Les Origines de la France

La Gaule Celtique

Le principal des dieux communs à tous les Gaulois était Teutatès ou Toutatis , nom qui signifie en langue gauloise « dieu national » ou « dieu tribal » (ce qui revient au même) et qui rappelle le qualificatif du dieu souverain d'Israël : « l'Éternel ». Teutatès était, selon les druides, le « protecteur des routes et des voyages, l'inventeur de tous les arts et celui par qui l'homme s'enrichissait et le marchand prospérait ». Dans les jours de danger, il prenait les armes à la tête de son peuple et le menait au combat. C'est de lui que la race gauloise était issue.


Teutatès, dieu celte

 

Près de lui, deux divinités féminines lui servaient de compagnes ou d'épouses. L'une le suivait sur le champ de bataille, celle que les Belges appelaient Rosmerta ; l'autre était la Terre, mère des hommes et des dieux.

Enfin, d'autres dieux puissants correspondaient à des forces générales et immuables de la nature. Taran , dieu de la lumière, de l'air, des nuages et des orages ; Bélénus , dieu du soleil et, par conséquent, dieu guérisseur ; Serona , déesse de la lune, etc.

Sous leur autorité il existait une foule innombrable de génies locaux qui correspondait à la multitude des choses du sol : sources, fontaines, ruisseaux, fleuves, arbres, forêts. Tous ces dieux demeuraient dans les lieux sacrés, très souvent dans les forêts de chênes, ou dans les lacs ; les sanctuaires fermés et couverts étaient l'exception.

 

Des milliers de superstitions gauloises, nous ne mentionnerons que la plus célèbre, celle de la coupe du gui. Pour les Gaulois, le gui était l'image de l'âme éternelle, car cette plante, compagne des arbres sacrés (les chênes rouvres) demeurait verte et vivante au milieu des branches dépouillées par l'hiver. Pline l'Ancien racontait en ces termes la coupe du gui de chêne :

 

«Les druides n'ont rien de plus sacré que le gui, du moins celui du chêne rouvre. Le rouvre est pour eux l'arbre divin par excellence : leurs bois sacrés appartiennent à cette essence, l'emploi de son feuillage est exigé dans tous les sacrifices. Aussi, une touffe de gui vient-elle à surgir sur un chêne, c'est signe qu'elle arrive du ciel et que l'arbre est l'élu d'un dieu : le gui de chêne est d'ailleurs d'une extrême rareté. La coupe s'en fait suivant un rite minutieux et sévère. Elle a lieu le sixième jour de la lune, alors que l'astre a déjà assez de force, mais qu'il n'a pas atteint la moitié de lui-même. Le prêtre est vêtu de blanc, sa faucille est d'or, une tunique blanche est destinée à recevoir la plante. Puis ont lieu sacrifices et repas sacré, sous l'arbre même. On immole deux taureaux blancs : pendant le sacrifice on prie le dieu de faire que son présent rende heureux les hommes auxquels il l'a envoyé. Car le gui est une véritable panacée : on l'appelle le remède qui guérit de toutes les maladies, de tous les poisons, de la stérilité même. »

 

Un des faits les plus frappants qu'ait mis en lumière l'archéologie, c'est l'unité remarquable de la civilisation gauloise, unité favorisée par commune religion, par l'identité de la langue et par les limites nettes du pays.

 

Malgré qu'il n'y ait eu aucune institution politique commune, ni aucun conseil fédéral gaulois, on peut néanmoins parler d'une idée d'unité nationale partagée par tous les Gaulois. César, le premier, en a témoigné. D'ailleurs, chez les peuples anciens, les institutions religieuses précédaient toujours institutions civiles. Or, les Gaulois avaient, dans l'assemblée les Druides, une institution nationale. Chaque année, en effet, ils se réunissaient dans la forêt d'Orléans, la fameuse forêt des Carnutes, dans un lieu qui est aujourd'hui Saint-Benoît-sur-Loire, qui se situe à égale distance de toutes les frontières de la Gaule. Ils tranchaient les conflits entre peuples et entre particuliers, jugeaient les crimes et fixaient les punitions et les châtiments.

 

Les querelles mêmes des Gaulois entre eux sont un reflet de cet idéal d'unité, déjà réalisé par la religion. Les peuples les plus puissants de la Gaule aspiraient à son hégémonie. Au IIe siècle avant notre ère, les Arvernes s'efforcèrent de réunir tout le pays sous leur empire. Mais ce sont les Romains qui finalement allaient donner à la Gaule cette unité vers laquelle elle tendait.
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