QUATRIÈME PARTIE : RÉSUMÉ DU LIVRE VII

Les différentes étapes qui marquent la montée du philosophe vers la sagesse suprême, - la science du Bien - seule en mesure de le rendre apte à gouverner la Cité idéale : voilà ce que décrit le livre VII de la République :

- d'abord de manière allégorique : dans la célèbre allégorie de la caverne (I) ;

- ensuite d'une manière explicite :

1°) dans la définition du contenu et de l'esprit de l'enseignement (II) ;

2°) dans l'indication des différents moments de la carrière du philosophe depuis son jeune âge jusqu'à l'âge propice au gouvernement de la Cité (III).

I - L'ALLÉGORIE DE LA CAVERNE (514a-517b)

A - L'allégorie : (514a-517b)

Socrate invite Glaucon à imaginer le tableau suivant : des prisonniers enchaînés au fond d'une caverne, le corps et la tête immobilisés regardent défiler des ombres sur la paroi de la caverne qu'ils ont devant les yeux, tout en percevant des échos de voix.

D'où viennent ces ombres ? De figurines en bois et en pierre représentant des hommes, des animaux portées, comme dans un théâtre de marionnettes, au-dessus d'un mur par des machinistes ; et ces échos ? - des voix de ces machinistes. En retrait, loin sur une hauteur - mais toujours à l'intérieur de la caverne - un feu brille : sa lumière éclaire ces figurines ou ces marionnettes et, passant au-dessus du mur, projette ainsi leurs ombres sur la paroi du fond de la caverne.

On libère un des prisonniers : il peut se retourner, regarder les objets, les figurines dont il n'avait jamais vu que les ombres mais dont la clarté à présent l'éblouit. On le traîne jusque devant le feu dont l'éclat l'éblouit plus encore. Son premier mouvement est de trouver les ombres qu'il voyait auparavant plus distinctes que ces objets, et a fortiori que la lumière du feu.

Puis, on l'emmène jusqu'à l'entrée de la caverne qui est ouverte à la lumière du jour ; on le sort de la caverne. Incapable alors de supporter la vue du jour, il regarde d'abord l'ombre des plantes, des animaux, des êtres vivants sur le sol ainsi que leurs reflets dans les eaux, avant de lever progressivement les yeux vers ces êtres qui l'entourent et, enfin, vers le soleil lui-même.

Le prisonnier qui a contemplé de telles merveilles ne consent pas aisément à revenir dans la caverne. Quand il redescend, ses yeux encore tout inondés de la lumière du jour et du soleil sont incapables de discerner les choses et les êtres qui peuplent le séjour de la caverne. Aussi est-il, du fait de sa maladresse, l'objet de risée de ses compagnons enchaînés.

B - Sens de l'allégorie : (517b-519c)

Le monde de la caverne représente le monde sensible.
Le monde du jour représente le monde intelligible.

L'un et l'autre possèdent :

- sa source de lumière respective : la caverne est éclairée par un feu, le jour par le soleil. Le feu représente le soleil visible qui éclaire notre monde sensible et le soleil de l'allégorie, le Bien qui illumine le monde intelligible ;

- deux niveaux de réalité :
                  - un niveau inférieur d'ombres, de reflets ;
                  - un niveau supérieur de réalités véritables ce qui donne à peu près ce tableau :

-

 

De même que le monde du jour est plus clair et a plus de réalité que celui de la caverne, le monde intelligible est plus clair et a plus de réalité que le monde sensible.
Que signifie cette allégorie dans le cadre de la République et de la description du projet d'une Cité idéale ? Elle représente les différentes étapes de l'éducation et de la progression du philosophe jusqu'à la science du Bien. Ce n'est que parvenu à ce terme qu'il devra éclairer de sa sagesse la conduite des hommes et prendre en main le gouvernement de la Cité. Car on le forcera à redescendre dans la caverne. Une fois qu'il se sera de nouveau habitué à l'obscurité, il sera plus à même de reconnaître les véritables modèles des images et des ombres qu'on y voit passer, et ainsi d'instaurer non une ombre de Cité, mais un modèle de Cité parfaite.

II - SCIENCES PROPRES À FORMER LE PHILOSOPHE (521c-535a)

L'éducation du philosophe consiste à tourner l'âme du monde obscur de l'opinion vers la lumière de la vérité. Comment ? En lui apprenant à se détacher des sens. C'est à quoi sont utiles les mathématiques.

A - Les mathématiques (522c-531c)

Platon distingue par ordre de succession : arithmétique, géométrie (stéréométrie), astronomie, science de l'harmonie.

Elles ne devront pas être étudiées en vue de leurs fins utilitaires (comptabilité, négoce pour l'arithmétique, mensuration des longueurs pour la géométrie, navigation, agriculture pour l'astronomie), sinon pour l'art de la guerre qui rentre dans la formation militaire du philosophe qui est d'abord un gardien. Si les mathématiques permettent de mieux percevoir les réalités sensibles (de voir les marionnettes elles-mêmes et non plus leurs ombres), leur utilité réside essentiellement dans leur rôle d'éveil et de stimulant de l'intelligence. Elles doivent permettre de sortir du monde sensible (de la caverne). Comment ?

L'arithmétique permet de dénombrer des êtres uns, distincts, là où le témoignage confus des sens et contradictoire révèle des êtres à la fois uns et multiples. Or toute Idée, toute réalité intelligible est une et identique.

La géométrie nous fait concevoir des êtres éternels et immuables (ligne droite, cercle, figure idéalement parfaite). Toute idée, toute réalité intelligible est immuable, parfaite, éternelle.

L'astronomie ne doit pas nous faire seulement mieux contempler le ciel visible et le soleil qui donne lumière et vie du monde sensible. Elle doit nous faire apercevoir au-delà du ciel visible, un ciel aux êtres et aux mouvements parfaits que l'intelligence seule perçoit (grâce à son utilisation des mathématiques).

L'harmonie ne doit pas nous faire seulement mieux distinguer les sons, les accords consonants et dissonants, mais elle doit nous faire apercevoir au-delà des harmonies que l'oreille perçoit, les harmonies parfaites que l'intelligence seule peut concevoir (grâce à l'application des mathématiques à l'étude de l'harmonie musicale).

Ces sciences dévoilent ainsi l'existence d'un monde intelligible. Mais elles nous le dévoilent comme s'il s'agissait encore d'un rêve.

B - Mathématiques et dialectique (531d-535a)

Les mathématiques en effet ne nous donnent une idée du monde intelligible qu'à travers un support sensible, matériel : le support des choses nombrées en arithmétique (des êtres, des sons) ; le support des figures visibles en géométrie ; le support du ciel visible pour l'astronomie, celui des sons et de leur intervalle pour l'harmonie.
C'est pourquoi les mathématiques ne sont qu'un prélude à la dialectique, véritable science des réalités intelligibles, ou des idées.

Dans la dialectique, l'âme se hausse à une vue d'ensemble des sciences, pour aller au-delà des principes ou des hypothèses que chacune d'entre elles envisage : à la connaissance du principe anhypothétique du Bien.

Sans la connaissance du Bien, but essentiel de la dialectique, l'homme se conduit comme un aveugle et le philosophe ne saurait connaître ce qu'est vraiment une Cité juste.

III - LA SÉLECTION ET LA FORMATION PROGRESSIVE DES PHILOSOPHES (535a-541b)

A qui devra-t-on faire part de ces études (mathématiques, astronomie, harmonie, puis dialectique et science du Bien) ?

A ceux qui réuniront d'abord des qualités physiques et morales caractérisant un gardien courageux et, en même temps, des dispositions intellectuelles (mémoire, goût des études...).

A quel âge ?

Il faut faire d'abord étudier assez jeune les mathématiques mais sans contrainte, comme s'il s'agissait d'un jeu afin de distinguer, plus aisément ceux qui s'y révèlent les plus doués - cela une fois terminées les deux ou trois années obligatoires de gymnastique.

Quand les sujets en question auront atteint l'âge de 20 ans, on retiendra les meilleurs et on leur présentera les études mathématiques sous un aspect synthétique afin de distinguer ceux qui seront les plus aptes à la dialectique (qui exige un esprit synthétique).

A trente ans, les meilleurs, les plus sûrs, les plus solides, ceux qui risquent le moins d'en faire un usage abusif et malsain, à la manière des sophistes, auront la possibilité de pratiquer la dialectique, et cela pendant cinq ans.

Après quoi, pendant quinze ans on les forcera à condescendre à s'adonner à nouveau à des occupations militaires, sportives afin de ne pas perdre leur acquis et leur expérience sur les autres dans ces domaines.

A l'âge de cinquante ans, les meilleurs qui se seront distingués en tout point, s'élèveront jusqu'à la science du Bien. Ils auront toujours en vue le Bien comme modèle et comme fin pour gouverner la Cité et former leurs successeurs - alternant à tour de rôle occupations politiques et contemplation philosophique, pratique et théorie.

Quand ils quitteront ce monde, la Cité les vénérera comme des dieux. Un tel modèle de Cité parfaite n'est pas une chimère.

La réalisation en est possible si un ou plusieurs philosophes prennent la tête de la Cité... et, si, pour commencer, on ne garde que des enfants de moins de dix ans, non encore gâtés par l'éducation de leurs parents, en reléguant leurs parents à la campagne.

 

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CINQUIÈME PARTIE : GLOSSAIRE

ALLÉGORIE
Suite d'éléments descriptifs ou narratifs correspondant aux divers détails d'une idée qu'ils prétendent exprimer.

ÂME (psyché)
Âme signifie chez un Grec et chez Platon, principe de vie qui anime un corps. Ainsi tout animal est doué d'âme ; de même le monde, les dieux, les astres, sont doués d'une âme. L'âme humaine a ceci de particulier qu'elle est intelligente. Aussi âme et intelligence deviennent souvent dans le texte de la République synonymes.

BIEN (agathon)
Désigne une Idée mais qui a une prééminence sur les autres Idées, et qui est la source de l'existence des autres Idées comme elle est la source pour l'âme de la connaissance des autres Idées. Elle est synonyme de Dieu, de Dieu qui fait exister toutes choses et illumine l'âme dans la connaissance de ce qui est et de la vérité.

CITÉ
En Grec polis, d'où dérivent les mots politikè (politique), politeïa (constitution, régime), politès (citoyen). La « polis » est en effet pour un Grec le cadre de la vie politique ; c'est pourquoi on le traduit souvent aussi par État. Mais la « polis » grecque n'a qu'une étendue territoriale très limitée. Par exemple la Cité, ou l'État Athénien regroupe la ville d'Athènes et les terres environnantes de l'Attique, pas plus vastes que le plus petit département français. La Cité modèle de la République de Platon est souvent désignée par le terme « callipolis » (littéralement « la belle Cité »).

COMMUNISME
On parle de communisme de Platon, parce que la vie communautaire des gardiens supprime radicalement toute trace de propriété privée, y compris celle des enfants, puisque les mères remettent les enfants à leur naissance aux soins d'hommes et de femmes chargés par la Cité de leur éducation. Mais ce communisme a peu de choses à voir avec le communisme marxiste, dans la mesure où celui de Platon s'inscrit dans le cadre d'une cité aristocratique et foncièrement inégalitaire (divisée en trois classes) et qu'il n'est appliqué que pour les deux classes nobles : les gardiens et les philosophes recrutés parmi ces derniers. De plus celui de Marx repose sur une valorisation du travail et de la classe laborieuse, alors que la Cité platonicienne repose sur une valorisation des tâches nobles et intellectuelles (la guerre et la philosophie) et une dévalorisation des classes laborieuses travaillant avec leur corps.

CONNAISSANCE DISCURSIVE
Voir Dianoïa

CONNAISSANCE INTELLIGIBLE
Voir Intelligence

CONNAISSANCE SENSIBLE
Voir Sensation

CROYANCE (pistis)
La faculté qu'a l'âme de percevoir les réalités sensibles elles-mêmes (et non de se les imaginer) et de croire que ces réalités constituent bien ce qui est. La croyance forme avec l'imagination une opinion. Par opposition à l'opinion, la science consiste à saisir d'autres êtres que ceux que révèlent les sens : les réalités conçues seulement par l'intelligence.

DEVENIR (LE)
Tout ce qui passe, dans le temps, ce qui advient et disparaît, naît, se développe puis se corrompt et meurt appartiennent au devenir : les réalités matérielles et vivantes terrestres - de la matière corruptible à l'homme mortel en passant par les plantes et les animaux. S'oppose au devenir, l'être éternel. Sont éternels les astres d'une matière incorruptible, considérés comme des dieux, les dieux de la mythologie, s'ils existent, et les Idées - ainsi de la Justice, de la Beauté, éternelles et considérées comme des essences divines.

DIALECTIQUE
Art du dialogue ou de la discussion philosophiques. Philosopher c'est dialoguer, dialoguer entre maître et élève. A force de questions et de réponses serrées, le dialogue est le seul moyen d'acquérir la science des Idées, la science du monde intelligible. Mais pour que la dialectique ne soit pas que disputes stériles et vain bavardage, il est indispensable avant d'aborder la dialectique d'étudier les mathématiques, école de rigueur et d'un détachement à l'égard des sens,

DIANOÏA
Ou « connaissance discursive », « connaissance raisonnante » : l'activité de l'intelligence en vue de la science, telle qu'elle est à l'œuvre dans les mathématiques par opposition à saisie contemplative des Idées.

DIEU
La notion de Dieu (théos qui a donné théologie) est très différente pour un Grec de l'Antiquité et pour un homme aujourd'hui, qui a grandi dans une civilisation marquée par le christianisme. Le Dieu chrétien est un Dieu personnel (très difficilement représentable) avec lequel chaque individu est comme en relation - relation de piété, de soumission, d'amour ou alors relation de négation. Un dieu de la mythologie grecque représente un être qui a beaucoup de ressemblance avec l'homme et qui est seulement plus parfait que lui et qui, entre autre, est immortel. Ce qui est divin pour un Grec, c'est ce qui revêt un certain nombre de perfections, de qualités, de talents, de force, de puissance, de vie, etc. Platon ne prend guère à la lettre les récits mythologiques relatant les exploits des dieux ; mais les astres sont, par exemple, pour lui, des dieux (êtres immortels et parfaits), et semble-t-il le Bien est, de tout ce qui est, ce qui possède au plus haut point des attributs divins. Si le Bien désigne Dieu - un Dieu unique et transcendant - chez Platon, il reste un principe, un être impersonnel.

ÉRISTIQUE
Art de la controverse, étude des raffinements possibles de l'argumentation dans la discussion pour eux-mêmes.

ESCHATOLOGIE
Théorie des fins dernières de destinée humaine, et de ce qui doit suivre après la vie terrestre.

ÊTRE, ESSENCE
Ce sont des mots quasi synonymes, Essence vient du verbe latin : esse qui signifie être. L'Être s'oppose au devenir, comme la stabilité, la permanence, l'éternité, s'opposent à l'instabilité, à l'éphémère, et au temps. Les Idées, comme la justice, le bien, le vrai... sont éternelles et immuables : ce sont donc des essences, ou encore des choses qui sont, des êtres, des réalités vraies.

EUGÉNISME
Théorie selon laquelle il est possible d'améliorer la race par l'accouplement d'individus sélectionnés, autrement dit qui étend ce principe de perfectionnement des espèces végétales et animales à l'homme. Platon pense qu'il est possible d'assurer la pérennité de la Cité parfaite en mariant entre eux les meilleurs éléments des gardiens de la Cité. Ces mariages obligatoires préparés en secret par les gouvernants auront cependant l'air d'être l'objet du hasard, les mariages seront apparemment la conséquence du tirage au sort.
FÉMINISME
On parle de féminisme de Platon, en ce sens que la communauté des gardiens n'est pas exclusivement masculine, et qu'elle est en réalité mixte, communauté de gardiens et de gardiennes. Les femmes recevront donc le même entraînement physique et militaire, et la même éducation musicale, et pour les meilleures d'entre elles comme pour les meilleurs d'entre les gardiens, la même formation mathématique et philosophique, elles sont donc susceptibles comme les hommes de gouverner la Cité.

GARDIENS
Les Gardiens de la Cité sont les guerriers ou soldats qui protègent la Cité de l'attaque éventuelle d'ennemis extérieurs. C'est parmi eux que sont recrutés les philosophes ou gouvernants. Leur vie est entièrement communautaire (voir Communisme).

IDÉES
Du mot grec eidos ou idea qui signifient forme, aspect, figure à l'origine. Le mot idée désigne non pas ce que l'on entend aujourd'hui couramment par Idée, comme lorsque l'on dit j'ai une idée, etc., mais une notion vraie conçue par l'esprit : par exemple, celle de justice, de beauté, mais aussi de table, de cheval, de plante, etc. Ce que Platon appelle Idée n'est pas cependant une notion abstraite : elle désigne quelque chose de concret et donc une réalité. Seulement cette réalité, au lieu d'être sensible, est intelligible. Et en effet si la justice véritable, la véritable beauté, etc. ne sont pas des réalités concrètes, alors autant dire qu'il est impossible que l’homme vive selon la justice ou soit sensible au Beau.

IMAGINATION
C'est la faculté qu'a l'âme de se représenter des images. Elle correspond au plus bas degré de connaissance chez Platon, puisque non seulement elle ne me fait pas connaître les réalités sensibles, mais ne m'en donne qu'une image : par exemple quand je vois le reflet d'un objet sur l'eau ou son reflet dans un miroir ; ou quand un artiste-peintre, sculpteur, écrivain représente quelque chose. D'où une attitude de mépris - quoiqu'ambiguë - chez Platon à l'égard de l'art.

INTELLIGENCE
Voir Noésis

MATHÉMATIQUES
Les mathématiques sont nées en Grèce et quoique les Grecs doivent dans ce domaine aux Égyptiens et peut-être aux Babyloniens, ils ont eu le mérite de développer les mathématiques en dehors d'applications utilitaires et de cultiver l'étude des nombres, des figures planes ou dans l'espace pour elle-même. Platon attira à l'Académie de célèbres mathématiciens (Théodore, Théétète...) dont les travaux ont largement inspiré Euclide, qui vécut un siècle plus tard (IIIe siècle av. J.-C.). Nous sommes encore redevables à ce dernier des fondements de la géométrie plane. Ce n'est qu'au XXe siècle que se développèrent d'autres perspectives dans la géométrie que celles qu'avaient tracées Euclide.

MÉTEMPSYCHOSE
Théorie orphique et pythagoricienne et communément répandue en Orient (dans l'Indouisme en particulier et le bouddhisme) selon laquelle l'âme se réincarnerait dans des corps différents à travers le temps, réincarnations successives considérées généralement comme les étapes d'une purification lente et progressive de l'âme. La métempsychose est liée chez Platon à la théorie de la Réminiscence. Il est très difficile de dire s’il a vraiment adopté à la lettre les croyances pythagoriciennes en la métempsychose.

« NOÉSIS » OU INTELLIGENCE
La saisie par l'intelligence des Idées : c'est-à-dire une connaissance contemplative mais qui loin d'être passive suppose une démarche dialectique patiente, soutenue et rigoureuse. L'intelligence à l'œuvre dans les mathématiques (dianoia) prépare à une vision de réalités intelligibles, dans la mesure où le raisonnement mathématique n'a de valeur qu'en faisant abstraction de l'imprécision du témoignage des sens mais sans pouvoir cependant se passer d'exemples sensibles (exemple : figures géométriques) pour poser des problèmes à résoudre.

OPINION (« Doxa » en grec)
Ce qui relève d'un jugement, d'une affirmation sur une réalité sans connaissance véritable de cette réalité. Sans être pure ignorance de la réalité, elle n'est qu'un début de connaissance tout en se donnant comme une connaissance certaine.

PHILOSOPHIE
Amour de la sagesse. La philosophie en grec signifie amour de la sagesse ou de la science. Le philosophe est celui qui désire la science et s'efforce de l'atteindre. La philosophie ne signifie en rien chez Platon : système de pensée. Elle est synonyme de dialectique : seul le dialogue peut permettre d'atteindre la science, c'est-à-dire la science des Idées. Pour un Grec elle avait une acception beaucoup plus générale et désignait aussi les autres sciences (mathématiques, astronomie) et la culture au sens large du terme.

RÉMINISCENCE
Signifie ressouvenir. La connaissance pour Platon est réminiscence ou ressouvenir des idées, c'est-à-dire des vérités qui sont en nous. Cette théorie est à rapprocher de celle des idées innées de Descartes ou dans une certaine mesure des catégories a priori de Kant. Pour Platon si l'homme désire la vérité c'est qu'il la connaît déjà ; et s'il la connaît déjà c'est qu'il en a pris connaissance autrefois dans une vie antérieure. La connaissance consiste à s'en ressouvenir.

SENSATION
La sensation désigne le témoignage passif que l'âme reçoit par les sens soit par la vue, par l'ouïe, par le toucher, etc. Mais l'âme émet nécessairement un jugement sur la sensation reçue. Seulement elle admet souvent le témoignage du sens sans le critiquer ; ainsi se forme-t-elle une opinion - opinion reçue et non critiquée. Le témoignage ambigu et imprécis des sens est en ce sens un stimulant de la réflexion ; car les contradictions qu'il renferme incite ou devrait inciter l'âme à penser sur des vérités qui, même si elles sont suggérées par des représentations sensibles, comme des figures géométriques, sont en elles-mêmes intelligibles.

SCIENCE
(« Sophia », en grec, qui signifie aussi sagesse, ou « Épistémé » qui signifie de façon un peu plus restreinte science, savoir.) La science s'oppose à l'opinion. Elle a pour objet la vérité. Elle est le but de la dialectique. Ne sont pas considérées comme sciences des techniques ou des arts, par exemple la gymnastique, la musique ou tous les métiers artisans. Les mathématiques peuvent être considérées comme des intermédiaires entre les techniques et la sagesse ou la science.

TECHNIQUE
« Techné » en grec qui se traduit aussi par art, métier, méthode. Tout ce qui est d'ordre technique est méprisable aux yeux de Platon, parce qu'englué dans le monde sensible - attaché à des besoins corporels ou matériels. S'ils sont méprisables par rapport à la science qui doit être contemplative et sans application utilitaire, ils sont cependant nécessaires et indispensables.

VÉRITÉ
Ce qui est vrai : ce sont les Idées. La vérité est synonyme de réalité. Les Idées sont des réalités intelligibles, plus réelles que les réalités sensibles.

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