Introduction à la civilisation chinoise :

 

TROISIÈME PARTIE :

  UNE BRÈVE HISTOIRE DE LA CHINE

Page 2

 

VII – LES HOU HAN ou HAN POSTÉRIEURS ou HAN ORIENTAUX (23 après J.-C.- 220)

 

La capitale est transférée de Changran à Luoyang dans le Henan . Guang Wudi rétablit le fonctionnement de la famille administrative et militaire, et mate les révoltes périphériques. Ses successeurs continueront son œuvre de restauration pendant un siècle.

La position chinoise en Asie centrale, momentanément ébranlée, est rétablie ; les conquêtes de Ban Chao, à la fin du 1 er  siècle après J.-C., atteignent toute la contrée qui s'étend de Tourfan à Kachgar. Ainsi, l'ordre chinois est imposé aux nomades.

Grâce au contrôle de la Route de la soie, le commerce extérieur est florissant. Les marchands répandent les idées et les manières chinoises chez les Barbares. Ceux-ci, à leur tour, font connaître le bouddhisme aux Chinois. C'est, en effet, à cette époque qu'on décèle, à la capitale et à la cour de certains princes, les premières communautés bouddhiques chinoises. La civilisation chinoise connaît une nouvelle phase d'épanouissement et de raffinement ; l'invention du papier facilite certains moyens d'expression ; l'alchimie, la médecine, la chirurgie, l'astronomie progressent. À la fin du 1 er  siècle, le luxe reprend à la Cour  ; les eunuques représentent un facteur politique important, et leur clique essaie de ruiner celle des « lettrés ».

 

En 184, la détresse des paysans aboutit, comme sous Wang Mang, à un soulèvement populaire . Celui-ci, dont les chefs se réclament de l'idéologie taoïste, est connu sous le nom de «  révolte des Turbans jaunes  ». Des généraux, rendus illustres par leurs victoires dans les guerres extérieures, se mettent d'accord pour réprimer la révolte. Trois d'entre eux se partagent l'Empire .

 

VIII – LES TROIS ROYAUMES (220-316)

 

À la fin des Han commence une période de guerre civile et de morcellement politique qui durera près de quatre siècles.

La Chine se trouve d'abord partagée en Trois Royaumes (Sanguo) : Wei, Shu Han et Wu.

 

 

220 : le prince Cao Pei règne sur les provinces du Nord , rassemblées dans le royaume de Wei , dont la capitale est Luoyang dans le Henan. Ce royaume disparaîtra en 265 .

 

221 : le prince Liu Bei, un prince Han, fonde le royaume de Shu Han , dans le Sichuan, avec pour capitale Chengdu . Ce royaume disparaîtra en 263 .

 

222 : le prince Sun Quan fonde le royaume de Wu qui contrôle les provinces du Sud et dont la capitale est à Wuchang (Hubei), puis à Jiankong (aujourd'hui Nankin , Jiangsu). Ce royaume disparaîtra en 280 .

 

265 : le prince Sima Yan, du royaume de Wei, fonde une nouvelle dynastie, celle des Xi Jin .

 

280 : l'unité nominale de la Chine est rétablie par la dynastie des Xi Jin . La capitale est à Luoyang. Faible politiquement, cette dynastie n'en est pas moins une époque intéressante pour les lettres et les arts. Mais bientôt commencent les grandes invasions. Les Barbares fondent dans la Chine du Nord et de l'Ouest des royaumes véritables .

 

308 : un des chefs des Xiongnu méridionaux se proclame empereur . (À l'époque des Trois Royaumes, les Xiongnu méridionaux, refoulés au sud par les Xianbei, peuple protomongol qui avait occupé la Mongolie extérieure, s'étaient établis à l'intérieur de la grande boucle du fleuve Jaune, puis dans le nord du Shanxi.)

 

311 : l'empereur Xi Jin est fait prisonnier. La maison impériale se réfugie dans le Sud : pendant trois siècles, Nankin (Nanjing) est capitale de l'Empire, qui est réduit à la Chine du Sud . Ainsi ce pays de sinisation [1] relativement récente devient le principal foyer de la civilisation chinoise, le vieux pays du Nord étant périodiquement submergé par des hordes barbares, vite absorbées il est vrai.

 

 

IX – LES SIX DYNASTIES (316-581)

 

316 : Luoyang est prise, ainsi que Changran, par un Xiongnu sinisé du Shanxi. Les Xiongnu domineront le nord de la Chine jusqu'en 352.

 

349 : les tribus Xianbei déferlent sur le nord de la Chine , qu'elles domineront jusqu'en 507 . Ces tribus sont d'origine turque-toungouse. Elles sont plus connues sous le nom de Tabghatch ou Toba . Elles fondent le royaume de Bei Wei .

 

386 : la dynastie Bei Wei (ou Wei du Nord) installe sa capitale à Changran . Cette dynastie est célèbre dans l'histoire de la Chine par la culture bouddhique qu'elle a instaurée et qui a laissé les sanctuaires rupestres de Yungang et Longmen.

 

399 : voyage du premier pèlerin chinois Fa Xian vers l'Inde bouddhique.

 

420 : dans le sud de la Chine , la dynastie Xi Jin est remplacée par une dynastie Song, qui règne à Nankin jusqu'en 479, date à laquelle les Qi la remplacent .

 

502 : les Liang renversent les Qi. Les Liang, protecteurs du bouddhisme, en font une religion d'État sous le règne de Liang Wudi .

 

577 : les Chen renversent les Liang et règnent à Nanjing jusqu'en 589 . Entre-temps, au nord, la dynastie Wei s'est effondrée et, pendant la seconde moitié du VIe siècle de petits royaumes se disputent pour asseoir leur autorité.

 

X – LES SUI (581-618)

 

581 : la famille Yang remporte l'avantage et fonde la dynastie des Sui, dont la capitale est soit à Changran, soit à Luoyang .

 

 

589 : les Sui refont l'unité de l'Empire en annexant les royaumes du Sud. Puis l'empereur Wendi se tourne contre la nouvelle puissance turque apparue en haute Asie . Deux empires turcs se sont constitués au VIe siècle : l'empire des Turcs orientaux, avec pour centre Karakorum, sur le haut Orkhon ; celui des Turcs occidentaux dans la région de l'Ili et dans le Turkestan occidental. Les Sui profitent des discordes entre les deux États pour rétablir la suprématie chinoise en Asie centrale .

 

605 : Yangdi (605-616), fils et successeur de Wendi, fait creuser le Grand Canal . Il mesure 1 782 km et relie Pékin à Hangzhou, capitale du Zhejiang. Il communique avec les grands cours d'eau du pays, comme le Huang he et le Yang-tseu-kiang.

611 : soulèvement populaire de Wang Pu.

 

615 : les armées chinoises sont défaites en Corée. Les Tujue attaquent le nord de la Chine. L 'empereur est fait prisonnier.

 

617 : la famille Li s'installe à Changran.

 

 

XI – LES TANG (618-907)

 

618 : Li Yuan (dont le nom d'empereur est Gaozu) fonde l'empire des Tang .

 

627 : son fils Li Shimin (ou Taizong), qui l'a aidé à prendre le pouvoir grâce à son génie militaire, lui succède. Pendant près de deux siècles, la Chine va connaître puissance et prospérité. La population semble atteindre alors le chiffre de 50 millions. La capitale abrite par moments 2 millions d'individus .

Le luxe et le raffinement des mœurs atteignent leur apogée aussi bien à Changran qu'à la capitale secondaire Luoyang. Ce n'est plus une disgrâce, désormais, pour un fonctionnaire, d'être envoyé dans la région du Yangzi : les grandes villes du Sud ont pris une grande importance économique et culturelle. Le commerce, surtout celui du thé, est florissant.

L'invention de l'imprimerie date de la fin des Tang . Le bouddhisme, quelque temps suspect, est réhabilité en grande partie grâce au moine pèlerin Xuan Zang, qui voyage en Inde en 629 . On assiste à l'essor d'une économie monétaire. Les impôts sont prélevés en monnaie et non plus en nature ; les commerçants organisent des banques et utilisent un genre de lettre de change, première forme de monnaie fiduciaire. En 629-630, les armées chinoises écartent pour longtemps les menaces qui viennent des steppes du Nord.

 

649 : Taizong meurt, après un des règnes les plus glorieux de l'histoire chinoise .

 

650 : son fils Gaozong lui succède .

 

658-659 : expéditions militaires vers la Corée.

 

683 : mort de Gaozong ; l'impératrice Wu Zetian devient la maîtresse absolue de l'Empire et fonde la dynastie des Zhou .

 

705 : mort de l'impératrice ; fin de sa dynastie .

 

712 : Xuanzong monte sur le trône. Son règne de près d'un demi-siècle sera celui des arts et des lettres . La xylographie, l'art de graver sur le bois, est inventée . Les grands poètes Du Fu, Li Bo, Han Yu ou Bo Juyi fréquentent la cour impériale. Xuanzong tentera de reprendre la politique d'expansion de Taizong, qui avait écrasé les Turcs, rétabli le protectorat chinois sur le bassin du Tarim, et avait permis à la civilisation chinoise d'atteindre les confins indo-iraniens. La tribu turque des Ouïgours, qui s'arroge l'empire de Mongolie au milieu du VIIIe siècle deviendra par la suite une alliée fidèle de la dynastie des Tang .

 

715 : l'armée chinoise vient au secours des rois de Fergana, de Samarkand, de Bactriane menacés par la conquête arabe qui poursuit sa marche vers l'est.

 

728 : l'empereur doit intervenir contre les Lolos [2], qui menacent de faire sécession au Yunnan.

 

747-750 : expéditions chinoises contre les Tibétains.

 

751 : les Arabes défont l'armée chinoise sur les bords du Talas ; victoire des Lolos contre l'occupant chinois.

 

754 : le royaume de Nanzhao (fondé par les Lolos) se révolte et se détache de l'Empire ; il menacera par la suite le Sichuan et le Tonkin, et prendra le nom de Dali au Xe siècle.

 

755 : le règne de Xuanzong s'achève avec la révolte de An Lushan, gouverneur de la région de Pékin et protégé de la favorite de l'empereur, Yang Guifei. An Lushan veut sauver l'Empire qui vient d'essuyer de nombreux revers militaires ; Xuanzong s'enfuit au Sichuan .

 

763 : la révolte d'An Lushan est écrasée lorsque celui-ci est assassiné par son propre fils . Mais la puissance de la dynastie des Tang, dès lors, va s'affaiblissant. Ces huit années de guerre civile ont provoqué un appauvrissement démographique, accompagné d'une très grave crise économique et sociale . Pour remplir le trésor de l'État vidé par la guerre civile, l'État écrasera les paysans d'impôts, de corvées, de levées de milice toujours plus considérables. Endettés, les paysans vendent leurs terres aux grands propriétaires, dont ils deviennent pratiquement les serfs. Au lieu de paysans aisés, la Chine ne possède plus qu'une sorte de prolétariat agricole . À la fin du VIIIe siècle les familles de propriétaires ne représentent plus que 5 % de la population . L'État confisque aussi une partie des biens des marchands. Les prélèvements fiscaux sont si brutaux qu'ils provoquent des émeutes.

 

841 : premières persécutions des bouddhistes.

 

874 : un soulèvement paysan éclate mené par Huang Chao et Wang Xianzhi.

 

881 : Huang Chao s'empare de Changran ; l'empereur s'enfuit de nouveau vers le Sichuan. La dynastie Tang s'effondre ; le dernier empereur Tang sera détrôné en 907 . Les princes féodaux retrouvent leurs fiefs. Pendant un demi-siècle, le monde chinois retombe dans l'anarchie .

 

 

XII – LES CINQ DYNASTIES ou WU DAI (907-978)

 

De 907 à 960, l'espace chinois est une fois de plus partagé. Cinq familles chinoises ou turques prennent successivement le pouvoir dans le Nord .

 

907 : au nord, les Liang postérieurs (Hou Liang) installent leur capitale à Bianzhou (aujourd'hui Kaifeng) dans le Henan.

923 : fin des Liang. À la même période, les Jin installent leur capitale à Taiyuan.

 

937 : fin du royaume de Wu Tang installé dans l'Ouest et le Sud depuis 902. La même année le royaume de Nan Tang, dont les princes seront de grands poètes, lui succède.

 

939 : fondation du royaume du Viêt Nam libéré de la tutelle chinoise .

 

944 : fin du royaume de Min dans le Fujian après dix-huit années d'existence.

 

959 : après un demi-siècle environ, les princes de Zhou installés au Hunan disparaissent de la scène politique.

 

965 : fin de la domination du Sichuan par les princes Shu.

 

978 : le royaume de Wu Yue, qui domine la région de Hangzhou, disparaît.

 

XIII – LES SONG (960-1279)

En 960, un homme du Nord, Zhao Guangyin, a réussi à reconstituer l'unité et fondé la dynastie des Song. Il monte sur le trône par un pronunciamiento [3] militaire à Kaifeng.

Puis il conquiert de 963 à 979 les autres royaumes chinois, sauf le royaume Kitan de Pékin, met fin au régime des coups d'État militaires et restaure l'« Empire civil » .

 

Les valeurs traditionnelles sont remises à l'honneur. Le système des examens publics destinés au recrutement du personnel administratif est rétabli et comprend désormais trois « matières » principales : style administratif, narration et poésie. Les lettrés sont répartis par province et les plus éminents reçoivent de hautes charges.

Ils sont divisés dans une lutte politique sans précédent, née de la crise agraire du IXe siècle, devenue permanente au XIe siècle. Le mandarinat conservateur, champion de la politique du laisser-faire, est favorable à la grande propriété et aux intérêts privés. Les novateurs radicaux visent à enrichir l'État en aidant le peuple à produire davantage.

À cette période de stabilité politique correspond une période d'inventions techniques et scientifiques, dont la Chine est fertile sous les règnes des grands empereurs : premier emploi de la poudre à canon à des fins militaires et invention de la boussole (vers 1000) ; débuts de l'utilisation du caractère mobile pour l'imprimerie (1041) ; première horloge hydraulique (clepsydre) à échappement inventée à Kaifeng (1088) ; premiers bateaux à pédaliers à roues (début du XIIe siècle) . Cette longue période d'inventions correspond au moment ou les « novateurs » dirigés par Wang Anshi sont au pouvoir (1021-1086). Celui-ci supprime la corvée et la remplace par l'impôt personnel .

Le régime de la propriété foncière demeurant celui des latifundia [4], ces réformes audacieuses sont purement fiscales, sans aucun caractère « social ». Pourtant, dans un pays dont le centre de gravité continue depuis le VIIIe siècle à se déplacer vers le sud-est, elles coïncident avec un essor très net du commerce (surtout celui du thé) .

 

1101 : Huizong devient empereur de Chine . C'est à partir de son règne que la Chine des Song se préoccupe de politique extérieure . En effet, les Song n'ont pas jusqu'alors renouvelé en Asie les conquêtes des grands empereurs des Han ou des Tang. Ne possèdent-ils pas déjà toute la Chine historique, à l'exception de la région de Pékin, des Ordos, du Gansu et de Datong, alors aux mains de tribus barbares ?

 

1122 : prise de Yandu (aujourd'hui Pékin) par les Jürchen de Mandchourie , ex-alliés des Song dans la lutte contre les Kitan.

 

1126 : les Jürchen, qui ont fondé la dynastie Jin en 1115, règnent sur le nord de la Chine .

1127 : les Chinois reculent devant l'avance des Barbares venus du Nord et abandonnent tout le territoire au nord du fleuve Huai. La capitale est transférée à Linran (aujourd'hui Hangzhou). C'est le début de la dynastie des Song du Sud ou méridionaux (Nan Song), qui continue celle des Song du Nord et dont le premier empereur est Gaozong (1127-1162).

 

 

1167 : naissance de Gengis Khan en Mongolie .

 

1195 : Ningzong , dernier souverain Song à avoir un règne paisible, devient empereur. Il le restera jusqu'en 1224.

 

1206 : Gengis Khan est le chef de toutes les tribus turco-mongoles .

 

1215 : Gengis Khan s'empare de Zhongdu (aujourd'hui Pékin) , la dynastie Jin s'effondre partiellement.

 

1226 : après avoir mené ses conquêtes vers la Perse et l'Asie centrale, Gengis Khan repart en campagne contre la Chine. Il meurt en 1227.

 

1233 : le royaume des Barbares Xixia (Ordos, Gansu et marches occidentales) tombe aux mains des successeurs de Gengis Khan.

 

1234 : Kaifeng, la capitale des Nan Song, tombe aux mains des armées mongoles. La même année, l'empire Jin disparaît .

 

1258 : les Song reculent devant les armées des Mongols, et déplacent leur capitale à Linran, dans le Zhejiang.

 

1275 : premier voyage de Marco Polo à la cour de Kubilay Khan, à Khanbalik (l'actuel Pékin) .

 

1276 : Kubilay Khan s'empare de la capitale des Song, Linran .

 

1279 : fin de l'empire des Song.

 

 

XIV – LES YUAN (Mongols) (1280-1368)

 

En 1280, Kubilay Khan, un des petits-fils de Gengis Khan, fondateur de la dynastie des Yuan, se fait proclamer empereur de Chine . La capitale est Khanbalik (Pékin) .

 

Cette époque présente l'image grandiose d'un libre-échange commercial s'étendant depuis l'Europe orientale jusqu'au Pacifique. Mais, après tant de dévastations, l'état du pays est pitoyable. La population est tombée de 100 millions à 60 millions . Kubilay fait remettre en état les routes impériales ; il étend à la Chine le système de la poste mongole, à laquelle 200 000 chevaux sont affectés .

Le Grand Canal est créé avec le tracé qui existe encore aujourd'hui. Le système Song de « prévoyance d'État » et de « greniers régulateurs » est remis en vigueur. Malheureusement, l'administration financière est très défectueuse. L'inflation et les dévaluations perpétuelles rendent le régime mongol impopulaire dans les parties les plus commerçantes de la Chine. Le papier-monnaie apparaît . Le néo-confucianisme devient idéologie officielle de l'État. Les lettrés écrivent en langue vulgaire. Les premiers romans populaires apparaissent et le théâtre se développe , avec Ma Zhiyuan et Guan Hanqing. Dans sa législation officielle (le Code des Yuan), la dynastie mongole se préoccupe d'améliorer la situation des esclaves, des ouvriers agricoles et des fermiers, mais elle ne sait pas éviter une marche continue vers le paupérisme. Un pourcentage considérable de la population meurt de faim .

 

1292 : deuxième voyage de Marco Polo au royaume du Grand Mongol .

 

1325 : premiers soulèvements populaires à caractère social, dirigés contre les riches Mongols et Chinois . Mais, bientôt, les Mongols, en voie d'absorption par la masse indigène, ayant renforcé les lois raciales, ces mouvements prennent un caractère national.

 

1351 : le fleuve Jaune déborde, des régions entières sont inondées, et la famine sévit . Éclate la révolte des «  Turbans rouges  », et les représentants des classes privilégiées font cause commune avec les révoltés.

 

1368 : profitant des troubles, un paysan, Zhu Yuanzhang, s'empare du pouvoir ; la dynastie des Yuan s'effondre.

 

 

XV – LES MING (1368-1644)

 

1368-1398 : Zhu Yuanzhang règne sous le nom de Hongwu. La capitale est à Nankin .

 

1403-1424 : règne de Yongle, qui établit sa capitale à Pékin en 1409 .

Ce règne est le plus fastueux de l'époque Ming . Yongle fait construire à Pékin la plupart des palais que l'on peut encore admirer aujourd'hui. Sous les premiers Ming, la Chine connaît de nouveau un grand essor . Les empereurs font établir un cadastre. On restaure les travaux d'irrigation, on distribue gratuitement des bœufs de labour et des outils, on organise un système de greniers publics (réserves en cas de mauvaises récoltes), ainsi qu'un système de « champs militaires » attribués à des soldats et susceptibles de subvenir ainsi à leurs propres besoins ; on décrète en 1394 la culture obligatoire du coton . Toutes ces mesures amènent une reprise de l'agriculture .

 

Par ailleurs naît une nouvelle classe sociale qui correspond dans une certaine mesure à la bourgeoisie en Europe .

La population s'étant accrue, l'Administration a besoin de plus de fonctionnaires et leur caste s'augmente de gens qui n'appartiennent pas à l'aristocratie terrienne. Le peuple ne bénéficie pas de cette apparente démocratisation. Les nouveaux venus, pour payer leurs dettes et s'enrichir, sont amenés à pressurer les petites gens, en augmentant les sommes dues pour les impôts qu'ils sont chargés de percevoir.

Humiliée par les souverains de la précédente dynastie, la Chine devient xénophobe. C'est sous les Ming que commence, dans l'Est et dans le Sud, la piraterie japonaise, véritable fléau qui ne cessera qu'à la fin du XVe siècle quand des troubles intérieurs se produiront au Japon. Puis, vers la fin de la dynastie apparaissent les Européens .

 

1514 : les Portugais arrivent les premiers. Quelques années plus tard, ils sont autorisés à fonder à Macao un établissement qui gardera un caractère essentiellement commercial .

 

1573 : Wanli , dont le règne est marqué par des luttes de factions au sein même de la Cour , menées notamment par les eunuques alors tout-puissants, est le premier empereur chinois à autoriser les missions étrangères en Chine .

 

1582 : le jésuite Matteo Ricci débarque en Chine. Il apporte à la Cour des connaissances astronomiques, ce qui lui permet d'exercer son apostolat sans être inquiété .

 

1620 : fin du règne de Wanli. La dynastie Ming touche à sa fin . En effet, intervenant comme médiateurs dans les luttes entre différentes tribus toungouses (une population de l'Asie orientale), les Chinois permettent à celles-ci de créer à la fin du XVIe siècle une ligue de tribus des « Mandchous », qui vont conquérir la Chine et la gouverner pendant plus de trois siècles .

 

1625 : les premiers rois mandchous établissent leur capitale à Moukden (aujourd'hui Shenyang) ; leur royaume devient une redoutable menace pour l'empire des Ming , une fois conquise la Mandchourie méridionale. En vue de s'emparer du trône impérial, ils initient l'aristocratie mandchoue à la civilisation chinoise.

 

1637 : rédaction du traité de technologie Tiangong kaiwu. [5]

 

 

XVI – LES QING (jusqu'en 1840)

1644 : les Mandchous sont appelés à l'aide par un général chinois pour soumettre un chef de bande révolté (Li Zicheng). Ayant chassé celui-ci de Pékin, les généraux mandchous refusent de quitter la capitale chinoise . Or le dernier roi mandchou vient de mourir à Moukden. Shunzhi, son fils, est choisi comme empereur et est installé sur le trône à Pékin, fondant la dynastie des Qing . Dans les postes importants, les fonctionnaires chinois sont doublés par des fonctionnaires mandchous.

1659 : le changement de régime se fait aisément ; toute la Chine reconnaît la dynastie mandchoue. Pendant 150 ans la Chine va connaître une période d'expansion qui sera suivie d'une longue période de décadence.

 

1661 : mort de Shunzhi .

 

1662 : début du règne de Kangxi, empereur lettré par excellence, rendu surtout célèbre par son dictionnaire. Son règne est un des plus longs de l'histoire chinoise. Il favorise, comme son père, les missionnaires occidentaux, en particulier les jésuites . À cette époque, on peut dire que la Chine se trouve techniquement à égalité avec l'Europe.

 

1673 : la jeune dynastie mandchoue est mise en danger par une révolte qui sévit pendant quatre ans en Chine méridionale, notamment au Fujian et au Guangdong.

 

1681 : les Qing occupent le Yunnan.

 

1683 : annexion de Taïwan . La Chine du Sud, qui a bénéficié jusque-là d'un régime exceptionnellement favorable, connaît les rigueurs de l'annexion militaire.

 

1689 : signature du traité de Nertchinsk, entre les Russes et les Chinois, qui délimite dans un sens favorable à la Chine la frontière sur le fleuve Amour . Kangxi avait parmi ses conseillers diplomatiques un jésuite français. C'est sous son règne, en effet, que les jésuites joueront un rôle prépondérant à la cour de Pékin.

 

1696 : au nord, après la défaite des tribus de la Mongolie intérieure, pour éviter qu'un nouvel empire mongol ne se constitue aux portes de la Chine , Kangxi impose militairement le protectorat chinois sur toute la Mongolie. Kangxi a aussi envoyé un premier corps expéditionnaire au Tibet, mais celui-ci a échoué. Ce n'est qu'en 1720 que l'armée impériale entrera victorieuse à Lhassa .

 

1707 : sur les conseils des jésuites, Kangxi fait entreprendre un relevé cartographique complet de la Chine , qui sera achevé dix ans plus tard .

 

1715 : la Chine se ferme à la foi chrétienne, mais les missionnaires continuent d'être accueillis à la Cour. En effet, le Vatican condamne l'adoption des rites chinois par les jésuites et donne raison aux dominicains.

 

1722 : fin du brillant règne de Kangxi.

____________

 

[1] Fait, pour la culture chinoise, de s'imposer dans d'autres pays que la Chine.

[2] Peuple du sud-ouest de la Chine (sud du Sichuan, ensemble du Yunnan et nord-ouest du Guizhou), du Viêt Nam ( Cao Bang , Ha Tuyen, etc.) et du Laos.

[3] Terme espagnol désignant un coup d'Etat perpétré par les militaires.

[4] Domaine agricole très étendu et souvent sous-exploité.

[5] L'ouvrage se présente sous la forme de trois livrets, le premier regroupe les thèmes ayant trait à l'agriculture, le deuxième s'intéresse principalement à l'artisanat courant, tandis que le troisième concerne l'artisanat des matières précieuses. L'ensemble des chapitres est accompagné de nombreuses illustrations. L'auteur Song Yingxing entend donner à ceux qui le désirent une connaissance du monde réel et de son exploitation par l'homme. Il dit, dans la préface, vouloir s'appuyer sur des observations et, même s'il est avéré que certains passages sont empruntés à d'autres ouvrages, il semble que d'autres extraits soient véritablement le fruit d'enquêtes. Les données économiques et géographiques sont importantes, ce qui fait du Tiangong kaiwu un ouvrage encyclopédique où tous les aspects de la production d'une marchandise sont évoqués.

 

____________

 

Page 2

Retour Civilisation Chinoise