LA RENAISSANCE VI

L’HUMANISME – LES BELLES LETTRES

L'humanisme se répand en Europe, tout d'abord en Rhénanie, de l'Allemagne à la Hollande, région la mieux pourvue en villes, riche en échanges culturels et première zone d'expansion de l'imprimerie et des foires aux livres. Le collège trilingue de Louvain est le premier de ce type. Érasme est le phare de la nouvelle culture, encore très liée à la religion : ses éditions des Pères de l'Église, ses Dialogues et ses Adages, son Éloge de la folie, ses réflexions sur le christianisme, sur la formation des princes chrétiens le posent en maître à penser de l'Europe. Une abondante correspondance le relie aux lettrés de tous les pays.

Érasme


De gauche à droite :
Boccace, l’Arioste, Dante, Pétrarque :
quatre grands humanistes italiens


L'humanisme pénètre en France grâce à la cour pontificale d'Avignon, où séjournent au XIVe siècle Pétrarque et Boccace. Déjà à la cour de Charles V, puis à celle des ducs de Bourgogne, des traducteurs ont fait redécouvrir la philosophie antique (la Politique et l'Éthique d'Aristote), l'histoire romaine (Tite-Live). Les guerres d'Italie amplifient la communication culturelle, l'impulsion décisive venant de François 1er, roi lettré, qui décide une véritable importation de professeurs et d'artistes, puis, poussé par Guillaume Budé, fonde le Collège des lecteurs royaux (le futur Collège de France), collège trilingue où seront enseignés le latin, le grec et l'hébreu.

Un sentiment de solidarité, fondé sur leur communauté d'esprit, unissait souvent ces humanistes. Beaucoup étaient en relations les uns avec les autres, même avec des savants étrangers. Ils n'étaient pas toujours d'accord. Des disputes s'élevaient. Hommes au tempérament vigoureux, prompts à la colère comme l'étaient leurs contemporains, ils s'invectivaient alors comme des chiffonniers, mais en latin bien entendu.

Guillaume Budé
Manuscrit de 1517



Ronsard, membre fondateur
de la Pléiade


Il était inévitable en effet qu'avec leur enthousiasme, l'ardeur admirable qu'ils apportaient à leurs études, ils en soient venus à se considérer comme une race à part, une élite infiniment supérieure au vulgaire. L'idée du poète inspiré des dieux et dont les louanges assurent l'immortalité aux plus grands de ce monde, même aux rois, est une idée chère aux poètes de la Pléiade. Il fallait une belle audace pour l'avancer. En tout cas, la très haute idée qu'ils se faisaient de l'activité intellectuelle, du travail de l'esprit créateur leur fait grand honneur.
Lorsqu'on pense aux humanistes de la Renaissance, on pense surtout à l'étude des langues anciennes, celle du grec en particulier, et à ce qu'on appelait alors la philologie, c'est-à-dire la critique patiente des manuscrits récemment découverts et l'édition d'ouvrages de l'antiquité. Le plus grand peut-être parmi les humanistes français, Guillaume Budé. est célèbre par ses travaux d'érudition, notamment son édition de l'Histoire de Thucydide. Henri Estienne est également connu pour ses travaux sur la langue grecque.

Guillaume Budé par Jean Clouet


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