Les Origines de la France La Période Historique |
Pour la France, la période historique commence donc avec la fondation de Marseille par les Phocéens six cents ans avant notre ère, dont l'historien latin Justin raconte dans son Abrégé des Histoires Philippiques le mythe fondateur : celui de Gyptis et Prôtis.
« Aux temps du roi Tarquin, la jeunesse des Phocéens vint d'Asie et aborda à l'embouchure du Tibre, puis se lia d'amitié avec les Romains. Ensuite elle partit sur ses navires vers les golfes les plus éloignés de la Gaule et fonda Massilia, entre les Ligures et les peuples sauvages de la Gaule. Ils accomplirent de grands exploits, soit en se défendant par les armes contre la sauvagerie gauloise, soit en attaquant eux-mêmes ceux par qui ils avaient été attaqués auparavant. Car les Phocéens, contraints par l'exiguïté et l'aridité du sol, pratiquaient plus assidûment la mer que les terres, subsistaient de pêche, de commerce et même, le plus souvent, de piraterie, laquelle était en ce temps-là tenue en honneur. Ainsi, ils osèrent avancer jusqu'au rivage ultime de l'océan et aboutirent dans un golfe gaulois à l'embouchure du Rhône. Séduits par l'agrément du lieu, ils retournèrent chez eux, rapportèrent ce qu'ils avaient vu et sollicitèrent des renforts. Les chefs de la flotte furent Simos et Prôtis. Ainsi, ils vont trouver le roi des Ségobriges, nommé Nannus, sur le territoire duquel ils méditaient de fonder une ville et lui demandent son amitié. 0r, justement, ce jour-là le roi était occupé à préparer les noces de Gyptis sa fille que, selon la coutume de son peuple, il se préparait à marier par le choix d'un gendre au cours du festin. Et, puisque tous les prétendants avaient été invités aux noces, on convie aussi au banquet les hôtes grecs. Ensuite, la jeune fille fut introduite et, comme son père lui avait ordonné de proposer l'eau à celui qu'elle choisirait pour mari, elle délaissa alors tous les autres, se tourna vers les Grecs et proposa l'eau à Prôtis, qui d'hôte devint gendre et reçut de son beau-père un lieu pour fonder une ville. Massilia, donc, fut fondée près de l'embouchure du Rhône, dans un golfe retiré, comme dans un recoin de la mer. Mais les Ligures jalousèrent les progrès de la ville et harcelèrent de guerres assidues les Grecs qui, en repoussant les dangers., brillèrent tant qu'après avoir vaincu leurs ennemis, ils fondèrent sur les territoires occupés beaucoup de colonies. Par eux donc, les Gaulois apprirent, en abandonnant et en adoucissant la barbarie, l'usage d'une vie plus cultivée, la culture des champs et à entourer les villes de remparts. Ils s'habituèrent dès lors à vivre sous les lois, non par les armes, dès lors à tailler la vigne, dès lors à planter l'olivier ; les hommes et les choses en reçurent un éclat si grand que ce ne fut pas la Grèce qui parut avoir émigré en Gaule, mais la Gaule qui parut transportée en Grèce. »
(Justin, Abrégé des Histoires Philippiques , XLIII, 3-4. Traduction D. Pralon).
Les anciens Grecs, grands voyageurs, fondèrent des colonies un peu partout sur les côtes et dans les îles de la Méditerranée. L'une d'elles fut donc Marseille, la plus vieille ville de France. Il ne faut toutefois pas s'exagérer l'importance de cet établissement. Toute l'activité de l'antique Marseille était tournée vers la mer.
Les Celtes trouvèrent également les Ibères, qui, dès l'âge de bronze, s'étaient établis dans le sud-ouest et dans la péninsule armoricaine.
Arrivés dans ce monde liguro-ibérien, les Celtes, vraisemblablement, s'avancèrent non pas comme un flot dominateur unique mais par tribus séparées, souvent adverses, en suivant les pâturages et en contournant les forêts (sacrées pour eux) jusqu'à ce qu'ils eussent occupé ce qui allait être leur forteresse : le Massif central. De là, ils allaient se répandre dans toutes les directions. Quant aux Ligures et aux Ibères, ils se réfugièrent dans les hautes montagnes et dans quelques provinces reculées, ou, tout bonnement, se mêlèrent aux envahisseurs qui, d'ailleurs, manifestaient déjà cette extraordinaire faculté d'assimilation qu'ont héritée les hommes qui peuplent encore ce pays.
Ainsi se forma le peuple que Jules César devait soumettre et romaniser, ce peuple gaulois, ancêtre des Français. |