Les Origines de la France

Les Romains et les Gallo - Romains

L'intervention romaine en Gaule commença en 154 av. J.-C. lorsque les habitants de Massilia (Marseille) demandèrent au Sénat de Rome de les aider militairement contre les attaques des peuples ligures. Cette requête fut répétée en 126 av. J.-C. et, cette fois, l'aide militaire des Romains aboutit à la formation d'une province, la Provincia Romana, à l'origine du mot Provence, ou dite de la Gaule transalpine, dans le but d'assurer les communications entre Rome et l'Espagne. Quelques colonies romaines y furent fondées, dont Narbonne (Narbo Martius) qui devait, en 27 av. J.-C., donner son nom à la province : la Narbonnaise et Aquae Sextiae Salluviorum, la capitale, qui devint plus tard Aix-en-Provence.

 

En III av. J.-C., une masse envahissante de Barbares, composée de Cimbres et de Teutons, franchit le Rhin et arriva jusqu'aux pays du Bas-Rhône. A Aix, en 102 av. J.-C., et à Verceil l'année suivante, le consul Caius Marius remporta deux grandes victoires contre les Barbares et assura ainsi le salut de Rome et de sa province gauloise. De nouveau, en 58 av. J.-C., les Barbares tentèrent de s'emparer des terres fertiles de la Gaule ; Rome comprit enfin qu'il lui fallait soit se retirer sur les Alpes, soit s'avancer jusqu'au Rhin. C'est cette dernière solution qu'adopta Jules César, qui venait d'être élu au Consulat, forgeant ainsi, sans doute à son insu, le destin de l'Europe.


Jules césar

Il commença d'abord par repousser les Helvètes, qui s'avançaient dans la vallée de la Saône. Appelées par les Éduens, les légions romaines parurent pour la première fois en dehors des limites de la Gaule transalpine. Après la défaite des Helvètes, il fallut arrêter le chef germain, Arioviste, dans les plaines de la Haute-Alsace et le poursuivre jusqu'au Rhin.

 

Jusqu'ici, César s'était montré aux peuples gaulois comme un sauveur. C'était à leur requête qu'il avait marché contre les Barbares. Mais bientôt, on commença à apercevoir son véritable dessein, qui était d'installer définitivement ses légions de la Méditerranée à la Manche, des Pyrénées au Rhin. C'est alors que s'ouvrit la guerre des Gaules, que l'on peut diviser en deux périodes. Pendant la première, de 57 à 55 av. J.-C., César battit les Belges, réussit à venir à bout de plusieurs soulèvements partiels, traversa le Rhin et la Manche. Il semblait, en 54, que la guerre fût finie ; mais, la période, la plus difficile, allait commencer. En effet, les Gaulois avaient enfin compris que seule l'union de leurs différents peuples pourrait avoir raison de la force romaine. Sous l'impulsion de Vercingétorix le jeune roi des Arvernes, un des peuples les plus puissants de la Gaule, un soulèvement général fut déclenché. Des troupes gauloises descendirent sur la Narbonnaise et menacèrent la Provence, tandis que Vercingétorix, avec le gros de ses forces, marchait contre les légions du nord.

 

Dans la Guerre des Gaules , Jules César nous a dressé de lui un portrait étonnant où la fougue passionnée de la jeunesse s'allie à l'impitoyable autorité de l'homme de guerre.

 

« Vercingétorix, fils de Celtillos, Arverne, jeune homme qui était parmi les plus puissants du pays, dont le père avait eu l'empire de la Gaule et avait été tué par ses compatriotes parce qu'il aspirait à la royauté, convoqua ses clients et n'eut pas de peine à les enflammer. Quand on connaît son dessein, on court aux armes. Gobannitio, son oncle, et les autres chefs, qui n'étaient pas d'avis de tenter la chance de cette entreprise, l'empêchent d'agir ; on le chasse de Gergovie. Pourtant, il ne renonce point, et il enrôle dans la campagne des miséreux et des gens sans aveu. Après avoir réuni cette troupe, il convertit à sa cause tous ceux de ses compatriotes qu'il rencontre ; il les exhorte à prendre les armes pour la liberté de la Gaule ; il rassemble de grandes forces, et chasse ses adversaires qui, peu de jours avant, l'avaient chassé lui-même. Ses partisans le proclament roi. Il envoie des ambassades à tous les peuples : il les supplie de rester fidèles à la parole jurée. Il ne lui faut pas longtemps pour avoir à ses côtés les Sénons, les Parisii, les Pictons, les Cadurques, les Turons, les Aulerques, les Lémovices, les Andes et tous les autres peuples qui touchent à l'Océan. A l'unanimité, on lui confère le commandement suprême. Investi de ces pouvoirs, il exige de tous ces peuples des otages, il ordonne qu'un nombre déterminé de soldats lui soit amené sans délai, il fixe quelle quantité d'armes chaque cité doit fabriquer, et avant quelle date ; il donne un soin particulier à la cavalerie. A la plus grande activité il joint une sévérité extrême dans l'exercice du commandement ; la rigueur des châtiments rallie ceux qui hésitent. Pour une faute grave, c'est la mort par le feu ou par toutes sortes de supplices ; pour une faute légère, il fait couper les oreilles au coupable ou lui crever un œil, et il le renvoie chez lui, afin qu'il serve d'exemple et que la sévérité du châtiment subi frappe les autres de terreur. »

 

La Guerre des Gaules , Livre VII, 4 Trad. L.-A. Constans. (Éd. Les Belles Lettres.)

 

Les Français saluent en Vercingétorix leur premier héros national. Ce jeune chef, qui se montra grand homme de guerre, et qui infligea à César une défaite cuisante à Gergovie, faillit accomplir l'unité politique de la Gaule. C'était trop tard, ou trop tôt. Des défections, des jalousies empêchèrent Vercingétorix de réaliser son ambition. Après avoir, à plusieurs reprises, compromis la situation de César, il commit l'erreur d'abandonner la guerre d'escarmouches, qui lui avait si bien réussi, et de livrer une bataille rangée qui se termina par la défaite des Gaulois.


Gergovie

 

Ceux-ci, environ 80 000 hommes, se réfugièrent dans l'oppidum d' Alésia, un long plateau isolé (2 500m sur 500m de large) qui domine les vallées d'une hauteur de 170m, où César les assiégea pendant une soixantaine de jours. Une guerre d'usure s'engage alors, car César, ne pouvant emporter Alésia d'un seul assaut, décide d'affamer les Gaulois encerclés. Il fait établir autour de la place forte, et en cinq semaines seulement, un système de double fortification, véritable chef-d'œuvre de l'art militaire, tourné à la fois contre Alésia et contre l'arrière-pays. Autour de la ville, César fait construire une première fortification de 15 km de long avec vingt-trois postes fortifiés qui abritent chacun 1 600 à 1 800 hommes. Il fait creuser un fossé large de 4 m et d'égale profondeur qu'il remplit d'eau. Derrière, il construit un terrassement surmonté d'une palissade d'une hauteur de 3,50m et complète celle-ci par un parapet et des créneaux. Partout, sur les espaces de terre qui précèdent ces ouvrages, il fait planter des pieux taillés en pointes acérées et peu visibles. Tout attaquant viendra s'y empaler. Exploit extraordinaire : César a fait édifier en quelques jours une deuxième ligne de fortification, identique à la première, de vingt et un kilomètres mais établie en sens contraire. Il parvient ainsi à empêcher tout contact entre une armée gauloise de secours et la garnison de Vercingétorix.


Vercingétorix dominant le plaine

Page 10