les diadoques), qui donnent leurs noms aux différentes dynasties qu'ils créent (Lagides, Séleucides, etc.). Ces royaumes forment un monde qui s'étend de l'Indus à l'Asie Mineure, et dans lequel s'épanouit une nouvelle civilisation grecque, dite «  hellénistique.  »

[36] Archimède : mathématicien, physicien et ingénieur grec (Syracuse v.  287 av. J.-C. -  id. 212). Les travaux mathématiques : Il est le premier à donner une méthode très précise d'approximation de π, rapport de la longueur du cercle à son diamètre ; elle consiste à encadrer le cercle avec deux polygones réguliers (un inscrit et un exinscrit) dont on augmente progressivement le nombre de côtés. Il perfectionne le système numéral grec en donnant un procédé commode pour représenter de très grands nombres (de l'ordre de 1063), fait les premiers travaux de géométrie infinitésimale, et traite de nombreux problèmes. Il trouve les formules d'addition et de soustraction des arcs, calcule l'aire d'un segment de parabole, d'un secteur de la spirale qui porte son nom, de la sphère, du cylindre, etc. Sous le nom de sphéroïdes et de conoïdes, il étudie les solides engendrés par la rotation d'ellipses, de paraboles et d'hyperboles autour de leurs axes. La mécanique et la physique : En mécanique, on attribue à Archimède l'invention de la vis sans fin, de la poulie mobile, des moufles, des roues dentées ; il établit la théorie du levier, ne demandant, dit-on, qu'«  un point d'appui pour soulever le monde  ». En physique, Archimède est le fondateur de la statique des solides, avec sa théorie du centre de gravité, ainsi que de l'hydrostatique, dont il établit les lois fondamentales dans son Traité des corps flottants. Il énonce le fameux théorème qui porte son nom : «  Tout corps plongé dans un fluide subit une poussée verticale, dirigée de bas en haut, égale au poids du fluide qu'il déplace et appliquée au centre de gravité du fluide déplacé, ou centre de poussée  », qui reste associé à la célèbre exclamation : «  Eurêka !  » («  J'ai trouvé !  »). Les machines de guerre : Archimède dirige la défense de Syracuse attaquée par Rome. Pendant trois ans, il tient en échec l'armée de Marcellus ; il fait construire des machines pour lancer à de grandes distances des traits ou des pierres ; au moyen de miroirs ardents formés par des miroirs plans, judicieusement associés, il enflamme, dit-on, les vaisseaux des assiégeants, mais la chose, si elle est possible, n'a jamais été formellement prouvée. Les Romains étant entrés dans Syracuse par surprise, Marcellus ordonnera qu'on épargne le grand homme ; mais celui-ci, absorbé par la recherche d'un problème, sera tué par un soldat qui, ne le connaissant pas, s'irritera de ne pouvoir obtenir de lui une réponse.

[37] Euclide : mathématicien grec, qui aurait vécu au IIIe s. av. J.-C. à Alexandrie et serait lié à l'école mathématique du Musée. Son œuvre est couronnée par les Éléments (dans les treize livres qui constituent ce traité, Euclide effectue la synthèse des mathématiques de son temps (arithmétique, théorie de la mesure, géométrie plane et dans l'espace, etc.). Ce texte fut une référence tout au long de l'histoire des mathématiques) vaste synthèse des mathématiques grecques de l'époque classique. Euclide y déduit des propositions de plus en plus complexes de quelques définitions, postulats et axiomes. On y trouve, en particulier, l'axiome qui porte son nom selon lequel, par un point du plan, on ne peut mener qu'une parallèle à une droite donnée. La formulation explicite des postulats note la volonté d'Euclide de faire abstraction de la réalité sensible et marque la première apparition de la méthode axiomatique. Euclide est également l'auteur de plusieurs ouvrages portant, notamment, sur l'acoustique et sur l'optique.

[38] Stoïcisme : Le fondateur de l'école stoïcienne est Zénon, qui a vécu à la fin du IVe siècle av. J.- C. Chrysippe, au milieu du IIIe siècle, lui a donné un nouvel élan Nous connaissons mal l'histoire de l'école dans les siècles qui ont suivi mais la doctrine est toujours vivante et très bien représentée dans l'Empire romain au 1er et au IIe siècles après J.-C., aussi bien par des penseurs qui écrivent en grec. (Épictète et Marc Aurèle) qu'en latin (Sénèque). Les Stoïciens ont élaboré une physique, une théorie de la connaissance et une morale. C'est ce dernier point qui nous intéresse ici. En résumant à l'extrême, le sage stoïcien s'attache à pratiquer la vertu qui consiste, en conformité avec la raison, à rechercher non seulement ce qui est bon pour lui, action qui est commune à toutes les philosophies antiques, mais ce qui est bon sur le plan moral, comme le ferait la divinité. Distinguant les choses qui ne dépendent pas de nous, comme la fortune, la condition dans laquelle on naît, la santé, etc. et les choses qui dépendent de nous (la pratique du bien, l'accomplissement de ce que l'on appelle le devoir), il se montre indifférent à l'égard des premières - ce qui ne signifie pas pour autant qu'il ne vaille pas mieux être en bonne santé que malade, vivre dans l'aisance que dans la pauvreté - et n'accordent de valeur qu'aux secondes. Une maxime de cette morale est : «  Supporte et abstiens-toi.  »  Ainsi, on n'imagine pas que le sage puisse ne pas se montrer humain à l'égard d'autrui, ne pas témoigner de la bienfaisance à son prochain. Le maître traitera donc humainement son esclave, éventuellement il l'affranchira, son action ne visera pas nécessairement à abolir l'esclavage.

[39] Épicure : philosophe grec (Samos ou Athènes 341-270 av. J.-C.). Il fonda son école à Athènes. Connue par Diogène Laërce et Lucrèce, sa pensée fait des sensations le critère des connaissances et de la morale, et des plaisirs qu'elles procurent le principe du bonheur, à condition d'en rester maître. Sa philosophie est, comme celle de Démocrite, un matérialisme complet, reposant sur une doctrine atomiste, et athée, sans qu'il soit nécessaire d'imaginer un au-delà après la mort. Le Jardin d'Épicure, image par laquelle on représente traditionnellement l'école épicurienne comme un lieu de débauche sensuelle, où se mêlent les plaisirs de la table et ceux de la chair, est en fait une école de calme, où règnent frugalité et travail, sérénité et maîtrise de soi, au milieu des tempêtes d'une société décadente.

[40] Charmide : Oncle de Platon, il joua un rôle politique important dans le gouvernement des Trente. Du parti aristocratique, il a fréquenté Socrate. Il figure dans un dialogue de jeunesse de Platon qui porte son nom.

[41] Protagoras d'Abdère (- 485 - 410) : Grand sophiste qui aurait écrit un traité sur l'être et sur les dieux, dans lesquels il affirme que toute connaissance vient des sensations et est donc purement relative et défend, en matière religieuse, un point de vue agnostique (c'est-à-dire qu'il est impossible d'affirmer que les dieux existent ou qu'ils n'existent pas). Platon témoigne d'un grand respect à son égard (dans les dialogues Protagoras et Théétète) quoique la philosophie de Platon soit l'antithèse de celle de Protagoras : notre connaissance ne vient pas des sensations; les dieux existent.

[42] Gorgias (- 438 - 391) : Originaire de Sicile. Sophiste célèbre à qui l’on doit un traité « sur la nature et le non être » dans lequel il passe en revue tous les arguments, souvent d'une grande subtilité, en faveur du scepticisme et de l'impossibilité de tout discours vrai. Platon le fait figurer dans un dialogue qui porte son nom.

[43] Hippias (2e moitié du Ve siècle) : Sophiste, mathématicien présenté par Platon dans deux dialogues qui lui sont consacrés comme gonflé de suffisance et imbu de sa science, quasi-universelle. Défend en philosophie morale et politique l'idée d'une distinction entre droit naturel (universel et immuable) et droit conventionnel et artificiel (changeant de cités à cités), reprise couramment par les penseurs Grecs.

[44] Antiphon : homme d’état et orateur qui fit de la rhétorique sa profession. Un certain nombre de ses discours ont été préservés, en particulier trois réquisitoires dans des affaires de meurtres où il représentait le ministère public. Douze autres sont des exemples qu’il utilisait avec ses élèves pour leur apprendre à défendre un accusé. C’était un Sophiste contemporain de Socrate.

[45] Critias (- 450 - 404) : Principal artisan du gouvernement des Trente, un des plus cruels, parent de Platon (cousin de la mère de Platon). Orateur et écrivain défendant les théories des sophistes les plus opposés à l'ordre établi, s'en prenant à la morale et à la religion instituées. Figure également dans un dialogue inachevé de vieillesse de Platon (Critias).

[46] Thrasymaque : Thrasymaque est un sophiste qui apparait dans le préambule de la République de Platon, en soutenant face à Socrate que le juste correspond à l'intérêt du plus fort :"Le droit naturel est l’instrument des puissants pour opprimer les plus faibles."

[47] Socrate (- 469 - 399) : Athénien, fils d'un sculpteur, Sophronisque, et d'une sage-femme, Phénarète. Reçut, semble-t-il, une formation philosophique et scientifique assez complète. Sa manière d'interpeller et d'interroger les gens, ses sarcasmes en particulier contre la démocratie athénienne lui firent des ennemis qui expliquent sans doute sa condamnation à mort (en - 399). Aristophane le porte en dérision dans une de ses pièces Les Nuées. Mais il eut aussi des admirateurs, Platon bien sûr, et Xénophon qui lui consacre un ouvrage Les Mémorables. Il n'a rien écrit. Mais la plupart des philosophes postérieurs : sceptiques, cyniques, stoïques, épicuriens, le considèrent tous comme un modèle. Il incarne pour eux, comme déjà pour Platon, l'exemple d'une sagesse vivante et d'une moralité irréprochable.