Les Origines de la France

La Gaule Celtique

Au moment de la conquête romaine tous les peuples gaulois du Midi et du centre de la Gaule avaient leurs villes, cependant encore assez rares au nord du pays. Les Gaulois avaient le sens du déplacement : ils avaient bien compris la valeur des routes, des chemins et des fleuves. C'est ainsi que leurs villes étaient admirablement placées pour pouvoir profiter des communications terrestres et fluviales : Lutèce, Reims, Langres, Orléans, Besançon, etc. Notons également que la plupart des routes romaines, à travers la Gaule, étaient tout simplement d'anciennes voies gauloises, recouvertes de dalles par les Romains.


Carte de la Gaule

 

Les Gaulois avaient développé la production industrielle à un niveau que l'on peut comparer à celui qu'atteignaient alors les peuples méditerranéens En particulier citons la production du fer, pour les armes et les outils, la production du bronze, pour les vases et les ornements, et de l'émail, qui a peut-être été inventé en Gaule. L'or et l'argent étaient activement exploités : l'or pour fabriquer des bijoux et l'argent pour recouvrir les feuilles de bronze qui servaient à faire des vases ou de la vaisselle.


Hâche en Bronze

 

La Gaule était donc un pays riche, malgré les nombreuses invasions et les guerres intérieures. Puisque les rapports avec les autres peuples étaient rendus faciles par les vallées et les fleuves, il n'est pas surprenant que les Gaulois aient eu des relations commerciales très développées. Les fouilles archéologiques en France ont révélé quantité de vases, d'armes, de poteries, etc., provenant de tous les coins du monde méditerranéen, et qui témoignent des échanges commerciaux de l'époque du bronze, de l'âge de fer et des siècles qui précédèrent immédiatement la conquête romaine.

 


Amphores de vin achetées par millions par les Gaulois

 

La cellule primordiale de la vie gauloise était le pagus, qui désignait un groupe d'hommes (et leurs familles) et la terre où ils s'étaient établis. Le chef du pagus était un petit roi, vassal d'un chef plus puissant. En général, le pagus correspondait à une région naturelle ; c'est là l'origine du mot « pays » qui désigne encore de nos jours des régions telles que le Morvan, le Quercy, le Rouergue, etc.

Plusieurs pagi réunis formaient une corporation, ou un peuple; les Arvernes, les Bituriges, les Eduens, les Carnutes, les Séquanes, les Parisii, par exemple. A la tête de chaque peuple était le roi, à la fois chef de guerre, grand prêtre et arbitre suprême. Mais chez beaucoup de peuples, le roi avait été remplacé par une espèce d'aristocratie républicaine, les equites, que César comparait aux sénateurs romains, et qui gouvernaient au nom des plébéiens.

Lorsque les rois étaient ainsi remplacés, leurs fonctions d'arbitre et de prêtre étaient dévolues aux druides . Ces derniers, maîtres et ordonnateurs de la religion gauloise, étaient également les éducateurs des jeunes aristocrates et, en outre, jouaient un rôle politique considérable. On peut les comparer au clergé de l'Ancien Régime qui représentait une puissance à la fois intellectuelle, spirituelle, économique, sociale et politique.

 

Jules César, dans la Guerre des Gaules , leur consacre deux chapitres :

« Les druides s'abstiennent habituellement d'aller à la guerre et ne paient pas d'impôt comme les autres : ils sont dispensés du service militaire et exempts de toute charge. Attirés par de si grands avantages, beaucoup viennent spontanément suivre leurs leçons, beaucoup leur sont envoyés par les familles. On dit qu'auprès d'eux ils apprennent par cœur un nombre considérable de vers. Aussi plus d'un reste-t-il vingt ans à l'école. Ils estiment que la religion ne permet pas de confier à l'écriture la matière de leur enseignement, alors que pour tout le reste en général, pour les comptes publics et privés, ils se servent de l'alphabet grec. Ils me paraissent avoir établi cet usage pour deux raisons, parce qu'ils ne veulent pas que leur doctrine soit divulguée, ni que, d'autre part, leurs élèves, se fiant à l'écriture, négligent leur mémoire ; car c'est une chose courante : quand on est aidé par des textes écrits, on s'applique moins à retenir par cœur et on laisse se rouiller sa mémoire.

Le point essentiel de leur enseignement, c'est que les âmes ne périssent pas, mais qu'après la mort elles passent d'un corps dans un autre ; ils pensent que cette croyance est le meilleur stimulant du courage, parce qu'on n'a plus peur de la mort. En outre, ils se livrent à de nombreuses spéculations sur les astres et leurs mouvements, sur les dimensions du monde et celles de la terre, sur la nature des choses, sur la puissance des dieux et leurs attributions, et ils transmettent ces doctrines à la jeunesse. »

 

La Guerre des Gaules (VI, 14). Trad. L.-A. Constans. (Ed. Les Belles Lettres.)




L'entrée dans cette carrière se faisait librement, mais, bien souvent, les garçons des grandes maisons y étaient voués par leurs parents. Ceux-ci voulaient ainsi s'assurer d'un moyen d'influence et de domination pour l'avenir. La condition sociale du druide ne l'obligeait d'ailleurs pas à renier la vie ordinaire de ses congénères. Il pouvait se marier, posséder des biens et s'enrichir.

La religion druidique ne nous est connue que sommairement. Nous savons que les Grecs et les Romains ont été frappés par le fait que, à la différence de leurs propres religions, celle des Gaulois comportait une morale. Ils en reconnaissaient l'élévation et l'avaient résumée en un triple précepte : « Honore les dieux - sois brave - ne fais rien de mal. »

Les druides prêchaient un spiritualisme plutôt complexe qui semble avoir comporté la métempsycose et la croyance à la migration des âmes vers les paradis du couchant. (Rappelons que déjà, à l'époque néolithique, la majorité des chambres funéraires, les dolmens, avaient été élevés sur la terre bretonne, c'est-à-dire au couchant).


Représentation d'un Druide

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