LA
RENAISSANCE VI L’HUMANISME – LES BELLES LETTRES |
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Le retour à l'Antiquité
et à ses textes comme modèles de sagesse et de formation
d'hommes dignes de ce nom s'amorce très tôt en Italie, où
le développement d'élites urbaines enrichit la vie culturelle
et où arrivent bientôt, fuyant l'avancée des Turcs,
des réfugiés grecs porteurs de manuscrits et de traditions
exégétiques (c’est-à-dire : relatif à
l’exégèse, la science de l’interprétation
des textes) ; ces réfugiés auront pour protecteur un théologien
byzantin, le cardinal Bessarion, qui sera un fervent défenseur
de l'hellénisme en Occident. |
![]() Joos van Gent, Le Cardinal Bessarion |
![]() La Sorbonne, église et université Gravure XVIIe siècle |
Avec la redécouverte des manuscrits
grecs et latins, la multiplication des traductions - qui ouvre des champs
de lecture depuis longtemps inaccessibles -, l'apprentissage systématique
des langues anciennes allié à une exigence de pureté
grammaticale nouvelle apparaît un état d'esprit qui, sautant
par-dessus la période médiévale, désormais
jugée ignorante, vise à renouer avec une époque
prestigieuse. Le nouvel idéal se répand grâce à
l'invention de l'imprimerie, au développement définitif
des villes, à la création massive d'universités,
au développement des institutions administratives et judiciaires. |
Savoir parler, savoir penser, savoir vivre
sont conçus comme des éléments d'une même formation
et peuvent faire l'objet d'une éducation systématique, s'opposant
ainsi aux vertus nobiliaires, considérées comme innées.
Des métiers apparaissent, liés au professorat, à
l'édition, à la réflexion sur la vie en société.
Un réseau d'éditeurs-libraires et de philologues préparant
les éditions de textes s'implante dans les grandes villes, souvent
constitué en dynasties. |
![]() Presse de Gutenberg |
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Les princes protègent historiographes, juristes
et poètes, qui, en retour, contribuent à asseoir leur prestige
personnel, et par là même leur pouvoir. Les Médicis,
à Florence, jouent un rôle exemplaire : Marsile Ficin assemble
les humanistes, parmi lesquels Pietro Bembo, Ange Politien et Pic de La
Mirandole en une académie, avec la protection de Cosme de Médicis,
dont le petit-fils Laurent fonde la Bibliothèque médicéenne
; sous leur égide, Marsile Ficin traduit Platon et les platoniciens
tardifs. |
Les papes eux-mêmes encouragent toutes
sortes de recherches sur les traditions textuelles et religieuses - y
compris des audaces que les Églises locales censurent, comme à
Cologne, où le tribunal ecclésiastique veut condamner l'hébraïsant
Johannes Reuchlin, qui s'est opposé à l'autodafé
de livres juifs, alors que le pape emploie des bibliothécaires
juifs à la traduction de la kabbale. |
![]() Johannes Reuchlin |