XX - POMPÉI VILLE COMMERCIALE 1°) Les commerçants Il nous est difficile d'imaginer, à la vue des rues aujourd'hui désertes de Pompéi, que marins et marchands étrangers ont jadis animé cette cité portuaire. Car Pompéi était depuis six cents ans le centre commercial de la Campanie du Sud. Les habitants des cités de l'intérieur y apportaient leurs produits. Les colporteurs et escrocs de tout poil avaient l'habitude de venir dans l'espoir de gains rapides. Cet afflux d'étrangers se reflète dans le nombre incroyable de tavernes, de cabarets et autres boutiques qui bordent les rues de Pompéi. Leur nombre dépassait largement ce qui était nécessaire à une petite cité de huit à dix mille habitants. Pratiquement chaque insula comporte un ou plusieurs cabarets (thermopolia). Rien que pour l'insula 6 et ses rues environnantes, on décompte cinq cabarets et deux tavernes. 2°) Une rue animée L'image ci-dessous représente une portion de la voie de l'Abondance (Région XI, insula 7), la rue principale de Pompéi, qui longe le nord de l'insula 6. Un artisan bronzier, une foulonnerie (lieu où l’on pratique le foulage: action de resserrer les fibres d'un tissu pour lui donner de l'épaisseur et du moelleux), un cabaret-restaurant, un quincailles et trois boutiques, d'usage indéterminé, ont leur devanture dans cette rue. Les boutiques ci-dessous appartiennent à la Région XI, insula 7, dont seules les façades ont été dégagées. De droite à gauche, nous avons successivement : une auberge avec thermopolium au rez-de-chaussée et des chambres à louer à l'étage. Tous les ustensiles présents sur l'image ont réellement été trouvés sur le comptoir. L'auberge appartenait à une femme du nom d'Asellina. Un peu plus loin se dresse une niche réservée à des divinités représentées en peinture. On les trouve dans tout Pompéi. Des sacrifices quotidiens leur étaient offerts sur le petit autel. Une fontaine fait face à cette niche. Ci-dessus la voie de l'Abondance: boutiques de la Région XI, insula 7. L'insula 6 (Région I) lui fait face. Une fabrique de feutre se tient juste après la ruelle. Les portraits de quatre divinités sont peints au-dessus de la porte. Celui de gauche représente Vénus, protectrice de la cité. L'industrie textile (teinturier, tisserand) occupait sans doute une grande partie des locaux commerciaux de ce quartier. La laverie et ses foulons du 7 (insula 6) devaient en faire partie. Des esclaves géraient habituellement ces boutiques et ces ateliers dirigés par des affranchis. XXI - LES BOUTIQUES 1°) Le centre commercial de Pompéi Cœur politique de la cité, le forum était aussi le principal centre commercial et judiciaire de Pompéi. Ces trois activités - commerciale, judiciaire et politique - y étaient indissociables. Sur le côté occidental du forum se dressait la basilique, une sorte de tribunal civil et commercial. De nombreux petits commerçants dressaient leur étal à l'extérieur, sous la colonnade. Le principal marché de la cité, lui, se tenait à l'opposé, au nord-est du forum. Il se composait d'une cour intérieure rectangulaire réservée à la vente des poissons, et de boutiques disposées sur les cotes. 2°) La rue et ses magasins Les boutiques ne se localisaient pas uniquement au forum. On les trouvait partout, pratiquement dans chaque rue, voire le long des édifices fréquentés journellement par le public, comme les thermes (voir plus loin).
XXII - CABARETS ET TAVERNES
Elle l'ignore, mais il tente de l'apitoyer. » Et Successus en colère de répliquer : « Jaloux ! (succession de jurons) N'essaies-tu pas de supplanter quelqu'un de mieux doté que toi sur le plan de la beauté et du savoir-faire avec les femmes ? » Le dernier mot appartiendra cependant à Severus : « J'ai dit et j'ai écrit : tu aimes Iris, mais elle ne t'aime pas. Severus pour Successus. » Ci-dessus cabaret-restaurant attaché à la maison de Julia Felix (Région II, insula 4, n° 7). Les tables et les sièges sont en pierre. Les clients pouvaient manger couchés ou assis. 3°) Les tavernes
2°) L'intérieur d'une boulangerie : le moulin Le moulin est le premier élément qui frappe en entrant dans une boulangerie. La hauteur des meules en lave grise varie entre 1,50 et 1,70 mètre. Leur taille est inférieure à celles représentées sur la sculpture ci-contre. Celles de Pompéi étaient mues par des ânes. Le schéma permet de mieux comprendre leur fonctionnement. La moitié supérieure de la meule tournait sur un cône fixe en forme de cloche. On versait le blé en B et on recueillait la farine dans une rigole en C. Des dalles de lave pavaient le sol entourant le moulin, là où circulaient les ânes attelés à un joug. 3°) L'intérieur d'une boulangerie : le four
XXIV - LES FOULONS 1°) La laverie de Stephanus La laverie de l'insula 6 (n° 7) était en fait une foulonnerie ou fullonica. Sa principale activité : apprêter les étoffes en laine. La fullonica de Stephanus était une ancienne habitadon. Les différentes chambres à coucher, l'atrium à toit plat (le seul de Pompéi) et le tablinum sont facilement reconnaissables. L'impluvium a été transformé en une grande cuve. Le mur séparant l'entrée d'une des chambres de la façade a été abattu. Les vantaux (les battants d'une porte) de l'entrée étaient encore fermés à clé lorsque le bâtiment fut dégagé en 1911. Seule une porte située sur le côté était ouverte. On découvrit derrière les vantaux le corps d'une personne serrant contre elle une bourse contenant 1 089 sesterces et 2 as. Était-ce la dernière recette de la fullonica ? Ou les économies d'un fuyard qui se réfugia derrière la porte et mourut là ? 2°) La foulonnerie et son cycle Ce dernier était très complexe. Aussi, pour mieux le comprendre, regardons le dessin reconstituant ci-dessous les ateliers. On recherchait d'abord attentivement les défauts du tissu. Ceux-ci supprimés, on enlevait la peluche. Puis on raidissait l'étoffe en la trempant dans de l'urine recueillie dans un seau situé dehors prés de la porte. Des seaux identiques étaient placés à l'angle des rues. On priait les passants de les remplir. L'empereur Vespasien (69-79 apr. J.-C.) établira un impôt sur ces urinoirs publics, d'où leur nom de vespasiennes. Le tissu était ensuite dégraissé avec de l'argile ou un autre détergent. On foulait aux pieds les tissus dans des récipients visibles au fond de la fullonica à côté des grandes cuves A, B et C. Ci-dessus : La fullonica de Stephanus (reconstitution):
L'étoffe était ensuite battue, pour resserrer la trame derrière, avant d'être relavée dans les grands bassins du fond. L'eau s'écoulait de A en B et C. Les tissus étaient lavés en B et C, avant d'être rincés en A dont l'eau était pure. Une fois séché, le drap était peigné dans l'ancien tablinum (4) afin de démêler les poils enchevêtrés de la surface. Ceux-ci étaient tondus régulièrement dans la pièce 5. On portait ensuite les draps sur les toits en terrasse pour les blanchir au soufre. On les étendait sur une cage semi-ovale à l'intérieur de laquelle était placé un réchaud contenant du soufre allumé. Le soufrage terminé, les tissus étaient passés à la presse dans la pièce 1.
____________ |